LES FEMMES AUX J.O. SPORT : MIROIR DE LA SOCIETE

Rio 2016 : la présence des femmes aux J.O. semble une évidence. Il n’en a pas toujours été ainsi. Et même si le C.I.O. s’est engagé à promouvoir l’égalité des sexes au sein de l’olympisme, la présence des femmes est d’abord toute récente. La présence des femmes est ensuite, et encore, source de polémique. Femme, sport et islam ont du mal à trouver un terrain d’entente. Retour sur une lutte pour une place sur les podiums. Avers et revers de la médaille…

La première femme en or des Jeux Olympiques est Charlotte Reinagle Cooper. Britannique déterminée et raffinée, c’est à l’âge de 30 ans qu’elle accomplit déjà un premier exploit : le droit de participer à la IIème Olympiade moderne, depuis sa création 4 ans plus tôt à Athènes. Et ce, malgré les réticences de Pierre de Coubertin. Elles sont d’ailleurs 22 femmes à se frayer un chemin sur le parcours de golf ou les courts de tennis, parmi les 975 hommes inscrits aux Jeux de Paris, en 1900.  22 femmes, pour 5 disciplines qui leur sont ouvertes : voile, croquet, équitation, golf et tennis.

Charlotte Cooper, 1ère femme médaillée d'or aux J.O., Paris, 1900.
Charlotte Cooper, 1ère femme médaillée d’or aux J.O., Paris, 1900.

C’est d’ailleurs sur un court de tennis que s’illustre notre Charlotte, affectueusement surnommée « Chatty« . Première femme des Jeux Olympiques à remporter une médaille d’or. C’est à Paris. En 1900. Elle la partage  avec sa compatriote Reginald Doherty, pour leur performance commune en double mixte.

Depuis, les femmes se sont imposées. avec les encouragements du C.I.O.. On peut lire en effet dans la Charte olympique de 2015, Règle 2, paragraphe 7 : « le rôle du CIO est d’encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport, à tous les niveaux et dans toutes les structures, dans le but de mettre en œuvre le principe d’égalité entre hommes et femmes. » Depuis 1991, chaque sport voulant intégrer  l’Olympe doit prévoir des épreuves féminines. 44% des athlètes aux J.O. de Londres en 2012 étaient des femmes. Elles n’étaient que 13% à Tokyo en 1964. Le C.I.O. montre d’ailleurs l’exemple au sein même de son administration. Pour la première fois, en 1990, une championne d’équitation, de tennis et de golf,  membre de l’équipe équestre vénézuélienne aux Jeux de la XVIe Olympiade en 1956, est élue membre de la commission exécutive : Flor Isava Fonseca. Pionnière, elle ouvre la voie à d’autres femmes parties à l’assaut du sommet olympien. Anita L. DeFrantz,  Gunilla Lindberg, Nawal El Moutawakel, Claudia Bokel. Toutes médaillées aux J.O. dans leurs disciplines respectives. Toutes œuvrant pour que les femmes aient leur place aux côtés des hommes dans la légende des Jeux.

Flor Isava Fonseca, 1ère femme membre de la commission exécutive du C.I.O.
Flor Isava Fonseca, 1ère femme élue membre de la commission exécutive du C.I.O.

Combien sont-elles à Rio ? Les comptes seront faits à l’heure du bilan. Il est un chiffre que l’on retient cependant tant il étonne, tant il montre que les progrès en matière d’égalité sont encore à fournir : 4. 4 athlètes saoudiennes ont été discrètement « invitées » à participer aux J.O. de Rio. Discrètement, car l’Arabie Saoudite ne veut pas s’attirer les foudres des autorités religieusesSarah al-Attar, qui a déjà participé aux J.O. de Londres en 2012,  concourt pour le 800 mètres. Wujud Fahmi en judo. Lubna al-Omair en escrime. Cariman Abu al-Jadail sur  le 100 mètres. Encore des pionnières… L’Arabie Saoudite a exigé du C.I.O. des conditions pour que ces 4 femmes puissent participer : elles doivent porter la tenue islamique, se couvrir de la tête aux pieds, obtenir l’accord d’un tuteur (père ou frère) qui devra les chaperonner tout au long de leur séjour à Rio… Un précédent avait déjà soulevé une polémique. La judokate saoudienne Wodjan Shahrkhani, qui accompagnait déjà Sarah al-Attar à Londres, avait pu fouler le tatami à condition d’avoir la tête couverte. Le voile étant banni pour raison de sécurité dans ce genre d’épreuve, elle avait porté un bonnet :

 

Sarah al-Attar avait pris part à l’épreuve du 400 m aux J.O. de Londres en 2012, voilée… :

Ces images ainsi que les compromis du C.I.O. suscitent des polémiques. On pourrait aussi sourire des images « floutées » des athlètes féminines diffusées sur certaines chaînes contrôlées par des autorités islamistes. Le C.I.O. s’est engagé, outre à promouvoir l’égalité homme-femme, à bannir toute « sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale dans un lieu, site ou autre emplacement olympique » (article 50-2). Ces femmes qui se distinguent par leur tenue vestimentaire sont-elles le symbole d’une avancée en matière d’égalité des sexes dans les pays fortement islamisés ? Leur présence aux J.O. en serait la preuve suffisante. Ou sont-elles la preuve que la soumission des femmes aux diktats de certains hommes qui brandissent la religion comme un étendard de domination sur la moitié de l’humanité ? Comment doit-on interpréter le port de certains vêtements, voile, bonnet, burkini, dans les lieux voués au sport ? Certaines femmes elles-mêmes revendiquent ces tenues comme des remparts contre l’impudeur…

Femme, musulmane, arabe, Nawal el-Moutawakel, représentante du Maroc aux J.O. de Los Angeles en 1984, a pourtant couru le 400 mètres bras et jambes découverts…

Il semble que la femme soit depuis toujours un prétexte, un « terrain » de conflits. Conflits virtuels dans le sport, conflits réels en tant de guerre. La femme reste  un objet symbolique de prise de pouvoir des hommes qui s’opposent dans une lutte pour une domination financière et territoriale du monde.

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