Avez-vous jamais rêvé de voir évoluer ensemble, dans une même aventure, Cyrano de Bergerac, Miss Marple, Peter Pan et Don quichotte ? Traversant les époques et les genres, ces personnages se rencontreraient par la grâce d’un Lazarillo responsable, sous l’égide d’un Pangloss très âgé mais très courageux, et mèneraient une guerre impitoyable à un tyran inculte, qui a détruit les livres de son pays, et dont le nom sonne comme un mauvais souvenir du nazisme : Otto Dafé. Ne rêvez plus : ce livre, Justine Jotham l’a écrit et il a été publié le 26 mai. Qui veut la peau d’Otto Dafé ? C’est le titre. Qui veut en savoir un peu plus sur son auteure, ses inspirations et ses aspirations ? C’est le sujet de cet article…

Les amoureux de littérature, quel que soit leur âge, se régaleront. Les autres ? Aussi ! Les personnages : tous issus de romans, de pièces de théâtre, de récits très célèbres. Lucida, Ali Baba, Lazarillo, Nemo, Rouletabille, Pangloss, Shéhérazade, Miss Marple, Dr Jekyll, Cyrano de Bergerac, Peter Pan et le Capitaine Crochet… Ils ne se souviennent pas tous du terrible auto dafé de l’hiver 1984 qui a détruit tous les livres. 1984. Clin d’œil évidemment à George Orwell et à son roman de science fiction (paru en 1949…) qui décrit un modèle de société policière et dictatoriale. C’est un peu l’ambiance qui règne dans ce roman de littérature de jeunesse.

Roman. Et on y trouve un souffle romanesque indéniable. Aventures, secret, mystère à élucider, conciliabule et affrontement du bien contre le mal. Jeunesse. Comme celle qui anime tous les protagonistes de ce récit. Comme celle que veut rétablir Justine Jotham quand elle pense à ce cliché qui a la vie dure, encore, chez la plupart des enfants ou des adolescents. Dépoussiérer la littérature, montrer l’importance de la lecture dans le développement des imaginaires et des personnalités. Démonter ce stéréotype qui veut que la littérature soit une vieille dame poussiéreuse, compliquée et inaccessible.
J’ai découvert la littérature avec la Comtesse de Ségur. Les Malheurs de Sophie. Je me souviens encore de la couverture rose bonbon qui donnait envie de lire. Et puis, j’ai eu un coup de foudre pour la série des Alice. J’adore. Je parcours les brocantes pour reconstituer la collection. Et je me rends compte que c’est de la bonne littérature de jeunesse. Si j’écris, c’est un peu grâce à ma grand-mère… Elle me demandait de lui raconter le livre que j’avais lu avant de me l’emprunter… Raconter, c’est un peu écrire à nouveau…
Simples, les premiers émois. Et ça accroche. Et ça continue. Ça se poursuit. Le grand coup de foudre adolescent de Justine Jotham ? Un Cœur simple de Flaubert. L’histoire simple d’une vie. Celle de Félicité, jeune fille trahie, servante dévouée qui finit dans la solitude. Pour autant, Félicité n’est pas le prénom d’héroïne de roman que Justine Jotham aurait aimé porter. Non, décidément, c’est Sophie qui lui plaît… Peut-être à cause des malheurs qui l’accompagnent. Des malheurs, Justine en a connus, comme tout le monde. Une personnalité, la sienne, qu’elle qualifie de « marginale » ou « hors normes ». Une santé fragile, qui a blanchi la plupart de ses nuits. Et c’est, pas de hasard dans cette histoire-là, ce goût pour le silence de la nuit, et les plages immenses de solitude qu’elle offre, qui a poussé Justine à écrire. Elle écrit. Toutes les nuits.
Même à Noël. Même en vacances. J’ai mon rituel. Je me lève entre une et deux heures du matin. Et j’écris. Pas à mon bureau. Le bureau, c’est pour travailler. Je préfère le salon. Ou la salle de bains quand je suis à l’hôtel. Et toujours sur l’ordinateur, en général posé sur mes genoux.
Son bureau, elle y est le jour. Pour préparer ses cours à l’IUT de Techniques de Commercialisation. Elle y enseigne la communication et la culture. En fait, là encore elle dépoussière : elle veut amener les jeunes à la culture. À toutes les formes qu’elle revêt : expo, conférences, films, théâtre, musique, danse… Elle veut montrer que la culture est partout et accessible surtout. Son bureau encore, pour préparer les conférences qu’elle donne. Les figures de femmes dans le roman naturaliste. Chez les frères Goncourt notamment. Ses auteurs de thèse et de prédilection. Les peintres de Barbizon. Le XIXème siècle dans sa deuxième moitié, quoi. Dans sa volonté de peindre la société des petits, des bourgeois, des rêves malmenés et des existences exemplaires dans leur simplicité. Elle poursuit son œuvre de démocratisation de la littérature au sein et par l’association qu’elle a créée en 2009 : Les Littœrales. Les interventions nombreuses auprès des jeunes, d’écoles ou de collèges, ou des publics éloignés des livres, organisées par l’asso montrent cette volonté de transmettre le goût et le plaisir de la lecture. Pari fou à l’heure où les images envahissent les vies de promouvoir les mots ? « Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’on croit ». La Rochefoucauld. Cité Pangloss en répartie à Rouletabille. Ou bien encore : « C’est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous. » Dixit le même Pangloss. Pas celui de Voltaire. Celui réinventé par Justine dans Qui veut la peau d’Otto Dafé ?

Il ne manque que Poil de Carotte et Tartarin de Tarascon dans cette aventure, nous confie l’auteure. Eux aussi auraient eu leur rôle à jouer dans cette lutte pour le rétablissement de la littérature. Elle nous avoue encore que si elle devait sauver trois livres d’un éventuel auto dafé, elle choisirait : Un Cœur simple bien sûr, La Vie devant soi de Romain Gary et L’Amour au temps du choléra de Gabriel Garcia Marquez. Et vous, quels livres sauveriez-vous du désastre ?
Le site de l’association Les Littœrales : ici.
images 1 et 3 : photos personnelles de Justine Jotham.
[…] Un indice : ici. […]
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[…] Réponse : Justine Jotham, auteure dunkerquoise, pleine de talent. Ce récit pour la jeunesse (et pour les grands aussi !) est sorti en mai 2016. Pour re découvrir cette jeune femme et ses écrits, c’est par : là. […]
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J’ai la chance de connaître Justine Jotham. Outre son exceptionnelle créativité dans l’écriture, c’est une femme rare. Généreuse, intuitive, sensible, éclairée de l’intérieur, une faiseuse de sortilèges pour notre plus grand bonheur.
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[…] de Qui veut la peau d’Otto Dafé ? paru en mai 2016 (notre article sur l’ouvrage : ici), l’auteure aux multiples talents réitère avec ce récit, qui, à travers les […]
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[…] régal pour les lecteurs de 7 à 77 ans. Vous ne connaissez pas les précédents ?! Allez vite voir là, pour découvrir Qui veut la peau d’Otto Dafé ? Et ici vous serez tentés par les aventures […]
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