Si vous n’avez pas vu le film sorti en février 2016 qui lui est consacré, peut-être pourrez-vous revoir ce documentaire, réalisé par Thierry Michel, en replay sur la chaîne de Public Sénat. Un film choc qui permettra, autant que le souhaite cet article, de prendre conscience d’un drame humanitaire et « fémicide » qui se joue, depuis 20 ans maintenant, en République Démocratique du Congo. Et qui permettra de rendre hommage à un homme extraordinaire, dont l’action mérite d’être saluée unanimement : Denis Mukwege.
UN « FÉMICIDE » ORGANISÉ
La géopolitique de la RDC est complexe, comme dans la plupart des pays d’Afrique. La situation troublée de la RDC s’enracine dans le conflit fratricide du Rwanda qui oppose Hutu et Tutsi d’une part ; et d’autre part dans l’opposition au régime autocratique du Président Mobutu, opposition menée par Laurent-Désiré Kabila. De là, des conflits incessants, notamment dans l’est du pays, à la frontière avec le Rwanda voisin. C’est dans cette zone que sont perpétrés des viols collectifs, de femmes mais aussi de très jeunes filles, parfois mineures. Le viol collectif comme arme de guerre. Chouna Malgondo, journaliste congolaise réfugiée en France à la Maison des Journalistes en 2010, expliquait ainsi la situation de son pays :
Bien que le conflit soit officiellement terminé depuis la signature d’accords de paix en décembre 2002, l’est du pays continue d’être le théâtre de combats et de pillages, perpétrés par divers groupes armés. Les violences restent particulièrement fortes dans la région du Kivu, dans le Katanga, et en Ituri (…). Les différents groupes armés continuent de défendre leurs propres intérêts et leur lutte pour le contrôle d’un territoire s’accompagne souvent d’exactions sur les populations civiles, de pillages. Dans un pays où les structures de santé sont défaillantes ou inexistantes, la situation générale demeure très précaire. En RDC, des centaines de milliers de femmes sont violées depuis 1994, en marge de la guerre civile. Des crimes impunis, malgré la résolution de l’ONU votée en juin 2008 et qui considère le viol comme arme de guerre. Le viol peut donc constituer un crime de guerre, un crime contre l’humanité ou un élément constitutif de génocide.
Carte de la RDC.
Denis Mukwege et l’équipe de chirurgiens qu’il forme en RDC, dénoncent aussi les viols, de plus en plus nombreux, commis sur des enfants. Cette pratique tend à se répandre dans la société. Et ce sont des êtres abîmés que le professeur tente de «réparer»…
L’HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES
Denis Mukwege est né en 1955 au sud Congo, à l’époque où le pays est encore colonie belge. Il se forme à la médecine à l’université du Burundi, et se spécialise en gynécologie en Europe, à l’université d’Angers puis à l’université libre de Bruxelles. Il est devenu «un ange qui soigne», comme le dit avec beaucoup de fierté sa maman dans le documentaire. Mais contrairement à d’autres Africains qui font carrière dans les pays dits développés, il décide de retourner dans son pays d’origine pour venir en aide aux populations les plus en détresse. Il devient ainsi médecin directeur de l’hôpital de Lemera dans le Sud Kivu. Hôpital violemment détruit lors de la Première Guerre du Congo en 1996. Le Docteur Denis Mukwege a la vie sauve. Il se réfugie à Nairobi, puis décide de retourner en RDC. Il y fonde l’hôpital Panzi à Bukavu.
Le Docteur Denis Mukwege en 2014.
C’est là qu’ il découvre avec horreur une pathologie nouvelle qui le marque et donne une nouvelle orientation à son action en faveur de l’humanité : la destruction volontaire et planifiée des organes génitaux des femmes. Il fait connaître au monde cette barbarie sexuelle dont les femmes sont victimes à l’Est du Congo où le viol collectif est utilisé comme arme de guerre. Il se spécialise dans la prise en charge des femmes victimes de viols collectifs. Prise en charge physique, psychique, économique et juridique. C’est à ce titre qu’il a reçu un doctorat honoris causa de l’université d’Umeå (Suède) en octobre 2010. Au cours de la même année, il a reçu la médaille Wallenberg de l’université du Michigan. Auparavant, en 2008, il a été élevé au rang de Chevalier de la Légion d’Honneur en France et a reçu le Prix des Droits de l’Homme des Nations Unies. En 2014, il reçoit le Prix Sakharov.
Ce médecin, ce bienfaiteur de l’humanité, est le sujet de ce film documentaire, de Thierry Michel et Colette Braeckman :L’homme qui répare les femmes. La colère d’Hippocrate. Il retrace l’histoire et le combat du docteur Denis Mukwege.
Le docteur profite de ce coup de projecteur donné à son action pour intervenir de plus en plus dans les médias. Ce qu’il dénonce : l’injustice. Les criminels, auteurs de viols, ne sont toujours pas jugés. Denis Mukwege réclame que justice soit faite. Denis Mukwege s’insurge contre les violences faites aux femmes, partout dans le monde, en cas de conflits. Denis Mukwege veut une réelle prise de conscience que ces crimes contre les femmes, et aujourd’hui contre les enfants, sont des crimes contre l’humanité. Nous l’entendons ici lors de son passage à Paris en mars 2016 :
6 commentaires sur “DENIS MUKWEGE : L’HOMME QUI REPARE LES FEMMES”
[…] Et saluons au passage le travail de Denis Mukwege, l’homme qui répare les femmes. Il est étonnant que cet homme-là, décoré de distinctions diverses et variées, n’ait pas encore tout bonnement reçu le Prix Nobel de la Paix. Son portrait : ici. […]
Bonjour â vous ,cet homme qui mériterait â être connut. et même un Nobel ,je peux imaginer les problèmes qu il a dut avoir pour se battre pour ses convictions. Alors grand respect â lui et à ses collaborateurs ,akim
Merci Hakim pour votre commentaire. Oui, Denis Mukwege prend des risques, il a même mis sa vie en danger plus d’une fois. Espérons que la notoriété, dont il bénéficie un peu aujourd’hui, lui permette de continuer son œuvre bienfaisante…
Cet homme est un bienfaiteur de l’humanité.Il a certainement besoin qu’on l’aide , ne serait-ce qu’en faisant stopper les conflits.dans cette région où les multinationales essaient de jouer des coudes pour s’emparer de ressources!
Je suis tout à fait d’accord avec vous Véronique : la solution est politique ET économique. Les deux domaines se mélangent trop et provoquent les drames que nous connaissons… Merci pour votre soutien !
Je manque de mots pour qualifier ces actions. Il est amoureux de l’humanité, courageux et altruiste. Ce genre de personnes nous fait comprendre, qu’au delà de tous les clivages de ce monde, il y a de place pour semer des grains de bonheur un peu partout.
[…] Et saluons au passage le travail de Denis Mukwege, l’homme qui répare les femmes. Il est étonnant que cet homme-là, décoré de distinctions diverses et variées, n’ait pas encore tout bonnement reçu le Prix Nobel de la Paix. Son portrait : ici. […]
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Bonjour â vous ,cet homme qui mériterait â être connut. et même un Nobel ,je peux imaginer les problèmes qu il a dut avoir pour se battre pour ses convictions. Alors grand respect â lui et à ses collaborateurs ,akim
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Merci Hakim pour votre commentaire. Oui, Denis Mukwege prend des risques, il a même mis sa vie en danger plus d’une fois. Espérons que la notoriété, dont il bénéficie un peu aujourd’hui, lui permette de continuer son œuvre bienfaisante…
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Cet homme est un bienfaiteur de l’humanité.Il a certainement besoin qu’on l’aide , ne serait-ce qu’en faisant stopper les conflits.dans cette région où les multinationales essaient de jouer des coudes pour s’emparer de ressources!
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Je suis tout à fait d’accord avec vous Véronique : la solution est politique ET économique. Les deux domaines se mélangent trop et provoquent les drames que nous connaissons… Merci pour votre soutien !
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Je manque de mots pour qualifier ces actions. Il est amoureux de l’humanité, courageux et altruiste. Ce genre de personnes nous fait comprendre, qu’au delà de tous les clivages de ce monde, il y a de place pour semer des grains de bonheur un peu partout.
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