Lundi 13 octobre 2025. Festival de Danse Allure Folle. Studio 43. Le film du réalisateur sénégalais Yoro Lidel Niang réconcilie les âmes et les corps grâce à la danse. La protagoniste de ce court métrage, Coumba Deme, est belle, tellement belle quand elle danse qu’on en oublie qu’elle se déplace en fauteuil roulant et en béquilles.
Couma Deme au Festival Allure Folle
C’est d’ailleurs l’objectif principal du réalisateur Yoro Lidel Niang, ancien handi basketteur et accompagnateur de la sélection du Sénégal lors des Jeux Paralympiques 2024 : la danse est un acte universel et démocratique. Chacun, chacune peut danser, s’exprimer. Son film, La Danse des béquilles, présente la danse comme un langage universel que chacune, chacun, peut comprendre et pratiquer.
Le réalisateur Yoro Lidel Yang, en visio conférence depuis Dakar
Le pitch est très simple et très percutant : Penda (le personnage incarné par Coumba Deme) en a assez de mendier pour aider financièrement sa mère. Elle rencontre Dalla, un musicien, et c’est le coup de foudre. Pas pour l’homme, mais pour sa musique et pour la troupe de danseurs qu’il dirige à Dakar. Penda intègre la troupe, répète, transpire comme les autres danseurs et prouve à sa mère que son handicap n’est pas un frein à une carrière artistique. Ce que celle-ci finit par comprendre. « Les tambours résonnent pour toi Penda ». Et Penda, au rythme envoûtant du djembé et de la cora, enflamme les cœurs et les corps.
Coumba Deme
Vingt minutes pur jus d’humanité et de beauté. Vingt minutes qui nous emmènent dans un ailleurs fait d’autres couleurs, d’autres musiques, d’autres beautés et où le handicap n’est plus un problème, n’est pas un obstacle.
Coumba Deme, est belle, tellement belle quand elle danse qu’on en oublie qu’elle se déplace en fauteuil roulant et en béquilles. Coumba est là, au Studio 43. Elle a fait le voyage pour représenter le réalisateur, présent, lui, en visio conférence. Et pour montrer la défaite de tous les impossibles, elle offre ce qu’elle a de plus précieux : sa danse. Marcel l’accompagne au djembé. Et toute la salle, valides et non valides, a envie de la rejoindre. Ce que ne manquent pas de faire les résidents du Foyer de vie Les Salines, de Dunkerque. Encadrés par Nathalie Eloy, Christine Vandenbussche et Sarah, ils ont participé à une master class avec Coumba ; ils ont participé à un temps fort du Festival Allure Folle, A Corps de Rue et présentent au Studio 43 le fruit de leur travail artistique. C’est un moment d’une rare humanité.
Merci à Cheikh-Tidiane Ndiaye, Président de l’association Cœur et Solidarités. Merci à Bernard Philippe et Laurent Morgante, de l’association Lille Métropole Arts et Culture. C’est grâce à ces grands ordonnateurs de la solidarité et de la culture que l’on en oublierait presque que le mot « inclusion » existe, tant ils arrivent à gommer avec talent les différences. Et merci à Coumba Deme, qui est tellement belle quand elle danse…
Coumba Deme, Laurent Morgante de Lille Métropole Arts et Culture et Cheikh Tidiane Ndiaye de Cœur et Solidarités.
A tous les amoureux du carnaval dunkerquois… De Fort Mardyck à Bergues, en passant par Saint Pol sur Mer et Grande Synthe, il atteint son apogée lors des Trois Joyeuses … Dunkerque Citadelle Rosendael… Pour les amoureux de cette tradition, un hymne … à découvrir ici…
27 janvier, de l’année 1945 : libération du camp Auschwitz. Dernier dimanche d’ avril : c’est cette date qui est retenue pour honorer la mémoire de ceux qui ne sont jamais revenus. Ou qui en sont revenus, sans jamais vraiment revenir. Les « revenants », comme les appelle Charlotte Delbo, l’une des rares rescapées d’Auschwitz. Avril 1946 : procès de Nuremberg. La notion de « crime contre l’humanité » est inventée. Avril 1961 : procès Eichmann et naissance d’une autre notion : celle de « banalité du mal ». Retour sur ces tragédies que nous lègue l’Histoire…
Lublin, Dachau, Bergen Belsen, Buchenwald, Auschwitz, Mehlteuer, Matthausen… Triste litanie de noms qui font encore trembler d’effroi aujourd’hui. Triste litanie qu’il faut psalmodier encore et encore, chaque année, dans les classes ou lors des commémorations pour ne pas oublier. Devoir de mémoire. Parce que Charlotte Delbo, Anne Frank, Primo Levi, Etty Hillesum, et tant d’autres doivent être lus. Et connus. Pour sensibiliser les jeunes générations. Leur faire prendre conscience de la « banalité du mal ». Écoutons ces voix d’outre tombe. Etty Hillesum d’abord. De 1941 à 1943, cette jeune hollandaise à peine plus âgée qu’Anne Frank, tient elle aussi un journal. Le 7 septembre 1943, elle est envoyée au camp de transit de Westerbork. Transit. Entre deux. Entre la vie à Amsterdam et une mort certaine à Auschwitz. Elle écrit des lettres bouleversantes depuis ce camp. Voici un passage dans lequel elle raconte comment elle essaie d’apporter son aide aux mamans qui sont programmées avec leurs enfants dans les prochains convois vers la mort. À Westerbork, il y avait une infirmerie, une « nurserie » et un orphelinat… ironie tragique…
Quand je dis : cette nuit j’ai été en enfer, je me demande ce que ce mot exprime pour vous. Je me le suis dit à moi-même au milieu de la nuit, à haute voix, sur le ton d’une constatation objective : Voilà, c’est donc cela l’enfer. Impossible de distinguer entre ceux qui partent et ceux qui restent. Presque tout le monde est levé, les malades s’habillent l’un l’autre. Plusieurs d’entre eux n’ont aucun vêtement, leurs bagages se sont perdus ou ne sont pas encore arrivés. (…) On prépare des biberons de lait à donner aux nourrissons, dont les hurlements lamentables transpercent les murs des baraques. Une jeune mère me dit en s’excusant presque : « D’habitude le petit ne pleure pas, on dirait qu’il sent ce qu’il va se passer. » Elle prend l’enfant, un superbe bébé de 8 mois. (…) La bonne femme au linge mouillé est au bord de la crise de nerf : « Vous ne pourriez pas cacher mon enfant ? Je vous en prie, cachez-le, faites-le pour moi, il a une forte fièvre, comment pourrais-je l’emmener ? Un enfant malade, ils vous l’enlèvent, et on ne le revoit plus jamais. »
Voici un autre texte. De Charlotte Delbo, déportée politique française. Rescapée d’Auschwitz. Elle écrit de nombreux textes sur l’enfer. Celui-ci prend la forme d’une prière. Prière aux vivants :
Vous qui passez bien habillés de tous vos muscles, un vêtement qui vous va bien, qui vous va mal, qui vous va à peu près. Vous qui passez animés d’une vie tumultueuse aux artères et bien collée au squelette, d’un pas alerte sportif lourdaud, rieurs renfrognés, vous êtes beaux, si quelconques, si quelconquement tout le monde, tellement beaux d’être quelconques diversement, avec cette vie qui vous empêche de sentir votre buste qui suit la jambe, votre main au chapeau,votre main sur le cœur,la rotule qui roule doucement au genou… Comment vous pardonner d’être vivants…
Vous qui passez bien habillés de tous vos muscles, comment vous pardonner, ils sont morts tous.
Vous passez et vous buvez aux terrasses, vous êtes heureux, elle vous aime, mauvaise humeur souci d’argent… Comment comment vous pardonner d’être vivants comment comment vous ferez-vous pardonner par ceux-là qui sont morts pour que vous passiez bien habillés de tous vos muscles que vous buviez aux terrasses que vous soyez plus jeunes chaque printemps
Je vous en supplie faites quelque chose, apprenez un pas, une danse, quelque chose qui vous justifie, qui vous donne le droit d’être habillés de votre peau, de votre poil, apprenez à marcher et à rire parce que ce serait trop bête à la fin que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie.
Je reviens d’au-delà de la connaissance il faut maintenant désapprendre je vois bien qu’autrement je ne pourrais plus vivre.
Et puis mieux vaut ne pas y croire à ces histoires de revenants, plus jamais vous ne dormirez si jamais vous les croyez ces spectres revenants, ces revenants qui reviennent sans pouvoir même expliquer comment.
Lisez encore Primo Levi, Si c’est un homme. Lisez, lisez. Regardez aussi, si vous préférez : La Liste de Schindler, Steven Spielberg. La Rafle, Rose Bausch. La Vie est belle, Roberto Benigni. Le Fils de Saül, László Nemes. Elle s’appelait Sarah, Gilles Paquet-Brenner...Et bien d’autres chefs d’œuvre du cinéma qui remplissent leur devoir de mémoire. Et le film de Margarethe von Trotta sur le combat de Hannah Arendt.
Banalité du mal. Concept élaboré par Hannah Arendt : ceux qui ont commis ces horreurs ne sont pas des monstres. Ce serait trop facile de penser ainsi. Ce ne sont pas des monstres, ce sont des êtres humains, comme vous et moi, qui ont accompli leur « devoir ». La banalité du mal expliqué ici :
Eichmannest responsable de la logistique de la « solution finale ». Il organise notamment l’identification des victimes de l’extermination raciale, et leur déportation vers les camps de concentration et d’extermination. Eichmann est jugé en Israël à partir d’avril 1961, est condamné à mort et pendu en mai 1962. Il avait échappé à un autre procès presque 20 ans plus tôt. Le procès qui invente le chef d’inculpation de « crime contre l’humanité » : Nuremberg.
Du 20 novembre 1945 au 10 octobre 1946, les plus hauts dignitaires du nazisme comparaissent dans le tribunal de cette ville, qui n’est pas choisie au hasard : berceau du nazisme et terreau de la doctrine de l’aryanisme. Le NSDAP ( le parti national socialiste = le parti nazi), la SS (escadron de protection), le SD (service de sécurité) et la Gestapo (police politique) sont reconnus organisations criminelles. 12 condamnés à mort dont Goering, Commandant en chef de la Luftwaffe et ministre de l’Aviation, personnage clé du IIIème Reich. 3 condamnations à la prison à perpétuité dont celle de Rudolf Hess : compagnon influent d’Adolf Hitler dès ses débuts politiques, représentant officiel auprès du parti nazi (chef de la chancellerie du NSDAP) et principal rédacteur des lois de Nuremberg qui fondent le nazisme. D’autres condamnations à des peines de prison longues sont prononcées. Nuremberg invente un chef d’inculpation : le crime contre l’humanité.
La une du Monde annonce la libération du camp de Bergen Belsen.
Comment le « sens du devoir » peut-il pousser un homme à accomplir les actes les plus cruels à l’encontre de ses semblables ? Un début d’explication avec La Mort est mon métier de Robert Merle : les pseudo-mémoires de Rudolf Höß, rebaptisé Rudolf Lang dans le livre, commandant du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz. Rédigé entre 1950 et 1952, ce récit nous fait comprendre le concept de banalité du mal élaboré pourtant presque 10 plus tard par Hannah Arendt. Voici un extrait de la préface du livre écrite par Robert Merle signée du 27 avril 1972 :
Il y a bien des façons de tourner le dos à la vérité. On peut se refugier dans le racisme et dire : les hommes qui ont fait cela étaient des Allemands. On peut aussi en appeler à la métaphysique et s’écrier avec horreur, comme un prêtre que j’ai connu : « Mais c’est le démon ! Mais c’est le Mal !… ». Je préfère penser, quant à moi, que tout devient possible dans une société dont les actes ne sont plus contrôlés par l’opinion populaire. Dès lors, le meurtre peut bien lui apparaître comme la solution la plus rapide à ses problèmes. Ce qui est affreux et nous donne de l’espèce humaine une opinion désolée, c’est que, pour mener à bien ses desseins, une société de ce type trouve invariablement les instruments zélés de ses crimes. C’est un de ces hommes que j’ai voulu décrire dans La Mort est mon métier. Qu’on ne s’y trompe pas : Rudolf Lang n’était pas un sadique. Le sadisme a fleuri dans les camps de la mort, mais à l’échelon subalterne. Plus haut, il fallait un équipement psychique très différent. Il y eu sous le nazisme des centaines, des milliers, de Rudolf Lang, moraux à l’intérieur de l’immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs « mérites » portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l’impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l’ordre, par respect pour l’Etat. Bref, en homme de devoir : et c’est en cela justement qu’il est monstrueux.
Se méfier du démon de la pureté. Se méfier du sens du devoir qui pousse sur les champs de frustrations, sur les collines de l’orgueil, sur les murs qu’édifie l’individualisme.
Article 3 : des photos, encore, et des informations aussi. Le petit Prince. Saint-Exupéry. Tout le monde connaît… Le Businessman, le Vaniteux, le Renard, la Rose, le Serpent… Ces personnages issus de l’imaginaire d’un aviateur égaré en littérature font partie désormais de notre imaginaire collectif. C’est ce conte philosophique moderne, qui n’a pas fini de livrer ses secrets, que les élèves de l’Ecole Municipale de Musique et de Danse de Coudekerque-Branche vont présenter le samedi 16 novembre prochain…
Bonjour.
Bonjour.
Que fais-tu ici ?
Je trie les voyageurs, par paquets de mille.. J’expédie les trains qui les emportent, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche.
Ils sont bien pressés. Que cherchent-ils ?
L’homme de la locomotive l’ignore lui-même.
Ils reviennent déjà ?
Ce ne sont pas les mêmes.
C’est un échange… Ils n’étaient pas contents, là où ils étaient ?
On n’est jamais content là où l’on est.
Ils poursuivent les premiers voyageurs ?
Ils ne poursuivent rien du tout. Ils dorment là-dedans, ou bien ils bâillent. Les enfants seuls écrasent leur nez contre les vitres.
Les enfants seuls savent ce qu’ils cherchent.
Ils ont de la chance…
Dans ce passage, Saint-Exupéry critique l’homme moderne, qui court toujours sans savoir vraiment où il va… Le train représente la métaphore de cette fuite en avant… Comment la mettre en scène ? Les élèves comédiens ont fait appel aux élèves de la classe de tambour de Fabien Pottiez, et le résultat est surprenant… Quelques images des répétitions :
Vous l’aurez compris, tous les élèves de l’EMMD jouent dans ce conte musical : comédiens, musiciens, choristes des classes de formation musicale et du cours de comédie musicale, petits élèves de la classe d’éveil, sans oublier les élèves de l’école des Beaux Arts.Tous les artistes en herbe de Coudekerque-Branche vous attendent pour vous présenter leur petit Prince…
Rendez-vous le samedi 16 novembre, à 15h, salle Molière de l’Espace Jean Vilar. Et rendez-vous le samedi 2 novembre, dès 9h, à la billetterie de l’espace Jean Vilar (03 28 51 45 82), pour vous procurer vos places (5 euros).
Article 2 : des photos et des informations. Le petit Prince. Saint-Exupéry. Tout le monde connaît… Le Vendeur de pilules, le Renard, le Roi, le Serpent… Ces personnages issus de l’imaginaire d’un aviateur égaré en littérature font partie désormais de notre imaginaire collectif. C’est ce conte philosophique moderne, qui n’a pas fini de livrer ses secrets, que les élèves de l’Ecole Municipale de Musique et de Danse de Coudekerque-Branche vont présenter le samedi 16 novembre prochain…
Et ça répète, ça répète, ça répète dur… Depuis janvier dernier les répétitions s’enchaînent pour les comédiens de la section Arts de la Scène. Il y a le texte à interpréter, à mettre en scène ; les dessins de Maxence Larue, et de ses élèves de l’Ecole des Beaux Arts, à intégrer… La preuve en images :
– Bonjour.
-Bonjour. Je vends des pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire. Veux-tu m’en acheter mon petit gars ?
-Pourquoi vends-tu ça ?
-C’est une grosse économie de temps. Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine.
-Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ?
-On en fait ce que l’on veut…
-Moi, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine…
Conte philosophique et musical. Les musiciens en herbe de l’EMMD et leurs professeurs, sous la direction de Ludovic Minne, répètent eux aussi depuis quelques mois les morceaux qui accompagnent les textes.
Danse des Heures, Ponchielli.
Le petit Prince, d’après Saint Exupéry. Spectacle musical. Samedi 16 novembre, 15h, salle Molière de l’Espace Jean Vilar à Coudekerque-Branche. Places en vente dès le samedi 2 novembre à la billetterie de l’Espace Jean Vilar (03 28 51 45 82)
Photos : Amandine Plancke, photographe de la Mairie de Coudekerque-Branche. Qu’elle en soit remerciée !
Le petit Prince. Saint-Exupéry. Tout le monde connaît… La Rose, le Renard, le Serpent, l’Aviateur… Ces personnages issus de l’imaginaire d’un aviateur égaré en littérature font partie désormais de notre imaginaire collectif. C’est ce conte philosophique moderne, qui n’a pas fini de livrer ses secrets, que les élèves de l’Ecole Municipale de Musique et de Danse de Coudekerque-Branche vont présenter le samedi 16 novembre prochain… Article 1 : un mouton et des informations.
7 comédiens d’abord, élèves du cours de Pratique collective-Arts de la Scène-Théâtre de l’EMMD. 7 comédiens, donc, pour faire entendre le texte. C’est celui de Saint Ex, adapté à la scène. Facile car le conte est construit autour de multiples rencontres, et donc de multiples dialogues, du petit Prince avec les drôles d’habitants de drôles de planètes…
– S’il vous plaît… dessine-moi un mouton !
-Hein !
-Dessine-moi un mouton…
-Mais… qu’est-ce que tu fais là ?
– S’il vous plaît… dessine-moi un mouton…
-Non, celui-là est malade. Je veux un mouton en bonne santé…
Car l’aviateur dessine. Saint Exupéry a lui-même illustré son récit. Et ses dessins sont restés célèbres… C’est donc un tour de force accompli par Maxence Larue et ses élèves de l’Ecole des Beaux Arts de Coudekerque-Branche que de « réécrire » les planches originales de Saint Ex. Objectif atteint… un avant-goût ici :
Conte philosophique et musical. Les musiciens en herbe de l’EMMD et leurs professeurs répètent eux aussi depuis quelques mois les morceaux qui accompagnent les textes.
Le petit Prince, d’après Saint Exupéry. Spectacle musical. Samedi 16 novembre, 15h, salle Molière de l’Espace Jean Vilar à Coudekerque-Branche. Places en vente dès le samedi 2 novembre à la billetterie de l’Espace Jean Vilar (03 28 51 45 82)
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ».
Et voilà, nous y sommes : deniers jours d’attente avant Noël. Ce soir-là, peut-être, réveillonnerez-vous. Dans l’attente du Père Noël ? Dans l’attente de la Messe de Minuit ? Dans l’attente de la naissance du Christ ? Pourquoi fête-t-on Noël ? Pourquoi le 25 décembre, et pas à une autre date ? Et puis « noël », qu’est-ce que ça veut dire ? Et pourquoi la bûche ? Et pourquoi le Père Noël ? Et puis pourquoi le sapin et les bougies ? Quel rapport avec le petit Jésus dans sa crèche ? Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur cette étrange, mais très populaire, fête sans jamais avoir osé le demander se trouve dans cet article…
NOËL, ÇA VEUT DIRE QUOI ?
La Nativité, Bendetto Bigordi, XVème siècle
Le mot « noël » est une déformation phonétique du mot latin natalis, qui veut dire «naissance». Cette fête s’inscrit dans le calendrier liturgique chrétien et commémore la naissancede Jésus Christ, dans la nuit du 24 au 25 décembre de l’an zéro ! C’est le point d’ancrage de notre calendrier. Alors, évidemment, c’est pas aussi précis que ça : les historiens ne sont pas d’accord entre eux, et Jésus serait né entre -7 et 4 de notre ère. Et les chrétiens eux-mêmes ne sont pas non plus d’accord, puisque les orthodoxes font coïncider la naissance de Jésus avec l’Épiphanie, le 7 janvier, selon le calendrier julien. Les catholiques, eux, depuis le Chronographe du Pape Libère en 354, fixent donc la naissance de Jésus Christ dans la nuit du 24 au 25 décembre. Et la crèche alors, avec ses petits santons, son âne, son bœuf, ses bergers et ses moutons ? Eh bien, toujours selon le texte biblique ( le Nouveau testament, l’Évangile de Luc exactement ), un édit de l’empereur César Auguste, relayé par Hérode dans cette contrée lointaine du Moyen Orient, commandait aux populations de se faire recenser dans leurs villes et villages d’origine. Ainsi, Joseph et Marie ( enceinte jusqu’aux yeux ), prirent la route de Nazareth, en Galilée, pour rejoindre Bethléem en Judée. Marie et Joseph trouvèrent refuge dans une « crèche », sorte d’étable pour les animaux ; toutes les hôtelleries du coin affichaient complet… Se trouvaient là un bœuf ; l’âne, qui portait Marie pendant le voyage, prit place à ses côtés. En pleine nuit elle sentit les douleurs de l’enfantement, et mit au monde un beau petit garçon, Jésus, sous le regard ébahi des bergers qui s’étaient eux aussi réfugiés là pour la nuit.
SAPIN, BÛCHE ET PÈRE NOËL
Si Noël est une fête religieuse avant tout, des motifs païens, mais très symboliques, y sont associés depuis longtemps. Le sapin par exemple. Il n’est pas si profane que ça en fait ! J’explique : au Moyen Âge, sur les parvis des églises, on jouait des mystères, sortes de pièces de théâtre qui racontaient les épisodes religieux les plus importants à une population encore très largement illettrée et inculte. Eh bien, en Alsace, le sapin figurait l‘arbre de vie du Jardin d’Éden dans les représentations de la Genèse. Cette pratique vient peut-être d’ailleurs d’une tradition encore plus ancienne : les Celtes décoraient déjà un arbre, symbole de vie, au solstice d’hiver.
Quant à la bûche, avant d’être un dessert très prisé, glacé ou pâtissier, c’était une vraie bûche de bois, que le chef de famille plaçait, arrosée de vin, de miel ou de sel selon les régions, dans la cheminée. Elle devait se consumer le plus lentement et le plus longtemps possible. Trois jours minimum. Symbole de chaleur, de vie et de renouveau. Elle symbolise la bascule de l’année qui se termine vers l’année nouvelle. Un dicton provençal l’atteste : « Cache le feu ancien ; allume le feu nouveau. »
Mais la star de Noël, le personnage phare de cette fête devenue, hélas, très commerciale, c’est le Père Noël bien sûr ! C’est la création la plus récente de tout ce folklore qui gravite autour de l’ événement. Il apparaît pour la première fois en 1843 dans un récit de Charles Dickens, A Christmas Carol ( Un chant de Noël ). En France, c’est GeorgeSand qui en parle la première en 1855. A l’origine, la couleur qui le caractérise est le vert, car on le confond encore avec la figure de Saint Nicolas. C’est d’ailleurs pour ça que les Anglo-saxons ont baptisé le Père Noël « Nicolas ». C’est la marque Coca Cola qui popularise le personnage dans les années 1930 en l’associant au bonheur généré par sa boisson gazeuse…
LES CULTES DE LA (RE)NAISSANCE
Mais j’entends déjà les experts, les blasés, les athées : « Oui, mais les chrétiens n’ont rien inventé ! Noël n’est pas une fête religieuse à l’origine ! Le petit Jésus, la crèche, le sapin, la bûche et le Père Noël, c’est des histoires pour les enfants, moi j’y crois plus. Noël, c’est devenu une fête commerciale ! » Alors, pour vous réconcilier, chers lecteurs experts, blasés ou athées, avec la magie de Noël ( la vraie…), je vous propose un court voyage dans le temps.A l’aube de l’humanité. Pas quand l’hiver s’installe et enveloppe le monde de son manteau de pénombre que l’homme cherche la chaleur et la lumière. C’est dans la nuit profonde de l’hiver qu’il sent et célèbre le retour progressif de cette lumière : le solstice d’hiver, qui correspond approximativement au 25 décembre, marque le jour le plus court de l’année, la nuit la plus longue. A partir de ce point de bascule, les journées vont commencer à s’allonger progressivement. Et c’est la promesse d’un printemps à venir. Le solstice d’hiver, comme le solstice d’été le 24 juin, sont les deux portes du temps. Les Romains avaient personnifié les deux solstices dans la figure du dieu à deux visages Janus : un regard tourné vers le passé, un autre tourné vers le futur. Les solstices sont fêtés depuis que l’homme est homme, c’est-à-dire sensible au rythme immuable et éternel des saisons et à la course des astres. La naissance, ou renaissance, est bien celle d’un enfant : le monde qui revient progressivement à la vie, à la lumière. Facile ensuite d’y superposer des événements plus ou moins sacrés et festifs : naissance de Mithra, héros d’un culte pratiqué en Asie Mineure, bien avant la naissance du monothéisme ; Saturnales romaines, naissance du Christ… Noël, c’est en fait la natalis solis invicti : la naissance du soleil invaincu… Et ça, c’est magique !
Stonehenge, monument mégalithique d’Angleterre qui permettait aux Anciens de célébrer les solstices…
En ce moment, ne demandez pas aux enfants ce qui se passe le 11 novembre. Ils vous rétorqueront que ce n’est pas le 11 novembre qui compte, mais le 10 ! La Saint Martin. Fête populaire dans le dunkerquois, certes, mais aussi un peu partout en Europe du Nord. Pourquoi un tel engouement ? Qu’est-ce qui dans la vie du personnage a retenu l’attention du temps et des hommes pour que la figure historique devienne légendaire ?
DU GLAIVE À LA CROSSE
Saint Martin, tout le monde le connaît… ou croit le connaître. En soutane épiscopale pourpre ou mauve, coiffé de sa mitre et tenant sa crosse, on le voit chaque dixième jour de novembre arpenter les rues de nos communes du nord du Nord, accompagné de son inénarrable âne. Et distribuant, pour le bonheur des enfants, croquendoules et folaerts, ou volaeren. Au son de la musique et des chants que tous reprennent en chœur : « Saint Martin, boit du vin, dans la rue des Capucins ». Voilà la figure pittoresque que le folklore populaire a gardé en mémoire et met en scène chaque année depuis le XIXème siècle.
Mais Martin, dont la vie rocambolesque est racontée par Sulpice Sévère en 395, est un homme, avant tout, et un hommeextraordinaire. Aujourd’hui, le Pape François, lui qui rejette les ors et les fastes de l’Église, en aurait fait son conseiller. Et nul doute, que Martin serait l’ami de Pierre Rabhi ou soutiendrait la cause des Indignés. En effet, ce soldat de l’Empire romain finissant (sa vie se déroule sur le IVème siècle), adopte la cause des pauvres et des déshérités par un geste qui en fait un saint avant même sa canonisation :
il partage sa cape avec un indigent qui est en train de mourir, littéralement, de froid. Vous me direz, il aurait pu lui filer la cape en entier. Sauf que Martin ne rigolait pas avec le règlement. Et la règle militaire à l’époque voulait que la moitié de l’habit appartînt à l’armée, l’autre au légionnaire. N’empêche qu’il donne, par cette moitié, la totalité de ce qui lui appartient… Pour la petite histoire, le bout de cape en question aurait été acheminé plus tard à la chapelle palatine d’Aix la Chapelle… Ce qui aurait donné d’ailleurs le nom « chapelle » (lieu où l’on garde la c/h/ape du Saint). De même, Martin donneur de cape aurait été choisi comme patron protecteur des … Capé/tiens.
L’ÉVÊQUE DES PAUVRES
Il épouse alors l’église catholique, balbutiante encore, à cette époque où cultes romains et paganisme font bon ménage dans les campagnes françaises. Il s’entoure du clergé régulier (les moines, qui vivent selon des règles drastiques et dans la pauvreté, comprennent son combat). Le clergé séculier, celui des villes notamment, a trop tendance, à son goût, à s’installer dans le confort…. L’événement majeur pour lui, et pour la légende dorée qui naîtra ensuite, c’est sa nomination comme évêque de Tours. Quel chemin pour cet homme né en Hongrie et amené à présider le lourd évêché de Tours. Et quelle surprise pour les instances religieuses de Tours quand elles constatent que le nouvel évêque est un homme d’action, qui veut revenir à l’esprit de l’Évangile. Pauvreté et générosité. La loi d’amour quoi. Il se met alors en route. On le croise sur les routes de campagne, visitant les plus humbles, leur apportant la bonne parole. Ça ne vous rappelle pas quelqu’un ? Sauf que là, l’évêque Martin veut amener à cette loi d’amour des populations rustres, qui pratiquent encore des cultes païens et adhèrent à des croyances superstitieuses. Il arpente ainsi son évêché, mais pas que. Il sillonne les routes du nord, de la France et de l’Europe. Le culte de Saint Martin est très vivace en Belgique et en Allemagne. Comme le prouve cette sculpture contemporaine de Saint Martin, à Mayence, en Allemagne.
L’évêque des pauvres n’est d’ailleurs pas mort sur son siège épiscopal. Il est mort en pleine mission d’évangélisation, à Candes, près de Tours.
UNE TRADITION DUNKERQUOISE
Et c’est au cours d’une de ses nombreuses campagnes d’évangélisation qu’il se serait retrouvé à …Dunkerque. Et là, vous connaissez la légende. Son âne, le cheval du pauvre comme chacun sait, se serait égaré dans les dunes. Les enfants, figures de l’innocence que Martin voulait raviver dans le culte chrétien, l’aident à retrouver la bête. En récompense de leur persévérance à avancer dans l’obscurité guidés par la lumière (celle de la foi ? de l’amour?), l’homme pieux accomplit un miracle : il transforme les crottes de l’humble animal en petits pains… Observez bien le cortège qui suit Saint Martin : bien souvent, il est emmené par 4 porteurs de flambeaux… Symboles des 4 Evangiles que voulait répandre autrefois l’homme saint et qui le guidaient dans les ténèbres de l’ignorance… ?
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE
Une fête de la lumière. Aussi. Vaincre l’obscurité naissante de l’hiver qui s’approche en cheminant, lanterne à la main. C’est un avant goût du solstice d’hiver, au mitant de l’année, qui annonce le retour progressif de la lumière. La Saint Martin serait comme une répétition générale de ce grand spectacle. Alors, le 10 novembre, au cœur du cortège de lampions, de betteraves et des enfants illuminés de joie, souvenons-nous un peu de cet homme qui, avant d’être un frère de Saint Nicolas et un vieil oncle du père Noël, fut un homme d’amour qui savait s’indigner…
« Ça fait 5 semaines que je confine comme un vieil oignon. J’en peux plus Gaston. J’en peux plus ! ». Confinement, solitude, ennui, envie de partager, d’écrire, de jouer… Et c’est ce qu’ont fait l’année dernière les auteurs de Duos confinés, opus premier : Pascal Rohart et Juliette Bonenfant, membres du collectif théâtral Les Armateurs. Re confinement et re couvre-feu. Ils ont remis ça. Pascal s’est trouvé une autre partenaire de jeu : Coralie Dupuis. Écrire à distance, s’envoyer des répliques comme des balles, répondre et filer le texte jusqu’à sa fin… L’opus 2 est né, prêt à être édité : Duos confinés… et vaccinés… contre la morosité, bien entendu…
Cette fois-ci, ils se sont imposé une consigne supplémentaire : partir des paroles d’une chanson.Laisse béton, Je suis venu te dire que je m’en vais ou On n’est pas là pour se faire engueuler… L’accroche sonne comme un refrain bien connu mais le dialogue emmène souvent là où on ne s’attend pas. Amours inavouées, scènes de ménage, violences conjugales, meurtres passionnels, pervers narcissiques, homophobie, jalousie, crise de la cinquantaine, et autres couplets sur les relations difficiles entre « Elle », « Lui » et « L’autre ». Variations sur un thème bien contemporain. Gaston, y a l’téléphon qui son, Mathilde est revenue, et entre eux Y a d’la rumba dans l’air ! Le contexte sanitaire apparaît toujours en filigrane dans ces duos, et il exacerbe les relations humaines. La destinée de chacun, de chacune, apparaît plus comique…ou plus tragique…
« On s’fait chier comme des cons dans des boulots de merde, pour s’acheter des choses de merde pour remplir nos vies de merde. ».
La drôle de période dont nous sortons peu à peu a eu le mérite de nous amener à nous recentrer sur l’essentiel… L’autre. Qui nous a tant manqué…
« Vous êtes seul sur votre chemin. » Et les nouvelles technologies n’ont pas toujours rapproché ceux qui s’aiment… « zoom, mikogo, citrix, go to meeting, fast viewer, webmex meetings, whereby, jitsi meet… (…) C’est pas avec tout le monde qu’on se partage le saucisson de nos jours ! Tout le monde se méfie de tout le monde et tout le monde mange son saucisson tout seul. » Une fois l’écran éteint, « Ça tape sur le système la solitude. ». Sic.
Heureusement, la vie reprend son cours. Les théâtres sont ouverts et les acteurs jouent. Enfin, ceux du collectif Les Armateurs vous proposent une lecture publique de ces Duos confinés, le jeudi 23 septembre à 19h à la BIB, Dunkerque. Les informations sont ici.
Et bientôt, vous pourrez vous régaler à la lecture des 18 textes de ces nouveaux Duos confinés…et vaccinés. Pour vous les procurer, composez le 06 64 80 53 93. Ou bien c’est par là.
« Tu crois qu’à l’approche de la cinquantaine, il n’y a que toi pour t’interroger sur notre place dans l’existence. Chacun fait comme il peut et souvent avec pudeur, silence et humilité. »
Alors que le plupart se préparent à réveillonner en petits comités, pandémie oblige, pour fêter le passage du vieil an à l’année nouvelle, vous êtes-vous déjà interrogés sur le pourquoi de cette tradition ? Et puis, la nouvelle année a-t-elle toujours commencé le 1er janvier ? Et puis encore, tous les peuples de la terre vivent-ils selon le même calendrier ? Zoom sur le temps, et sa relativité…
LE RENOUVEAU
Ce qu’on fête dans l’année nouvelle, c’est un renouveau. Celui de la nature. C’est pourquoi, le nouvel an se situe souvent, dans les régions tempérées, entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps. Solstice d’hiver : point de bascule de l’année où les jours vont progressivement s’allonger. Mort apparente de la nature, mais gestation du renouveau. Equinoxe : équilibre parfait du jour et de la nuit. Renaissance. Ainsi, le calendrier berbère place le nouvel an au 12 janvier ; le calendrier chinois, entre le 20 janvier et le 19 février. Mais cela n’est valable que sous nos climats. Le temps reste inéluctablement lié à l’espace. La situation géographique, la relation au ciel (astronomie et religion), le nombre de saisons influencent donc le repérage calendaire des êtres humains… Les musulmans, pour ne citer que leur exemple, sont passés à l’année nouvelle du calendrier hégirien le 20 août dernier… La notion de renouveau, même si elle semble partagée par l’ensemble de l’humanité, ne se manifeste pas partout de la même façon.
Calendrier égyptien.
Ainsi, les anciens Égyptiens commençaient leur année au moment de la crue du Nil, vers le 19 juillet. Pour les Romains d’avant Jules César, c’était les Ides de Mars qui marquaient le début. Un peu comme dans le calendrier perse zoroastrien, qui prenait l’équinoxe de printemps, le 21 mars, comme point de départ de l’année nouvelle. Pour les Hébreux, c’est Roch Hachana, début du calendrier lunaire, fiscal et agricole. Pour les musulmans, c’est aussi à peu près à cette date, puisque leur religion s’appuie aussi sur un calendrier lunaire. Dis-moi quand tu fêtes le nouvel an, je te dirai qui tu es… Calendrier solaire pour les sédentaires. Lunaire pour les peuples à tradition nomade. Solstice, équinoxe. Soleil, lune. Le renouveau n’est pas le même pour tous…
Calendrier zoroastrien.
L’AN ZÉRO
Et puis, le point de départ n’est pas le même non plus. L’an « zéro ». Pour les musulmans, c’est l’hégire qui marque l’an zéro. L’hégire : le départ du prophète Mahomet de la Mecque pour l’actuelle cité de Médine, et la création de l’Islam. Selon notre calendrier, cet an zéro correspond à notre 16 juillet 622. La France a, elle aussi, connu des soubresauts calendaires : lors de la Révolution Française. Le calendrier républicain entre en vigueur le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793), mais débute le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), jour de proclamation de la République, déclaré premier jour de l’« ère des Français ». Il sera utilisé de 1792 à 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris.
Calendrier républicain.
Ainsi, si ce calendrier était resté en vigueur, notre Président de la République nous aurait déjà présenté ses vœux le 22 septembre dernier, et nous serions aux alentours de l’année 228…
Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d’une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C’est ça la relativité. Albert Einstein, Physicien
DE LA LUNE AU SOLEIL
Et notre calendrier alors, de quand date-t-il ? Remontons aux anciens Romains, puisque notre tradition calendaire en est un héritage. Les Romains avaient placé leur « an zéro » à la création de Rome, en 753 avant JC. D’ailleurs, ils utilisaient l’abréviation AUC après chaque date évoquée. Ab Urbe Condita : « depuis la création de la ville ». Lui-même serait un héritage grec, et lunaire. Une année de 10 mois, de 30 jours chacun, et le premier de l’an tombe en mars ; ainsi septembre est bien le 7ème mois de l’année ; octobre, le 8ème ; novembre, le 9ème et décembre, le 10ème. Il faut attendre le roi Numa Pompilius, vers le VIIIème siècle avant JC, pour que soient inventés les mois de janvier et de février. Je vous passe les détails et les calculs, mais il a fallu inventer aussi un « 13ème mois » (et pas rémunéré celui-là !) pour rééquilibrer le nombre de jours par année. Le calendrier est modifié par Jules César, en 45 av. J.-C., en 709 AUC…
Calendrier julien.
Le calendrier julien abolit les mois intercalaires ; il ajoute un jour au mois de septembre, pour rattraper progressivement le retard accumulé par l’ancien calendrier romain républicain. Le calendrier julien apporte une solution plus radicale car non calquée sur le cycle lunaire, et plus durable. Jules César préfère le soleil à la lune…
DE JULES À GRÉGOIRE
Notre calendrier, celui qui rythme nos jours, nos semaines, nos mois et nos années, a été établi en 1582, par le pape Grégoire XIII. D’où son nom : calendrier grégorien. L’an zéro : la naissance de Jésus Christ. Le calendrier grégorien reprend, en grande partie, les divisions du calendrier julien. Mais la grande innovation, c’est l’introduction des années bissextiles. Qui permettent de caler le temps des hommes sur la course du soleil. Qui permettent au printemps de toujours tomber un 21 mars. Qui permettent aux hommes de ne plus perdre leur temps… Ainsi, le calendrier grégorien est officiellement mis en place le vendredi 15 octobre 1582, le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 ! Cette année-là, on passa du 4 au 15 en une nuit ! Évidemment, tous les pays n’adoptent pas ce nouveau calendrier tout de suite. Les pays où dominaient les cultes protestants (l’Angleterre ou la Suède par exemple) mirent du temps à l’adopter. L’astronome Kepler s’amusait à dire que les Protestants préféraient obéir au Soleil qu’au Pape… L’Église orthodoxe, elle aussi, met du temps à adopter ce nouveau calendrier. La Russie vit encore au rythme du calendrier julien jusqu’à la Révolution d’Octobre.
Le temps n’a qu’une réalité, celle de l’instant. Autrement dit, le temps est une réalité resserrée sur l’instant et suspendue entre deux néants. Gaston Bachelard, Philosophe et épistémologue
La course de la terre autour du soleil.
Étrange n’est-ce pas, et vertigineux aussi, de se dire que le temps nous échappe… Que les dates ne sont que des nombres sur des calendriers de papier… Que les années n’ont pas d’importance… Que tout ça est invention humaine… Que seules comptent les courses de la Lune et du Soleil, et le retour du printemps…