La mer et le carnaval. Voilà ce qu’incarne ce grand gaillard au regard clair. L’âme dunkerquoise en fait. Pétrie de générosité sous un abord bourru. Pétrie de tempêtes au large et d’explosions de couleurs sous les cletches et les parapluies. Pascal Leroux, c’est tout ça à la fois. Un marin fier et tendre. Un artiste plein de lumières et de couleurs.
ARTISTE ET ARTISAN
Il est né place Jean Bart. Y a vécu son enfance, avant de s’expatrier à Malo. Enfant de Jean Bart, enfant de la mer, Pascal est d’abord fils de marin. Alors il le devient à son tour. Officier sur les remorqueurs. C’est ça son métier. Autrefois sur le bateau feu Le Sandettie. Aujourd’hui, il brave les tempêtes, en brave qu’il est. « Un métier de passion » comme il dit.

Et une passion à côté : la peinture. Enfin, la couleur. Sous toutes ses formes. Toiles, vitrines, maquillages, tee-shirts, décors pour objets aussi éclectiques que des mugs ou des badges. Et puis il y a les figurines, grandes ou petites. Magnifiques ! Pour l’anniversaire des Stekebeilles, association philanthropique de Ghyvelde, les 29 Tambours Majors présents ont reçu chacun une des figurines de Pascal Leroux. Les créations de cette saison ?

La figurine qu’il a réalisée pour les 30 ans de service de Cacaille, Tambour Major de Saint Pol sur Mer. Celle de Pompon le Pompier, Tambour Major de Bergues.

Vous connaissez peut-être celle de Bernard Minne, Tambour Major de Cassel ?

Entre autres. Avec leur aimable autorisation, comme on dit. Et même avec leur encouragement, et pour leur plus grande fierté ! Il a réalisé le logo des Rose Marie de Gravelines (seule association philanthropique carnavalesque féminine), des Hallebardes, et il est pote avec Les Petits Baigneurs et les Prouts ! On trouve ses créations à l‘Office de Tourisme de Dunkerque et à celui de Saint Pol sur Mer. Ainsi qu’au magasin Hon Fleurs à Rosendael. Et chez lui, bien sûr. Où il travaille. A Tétéghem. Fabrique la plupart de ses produits dans son atelier. A l’ancienne. Quand je l’ai rencontré, il était de permission. Il m’a dit « Demain, je fais des mugs » comme d’autres diraient « Demain j’ai piscine ». Sourire.

LES P’TITS BOUTCHES
On peut dire que sa petite entreprise ne connaît pas trop la crise. On retrouve ses badges dans des valises perdues en Savoie et ses porte clés jusqu’à New York ! Les P’tits Boutches, sa société créée en 2007, commence à être reconnue. Les « ptits boutches », pour ceux qui ne parlent pas couramment le dunkerquois, c’est « les petits gamins ». Pascal en a quatre. Qui ont sauté à pieds joints dans le carnaval étant petits. La chaîne WEO a d’ailleurs consacré tout un reportage à la petite famille.

On y voit Pascal Leroux se peindre sur le visage le sacro saint maquillage qui le caractérise. Un décor tahitien. Tahiti, il n’y est jamais allé. Mais son père, marin au long cours, si. Et ce maquillage, c’est comme un hommage au père. Et à la mer. Et à sa patrie : le carnaval. D’ailleurs un maquillage de Pascal Leroux, c’est comme le manuscrit d’un écrivain : c’est unique, et ça commence à valoir de l’or… Comme ses vitrines. Œuvres de l’éphémère.

Il se souvient avoir dessiné sur une nappe dans une chapelle (de carnaval, hein…) et un an après, le bout de nappe avait été encadré au mur ! Si tu veux du durable, alors tu commandes un tableau. Allo les P’tits Boutches. Et tu demandes ce que tu veux. Sinon, promène-toi dans les différentes bandes à venir avec un bout de papier et un crayon dans ton cletche, et si tu rencontres l’homme au visage de Tahiti, paie-lui une pinte ! Et n’oublie pas de lui dire en partant « A Noste Kêe ! » Il paraît qu’il sera à la bande de Malo ce dimanche…

LES SECRETS D’UN ARTISTE

Bon vivant et triste aussi, parfois. La vie ne lui a pas fait de cadeaux. Cet autodidacte de 52 ans croit cependant « qu’il n’y a pas de hasard » et qu’on fait souvent « les rencontres dont on a besoin ». Loin des chahuts de la bande, chaque être a finalement ses secrets. Pascal aurait voulu par exemple être photographe, comme son ami Stéphane Rauzada, en première ligne au Paradis… Ou écrire, comme ses amis auteurs Mouna Toujani, Pascal Dessaint et Gilles Charpentier, alias Sam Gave. Même si ses photos, il se les garde pour lui, je peux vous dire qu’elles sont aussi dignes des murs d’une galerie que ses tableaux. Pascal Leroux sait capturer le moment présent. Et « la force des vagues et les couleurs du ciel ». Il a l’œil. Celui de l’artiste. Et il aime créer. Partir de rien. Du blanc de la toile. Et, à l’instar des fumigènes de son enfance qui illuminaient les vapeurs échappées du rigodon de la place Jean Bart par un feu d’artifice, il fait exploser les couleurs sur la plage vierge de ses toiles. Je vous souhaite de rencontrer ce marin au cœur tendre et son carnaval de couleurs.
Page facebook des P’tits Boutches : ici.
Le site des Petits Boutches : ici.
Images : toutes les photos de cet article, ainsi que la vidéo, sont la propriété de Pascal Leroux. Qu’il soit remercié pour les avoir aimablement prêtées !