Touche à tout de la Renaissance, écrivain et poète, juriste, garde des Sceaux, sorte de Super Premier Ministre de Catherine de Médicis, Michel de L’Hospital est un personnage qui mérite d’être connu. Il est mort un 13 mars, de l’année 1573. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir cette figure de la modération en matières politique et religieuse. L’occasion aussi de se demander si la tolérance est bien « la première des vertus », comme il l’affirmait lui-même…
LE SAGE ET LES FOUS

1560. Un tiers de la noblesse française est réformée. C’est-à-dire protestante. Elle suit la doctrine religieuse du réformateur Calvin. Elle soutient les Condé, maison qui donnera naissance au futur Henri IV, protestant qui deviendra roi de France comme chacun sait. Mais la maison royale demeure catholique. Le tout jeune roi de France, François II (15 ans) vient d’épouser Marie Stuart (tout aussi adolescente). Et tous deux sont soutenus par les Guise, farouches catholiques. Le contexte, vous le reconnaissez : c’est celui, tragiquement historique, des Guerres de Religions, qui déchirent la France depuis les années 1520, et qui ne s’achèvent qu’avec ce siècle, vers 1598. Michel de L’Hospital a donc fort à faire. Huguenot lui-même, il réussit d’abord à empêcher que l’Inquisition ne revienne en force pour poursuivre les « hérétiques ». Puis, il prononce le célèbre Discours de tolérance devant les états généraux d’Orléans, le 13 décembre 1560, dans le vain espoir de rapprocher les Français : « Tu dis que ta religion est meilleure. Je défends la mienne. Lequel est le plus raisonnable : que je suive ton opinion ou toi la mienne ? Ou qui en jugera si ce n’est un saint concile ? Ôtons ces mots diaboliques, noms de partis, factions et séditions, luthériens, huguenots, papistes, ne changeons le nom de chrétiens ! ». Comprenez : gardons notre désignation commune de « chrétiens », sans distinction. Quelle noble intention ! Malheureusement, notre humaniste, par sa position raisonnable et modérée, ne parvient qu’à échauffer davantage les enragés de pouvoir. Les fous de Dieu. Il échappe de peu aux massacres de la Saint Barthélémy. 24 août 1572. Le jour le plus sanglant de ces guerres de religions. Le jour emblématique du fanatisme à l’œuvre. Michel de L’Hospital en réchappe, donc. Mais son humanisme est meurtri au plus intime. Il se retire des affaires politiques. Il se retire du monde. Il s’éteint quelques mois plus tard.

LA TOLÉRANCE : UNE VERTU ?
Le grand Voltaire désignait Michel de L’Hospital comme « le plus grand homme de France, si ce titre est dû au génie, à la science et à la probité réunies. » Essai sur les mœurs et l’esprit des nations.
Voltaire s’est certainement inspiré du Discours de Tolérance de Michel de L’Hospital pour rédiger son Traité sur la Tolérance, paru 1763. Ce texte fondamental, dans l’histoire de la tolérance et dans l’invention de la laïcité en France, vise la réhabilitation de Jean Calas. Ce protestant avait été, à tort, accusé d’avoir assassiné son fils afin d’éviter que ce dernier ne se convertisse au catholicisme. Il fut exécuté malgré l’intervention véhémente, et risquée, de Voltaire.
Dans ce Traité sur la Tolérance, Voltaire invite lui aussi à la tolérance entre les religions et prend pour cible le fanatisme religieux. Lutte du philosophe contre les « fous de dieu », toujours actifs au Siècle des Lumières … :
Mais en bonne foi, parce que notre Religion est divine, doit elle régner par la haine, par les fureurs, par les exils, par l’enlèvement des biens, les prisons, les tortures, les meurtres, et par les actions de grâces rendues à Dieu pour ces meurtres ? Plus la Religion Chrétienne est divine, moins il appartient à l’homme de la commander.
Et Voltaire de citer d’illustres prédécesseurs pour argumenter son propos :
C’est une impiété d’ôter, en matière de Religion, la liberté aux hommes, d’empêcher qu’ils ne fassent choix d’une Divinité ; aucun homme, aucun Dieu ne voudrait d’un service forcé. (Apologétique, ch. 24.)
Persécuterons-nous ceux que Dieu tolère ? Saint Augustin
Et Voltaire de conclure :
Quand nos actions démentent notre morale, c’est que nous croyons qu’il y a quelque avantage pour nous à faire le contraire de ce que nous enseignons ; mais certainement il n’y a aucun avantage à persécuter ceux qui ne sont pas de notre avis, et à nous en faire haïr. Il y a donc, encore une fois, de l’absurdité dans l’intolérance. Fin du ch. 15 du Traité sur la Tolérance.

Le Traité sur la tolérance est vraisemblablement toujours d’actualité. En effet, en janvier 2015, à la suite de l’attentat contre Charlie Hebdo, l’ouvrage de Voltaire se place au sommet des ventes des librairies un peu partout dans le monde. Ses ventes en France passent de 11 500 en 2014 à 185 000 exemplaires fin 2015…
La tolérance : force des faibles ou faiblesse des forts ? Michel de L’Hospital, Voltaire ont ouvert la voie d’un combat qui paraît sans fin…
[…] (voir un précédent article du Mag@zoom à propos de cet homme bienveillant quoique méconnu : ici). Auparavant, le début de l’année variait selon les provinces : à Lyon, c’était le […]
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[…] Un indice : ici. […]
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[…] Il s’agit de Michel de L’Hospital, touche à tout de la Renaissance, écrivain et poète, juriste, garde des Sceaux, sorte de Super Premier Ministre de Catherine de Médicis, figure de la modération en matières politique et religieuse. La tolérance est « la première des vertus », selon lui… Un personnage à re découvrir : là. […]
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