L’EPI… QUOI ENCORE ?

 

« Comme les Rois Mages / En Galilée / Suivaient des yeux l’étoile du Berger » lalala… Évidemment c’est une chanson de Sheila que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ! Comme intro, j’aurais pu choisir quelque chose de plus universel. En même temps, si je cite l’Évangile de Matthieu, je risque de faire fuir tout le monde… Non, ne partez pas, chers lecteurs du Mag@zoom ! Cet article va vous permettre de vous sentir moins bêtes, ces prochains jours, lorsque vous serez confrontés à la sacro sainte tradition de la galette des rois. Beurre, frangipane ou aux pommes. Alors, qu’est-ce que l’Épiphanie ? Qui sont les Rois Mages ? Pourquoi la galette ? Et pourquoi j’ai jamais la fève ? Toutes les questions que vous vous posez depuis toujours sans avoir jamais osé l’avouer  trouvent leurs réponses ici !

ÉPI… QUOI ?

L’épiphanie, sans majuscule, est la manifestation de quelque chose de sacré ou de divin. C’est le sens premier du mot. Et les Anciens polythéistes utilisaient volontiers ce mot, concurrent d’un autre, «théophanie», pour désigner les apparitions des dieux aux hommes. Avec une majuscule, le mot désigne la fête religieuse, faisant maintenant partie de notre culture au sens large du terme, qui commémore l’apparition du Christ aux rois mages venus pour l’honorer. La différence avec la culture antique païenne, c’est que cette « apparition  » est en fait incarnation d’une divinité dans un enfant engendré d’une femme. Avec Noël, l’Épiphanie fait partie d’un cycle de fêtes de célébration du retour de la lumière, ayant pour pivot le solstice d’hiver. Capito ? non ? alors je vous invite à parcourir notre précédent article Noël c’est quoi ? Le retour de la lumière donc. 12 jours après Noël, l’Épiphanie, célébrée le 6 janvier (ou le deuxième dimanche après Noël quand le 6 janvier n’est pas férié), marque un réel et sensible allongement de la durée des jours. 12 jours, le nombre n’est pas choisi au hasard : symbolisant l’idée de totalité, il se réfère aux 12 mois de l’année ou aux 12 tribus d’Israël.

LES ROIS MAGES

Vélasquez, Adoration des Mages, 1619
Vélasquez, Adoration des Mages, 1619

L’Évangile de Matthieu est le seul du Nouveau Testament à évoquer l’existence de rois mages, missionnés par Hérode, ou venus d’Orient selon d’autres textes apocryphes, pour rendre compte de la naissance du Christ, pour le moins exceptionnelle. Michel Tournier, dans son passionnant roman Gaspard, Melchior et Balthazar, revisite la légende. Il fait de Gaspard le roi de Méroé, ville de Nubie, Soudan actuel : « Je suis noir, mais je suis roi ». Melchior est prince de Palmyrène, contrée de Syrie. Et Balthazar est roi de Nippur, cité de l’actuelle Irak. Rois orientaux, sages, prêtres, hommes de sciences, astronomes et astrologues, sachant lire la carte du ciel et suivre l’étoile, ils sont appelés « mages » parce qu’ils ont une connaissance du sacré et de l’ésotérique. Ils offrent l’or, l’encens et la myrrhe, tout ce qu’il y a de plus précieux dans cet antique Orient. Leur identité est incertaine ; leur légende s’est tissée au fil des siècles, servie par la richesse et l’abondance des récits et de l’iconographie. Ainsi, pourrait-on voir dans le choix de leur nom une référence à une prière de bénédiction commençant par ces mots : « G/Christus Mansionem Benedicat ». Chaque initiale correspondant aux initiales des noms des mages.

FÈVE ET GALETTE

Pourquoi mange-t-on de la galette ? Pourquoi y placer une fève ? La fève, à l’origine, c’est une vraie fève. Un légume sec. Celui qui récupérait la fève était désigné roi. Eh bien figurez-vous que cette coutume est antérieure à l’histoire biblique, et le roi de la galette n’est d’abord pas un roi mage ! Je m’explique. Dans l’Antiquité, et avant la naissance du Christ, les Romains avaient pour habitude de célébrer le solstice d’hiver, aux alentours du 25 décembre. Les Saturnales. Cette fête se prolongeait sur une douzaine de jours (tiens, tiens, 12…) et était un peu l’équivalent de notre carnaval : la hiérarchie sociale, ainsi que toute logique, s’inversaient : les esclaves devenaient maîtres, ce qui était d’ordinaire défendu était permis… et les soldats avaient pour habitude de tirer au sort parmi les condamnés à mort celui qui serait roi d’un jour. Ils se partageaient alors un gâteau dans lequel ils avaient placé une fève, et le plus jeune décidait de l’attribution des parts. Cette tradition s’est d’abord répandue dans les familles romaines, avant d’intégrer le folklore lié à la religion chrétienne, à partir du XIVème siècle.

galette

Les figurines en porcelaine remplacent les fèves à la fin du XIXème siècle, pour la joie des collectionneurs ! Et les variantes de la traditionnelle galette à la frangipane se multiplient : au beurre dans le dunkerquois, elle est brioche en forme de couronne dans le sud-ouest, et la même couronne briochée se pare de fruits confits dans le sud-est.

« Moi j’aime la galette, savez-vous comment ? quand elle est bien faite, avec du beurre dedans, lalala… »

Bon, la connaissez celle-là, hein ?! Et vous, vous l’aimez comment la galette ?

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