Elle est une des femmes auxquelles Michel Onfray rend hommage dans son ouvrage paru en mai 2016 : La Force du sexe faible. Contre-histoire de la Révolution Française. Comme Olympe de Gouges, Charlotte Corday ou Mme Roland, elle fut une des premières féministes, et surtout l’une des nombreuses humanistes, de cette période troublée et sanglante de notre histoire. Fille spirituelle de Plutarque et de Condorcet, elle joua un rôle important pour donner à la Révolution un visage humain. Portrait de la « belle Liégeoise ».

Elle naît Anne-Josèphe Terwagne en 1762, à Marcourt. Campagne de Liège. Aujourd’hui, elle serait Belge. Famille de paysans aisés. Mais très vite la catastrophe s’abat sur elle : orpheline de mère, elle devient le souffre douleur d’une belle mère acariâtre. Cendrillon dans un Siècle des Lumières. De couvent en parent maltraitant, de l’opulence originelle à la misère qui fait son lit, la jeune Terwagne doit son salut à une famille anglaise de passage, qui l’embauche comme dame de compagnie pour les enfants. Elle apprend alors à lire, à écrire, à chanter, à jouer du piano. Elle rencontre un jeune officier anglais. Cendrillon semble vivre son conte de fée.
Sauf que le jeune officier anglais l’emmène à Paris et lui montre son univers familier : celui du libertinage. Le XVIIIème siècle est aussi celui de Sade… Enfant maltraitée, elle devient objet sexuel. Y prend goût ? Elle attrape la syphilis. Et cette maladie la fera souffrir jusqu’à la mort. En passant par la folie.
Pour l’heure, elle prend un traitement à base de mercure qui la fait horriblement souffrir, mais qui éloigne encore la démence. C’est à Paris qu’elle devient Théroigne de Méricourt. C’est la presse royaliste qui l’appelle de cette façon : en l’affublant d’une particule, elle veut la faire passer pour une traîtresse à la cause du roi et comme une ennemie du peuple. Elle loue un logement à Versailles pour suivre les délibérations de l’Assemblée. Elle s’intéresse à l’élaboration de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Elle assiste aux débats entre députés. Elle reçoit chez elle Desmoulins, Sieyès, Brissot. Elle fonde en janvier 1790 la Société des amis de la Loi. Dans ce club, ils sont nombreux, les « think tanks » de l’époque, on propose des idées neuves pour réformer cette société sclérosée aux finances proches de la banqueroute, où la noblesse gaspille et où le peuple meurt de faim. Abrogation de la loi contraignant à payer pour être élu député, citoyenneté entière pour les juifs, « pour les musulmans et les hommes de toutes les sectes », liberté de la presse, égalité entre hommes et femmes. Révolutionnaire, non ?!

Ce club-là est dissout. Qu’à cela ne tienne, elle en fonde un autre : le club des Droits de l’Homme. Homme au sens d’être humain bien sûr. Les valeurs défendues ? Fraternité, justice, bonnes mœurs, vertu, défense des faibles par l’éducation. Hugo n’a rien inventé…
Théroigne attise les haines. À droite, la haine des ultra royalistes. À gauche, la haine des Montagnards, qui se révèleront d’ultra révolutionnaires sanguinaires. Les Montagnards accoucheront d’un monstre : la Terreur robespierriste. Elle continue son combat pacifiste. Elle fait sienne les idées de Condorcet : abolition de l’esclavage, abolition de la peine de mort, y compris celle du roi, égalité des droits entre hommes et femmes. Ces idées sont diffusées largement par les travaux d’un club mixte qui voit le jour en 1791 : la Société fraternelle des deux sexes. Théroigne en fait évidemment partie.
Fatiguée des attaques continuelles, elle se réfugie un temps en Belgique, sa terre natale, et y exporte les idées neuves de la Révolution. Elle se plonge à nouveau dans la lecture des philosophes antiques. Retour aux sources encore. Considérée comme une complotiste par les ennemis royalistes, elle est arrêtée et incarcérée dans une prison autrichienne. Elle y reste une année entière. Elle y découvre les textes de Rousseau.
De retour en France, celle que la presse royaliste surnomme la « charogne ambulante » est accueillie chaleureusement par les Girondins, les modérés de la Révolution. Ils l’invitent d’ailleurs à témoigner de son aventure à la tribune de l’Assemblée le 1er février 1792. Le procureur de la Commune dit d’elle :
Vous venez d’entendre une des premières amazones de la liberté. Elle a été martyre de la Constitution.
Brissot, leader de la frange girondine, parle d’elle comme d « une amie de la liberté ». Forte de ce soutien, elle crée des légions d’amazones, des phalanges féminines. Elle harangue les citoyennes, elle parle de
progrès des Lumières qui vous invitent à réfléchir (…) il faut prendre pour arbitre la raison(…) Il est temps que les femmes sortent de leur honteuse nullité, où l’ignorance, l’orgueil, et l’injustice des hommes les tiennent asservies depuis si longtemps (…) Nous aussi nous voulons mériter une couronne civique, et briguer l’honneur de mourir pour une liberté qui nous est peut-être plus chère qu’à eux, puisque les effets du despotisme s’appesantissent encore plus sur nos têtes que sur les leurs.
Quelle audace ! Quelle témérité ! Quels risques pris aussi dans une Révolution qui prend un tournant résolument machiste et terroriste…. Fessée publique. Insultes de plus en plus violentes dans les journaux hostiles à son action. Notamment de la part de François Suleau, journaliste aux Actes des Apôtres… Celui-ci finit mal : pris à partie et assassiné par une foule populaire animée de vengeance. Théroigne est dans cette foule. Elle ne tue pas. La violence est contre nature pour elle. Mais il n’en faut pas plus pour qu’elle soit arrêtée.

Elle n’est pas guillotinée. Elle est enfermée dans un asile, après avoir été déclarée folle… Sans traitement contre la syphilis, qu’elle porte en elle depuis sa jeunesse, folle elle le devient effectivement… Elle passe 23 années de sa vie dans une cellule… Quelle étrange fin pour cette passionnée de la raison…
Ses paroles comme un testament :
Citoyens, arrêtons-nous et réfléchissons, ou nous sommes perdus. Le moment est enfin arrivé où l’intérêt de tous veut que nous nous réunissions, que nous fassions le sacrifice de nos haines et de nos passions pour le salut public.
Très intéressant ! Quel destin ! Merci de me l’avoir fait connaître.
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Une biographie très approximative, qui comporte de nombreuse erreurs. Quelques lectures (sérieuses) sur Théroigne aurait évité d’écrire les énormités contenues dans cet article.
L’Histoire n’est pas une discipline qui souffre d’amateurisme, sous prétexte de vulgarisation !
Théroigne n’a jamais été au couvent : elle s’est engagée comme bonne et comme vachère pour échapper a sa famille (parents et tante abusive).
Rien ne prouve qu’elle ait attrapé la syphilis et qu’elle se soignait au mercure. Cette affirmation (maladie vénérienne) a été inventé par ses détracteurs durant la révolution pour appuyer sa réputation de courtisane et par les écrivains misogynes du XIXème siècle (et vous apportez de l’eau à leur moulin!).
Sa folie non plus n’a jamais été prouvée (il est probable que son frère l’ait faite interner pour s’accaparer ses biens…)
Si elle a effectivement subit les attaques de la presse royaliste, Il n’a jamais été prouvé que le journaliste Suleau faisait partie de ces ennemis (on n’a jamais trouvé un seul article de lui sur Théroigne). D’ailleurs, celle-ci ne le connaissait même pas !
Théroigne n’a jamais fondé aucun club patriotique et n’a jamais proposé la citoyenneté pour les juifs et les musulmans (d’où tenez-vous ces affirmations pour le moins fantaisistes ?). Elle fréquentait surtout la tribune pour dames du club des cordeliers et des jacobins.
Théroigne n’a pas subi la « Terreur de Robespierre » avant son départ en Belgique! A cette époque, en 1791, Robespierre n’avait pas de pouvoir, il n’était qu’un député parmi d’autres à l’Assemblée législative et il était loin d’être le leader des Montagnards !
Elle n’a jamais créé de légions d’amazones ! Les « phalanges féministes » dont vous parlez n’ont été qu’une « proposition » de Théroigne à la Convention et aux jacobins (proposition vite balayée par les députés). Théroigne a d’ailleurs été largement devancée à ce sujet par d’autres femmes, moins connues mais ô combien plus héroïques qu’elle, notamment Claire Lacombe et Pauline Léon, fondatrices de la Société des républicaines révolutionnaires.
Revoyez vos sources.
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Bonjour Léone. Je vous remercie pour votre commentaire…
Voici les principales sources de mon article :
https://histoire-image.org/fr/etudes/theroigne-mericourt
https://gallica.bnf.fr/blog/20112017/theroigne-de-mericourt?mode=desktop
http://www.histoire-en-questions.fr/revolution-1789/1789-destins-femmes-Theroigne%20de%20Mericourt.html
Christiane Marciano-Jacob, Théroigne de Méricourt (1762-1817) ou la femme écrasée, Le Sémaphore, 2001 (sources notamment pour l’enfance et la jeunesse de Théroigne)
Peut-être pourriez-vous commenter aussi ces publications pour en souligner les erreurs…
Bien à vous
Marjorie Tricot
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