DE SAINT NICOLAS AU PERE NOEL…

Le 6 décembre, la plupart des pays du Nord de l’Europe fêteront Saint Nicolas… Alors que dans d’autres régions, on attend plutôt, et avec une impatience non  dissimulée, la venue du Père Noël. Beaucoup ne s’embarrassent pas de choix cornéliens et fêtent les deux figures tutélaires de l’enfance, de la famille et de la joie. Et si ces deux figures n’en faisaient qu’une… Portraits croisés…

QUI EST DONC CE NICOLAS SI SAINT ?

Nicolas est né en Lycie, province d’Anatolie. Bout de la Turquie d’aujourd’hui. Il devient évêque de Myre, ville turque, en l’an 300 de notre ère, succédant à son oncle, lui-même évêque. Jusque là, rien d’extraordinaire.  Pourquoi est-il donc devenu aussi populaire dans tout le Nord de l’Europe et dans certains pays des Balkans ? Ce qui rend ce personnage extraordinaire, c’est sa personnalité généreuse et déterminée. D’ailleurs, ce sont souvent les personnalités généreuses et déterminées qui entrent dans la légende. Souvenez-vous de l’autre évêque, devenu saint très populaire lui aussi, Martin, fêté le 10 novembre. Nicolas, lui, ne partage pas son manteau avec un indigent. Mais il partage. Et vient en aide à ceux qui sont dans le besoin. L’histoire, puis la légende, retiennent de lui qu’il a donné trois sacs d’or à son voisin, pour qu’il puisse constituer des dots à ses filles, et leur épargner ainsi la prostitution. On dit aussi qu’il sauva de la famine la ville de Myre en persuadant des marins de se délester d’une partie de leur cargaison de grains.

Saint Nicolas sauve 3 condamnés à mort, innocents.
Saint Nicolas sauve 3 condamnés à mort, innocents.

Il sauve aussi trois jeunes gens injustement condamnés à mort. Il sauve des pêcheurs de la noyade. Et dans la légende que tout le monde connaît, il aurait sauvé trois enfants, découpés en morceaux par un méchant boucher et jetés au saloir pendant 7 ans… Ça, c’est la légende que l’on colporte, mais elle symbolise bien les actes de charité accomplis par l’évêque  : le sel de la mer, sel de sagesse que diffuse le personnage. Les 3 enfants symbolisent peut-être aussi l’innocence de ces trois condamnés à mort injustement. Il nourrit, il libère, dans tous les sens des termes, ceux qui le côtoient. Et c’est peut-être pour cela qu’il est devenu le patron de beaucoup de corporations (marins et commerçants, entre autres) et des enfants. Des reliques sont conservées. Notamment une phalange, à Saint Nicolas de Port, en Lorraine, où Saint Nicolas est très populaire.

Zwarte Piet, l'alter ego négatif de Sinter Klaas, en Belgique.
Zwarte Piet, l’alter ego négatif de Sinter Klaas, en Belgique.

Le Père Fouettard qui l’accompagne, et qui punit les bêtises quand lui récompense la sagesse, est une invention plus tardive. Il rappelle le boucher de la légende. On raconte que ce sont les Lorrains qui auraient inventé la figure de son alter ego maléfique, Rubbelz, «Robert à la fourrure», que les Belges appellent Zwarte Piet. Enfin, la monture de l’évêque ajoute encore à l’humilité du personnage : l’âne de Saint Nicolas est aussi célèbre que celui de Jésus ou celui de Saint Martin… Il n’est pas trop tard pour que vos enfants écrivent une lettre à ce saint si populaire : un service de la poste belge leur répondra volontiers… Voici l’adresse : Saint Nicolas, Rue du Paradis no 1, 0612 CIEL…

QUAND SANTA CLAUS DEVIENT PÈRE NOËL

Après la Réforme protestante survenue au XVIe siècle, la fête de Saint Nicolas est abolie dans certains pays européens. Les Hollandais conservent cependant cette ancienne coutume catholique. Au début du XVIIe siècle, des Hollandais émigrent aux États-Unis et fondent une colonie, « Nieuw Amsterdam » qui, en 1664, devient New York. En quelques décennies, cette coutume néerlandaise de fêter la Saint-Nicolas se répand dans ces jeunes États. Pour les Américains, Sinter Klaas devient rapidement Santa Claus. Et on le fête de plus en plus tard, les catholiques du Nouveau Monde associant ce saint préféré des enfants à la fête de Noël. En 1821, un pasteur américain, Clément Clarke Moore écrit un conte de NOËL pour ses enfants. Un personnage sympathique y apparaît, dodu, jovial et souriant… Ainsi naît le Père Noël, dans son traîneau tiré par huit rennes. La mitre de Saint Nicolas devient bonnet, la crosse sucre d’orge. Et l’âne est remplacé par 8 rennes fringants.  En 1860, Thomas Nast, illustrateur et caricaturiste au journal new-yorkais Harper’s Illustrated Weekly, revêt Santa-Claus d’un costume rouge, garni de fourrure blanche et rehaussé d’un large ceinturon de cuir. C’est Coca Cola, en 1931, qui popularise la figure du Père Noël, telle que nous la connaissons aujourd’hui, dans une campagne de publicité incitant à consommer sa boisson gazeuse même en hiver…

Coca Cola popularise la figure du Père Noel dans les années 1930...
Coca Cola popularise la figure du Père Noel dans les années 1930…

 Saint Nicolas et le Père Noël offrent des cadeaux… Le nôtre ? Cette Cantate pour Saint Nicolas écrite par Benjamin Britten en 1948 pour le centenaire du Lancing College :

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SVETLANA ALEXIEVITCH. LA FIN DE L’HOMME ROUGE OU LA TRAGEDIE DU CAPITALISME

Pourquoi cette popularité de Poutine dans les pays de l’ex Union Soviétique ? Pourquoi même cette nostalgie de Staline ? Les écrits de Soljenitsyne ne font même plus frémir la jeunesse russe d’aujourd’hui… Et les posters de Lénine côtoient ceux du Che dans les chambres des ados du vaste empire déchu… Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de Littérature 2015, outre qu’elle invente un nouveau genre littéraire – la réécriture de témoignages – apporte quelques réponses à cette paradoxale idéologie russe contemporaine…

«Sur les cent millions de personnes qui peuplent la Russie soviétique, nous devons en entraîner derrière nous quatre-vingt-dix millions. Les autres, on ne peut pas discuter avec eux, il faut les anéantir.» Comment la population russe d’aujourd’hui a-t-elle oublié ces paroles de Zinovev, membre du Politburo et Président de l’Internationale communiste dans les années 1920 ? Comment a-t-elle pu oublier le goulag et les monstruosités de près d’un quart de siècle de terreur stalinienne ? La Fin de l’homme rouge, publié en 2013, apporte des réponses… Ou plutôt les hommes et les femmes que l’auteure rencontre et interroge.

La Fin de l'homme rouge, Svetlana Alexievitch (2013)
La Fin de l’homme rouge, Svetlana Alexievitch (2013)

LA SERVITUDE VOLONTAIRE

La Boétie l’a inventée, l’homme russe l’a expérimentée. Et Svetlana Alexievitch de citer Dostoïevski :

L’homme resté libre n’a pas de réoccupation plus constante ni plus torturante que de trouver au plus vite quelqu’un devant qui s’incliner (…) et à qui remettre ce don de la liberté avec lequel cette malheureuse créature vient au monde.  Les Frères Karamazov (1879).

Aujourd’hui, la moitié des jeunes de 19 à 30 ans considèrent Staline comme « un très grand homme politique ». Tout ce qui est soviétique revient à la mode : les cafés soviétiques, le saucisson soviétique, la vodka soviétique. Masochisme ? Voici ce que Svetlana Alexievitch entend dans les cuisines où elle laisse traîner son magnétophone, entre 1991 et 2001 :

Nous parlons tout le temps de la souffrance… C’est notre voie à nous vers la connaissance. Les Occidentaux nous paraissent naïfs  parce qu’ils ne souffrent pas comme nous, ils ont des médicaments pour le moindre petit bouton. Alors que nous, nous avons connu les camps, nous avons recouvert la terre de nos cadavres pendant la guerre, nous avons ramassé du combustible à main nue à Tchernobyl. Et maintenant, nous nous retrouvons sur les décombres du socialisme. Comme après la guerre. Nous sommes coriaces, de vrais durs… Et nous avons notre langage à nous… Le langage de la souffrance…

Nostalgie de Staline...
Nostalgie de Staline…

Fatalisme ? Déterminisme de la misère sociale ? Ils se sont retrouvés des milliers, anciens ingénieurs, professeurs d’universités, et autres cerveaux de l’empire soviétique, déclassés avec l’avènement de Gorbatchev et de sa pérestroïka. Avec, à sa suite, Eltsine et la capitalisation des ressources et du marché russe. Avec cette entrée brutale dans le capitalisme sauvage qui marque les années 1990 dans l’ancien monde soviétique. Les témoins qu’interroge Svetlana Alexievitch parlent d’un grand espoir déçu : la foi en un homme nouveau, qui ne connaîtrait plus l’uniformité monotone du communisme et pourrait s’offrir la nourriture et les biens de consommation « exotiques » tant vantés par les fossoyeurs du stalinisme. Il n’en fut rien : les tickets de rationnement et le système D sont le nouveau quotidien de ceux qui se sont pris de plein fouet l’injustice capitaliste. Qui prend le visage soudain d’une mafia toute puissante ou de nouveaux riches à la réussite obscène. Voici un autre témoignage cueilli sur la Place Rouge, en décembre 1997 :

Je suis ouvrier dans le bâtiment. Jusqu’au mois d’août 1991, on a vécu dans un pays, et depuis, on vit dans un autre pays. (…) Qui suis-je ? Un de ces imbéciles qui ont pris la défense d’Eltsine. (…)  La Russie, on s’est essuyé les pieds dessus. N’importe qui peut lui taper sur la gueule. On en a fait un dépotoir dans lequel l’Occident se débarrasse de ses vieux vêtements et de ses médicaments périmés. De sa camelote ! Le pouvoir soviétique ? Ce n’était pas idéal, mais c’était mieux que ce qu’on a maintenant. Plus digne. (…) Il n’y avait pas de gens excessivement riches, ni de pauvres, pas de sans abris ni d’enfants des rues… Les vieux pouvaient vivre avec leur retraite, ils ne ramassaient pas les bouteilles vides ni les restes de nourriture dans les poubelles. (…) Bon, qu’est-ce qu’on voulait ? Un socialisme plus doux, plus humain… Et qu’est-ce qu’on a ? Un capitalisme sauvage. Avec des fusillades, des règlements de comptes, pour savoir qui aura un kiosque, qui aura une usine…

Visage de la pauvreté en Russie...
Visage de la pauvreté en Russie…

Et encore, cet homme de 87 ans :

Nous avions un grand empire qui allait d’un océan à l’autre, du cercle polaire jusqu’aux tropiques. Où est-il passé ? Il a été vaincu sans bombe. Sans Hiroshima. Il a été vaincu par Sa Majesté le Saucisson ! C’est la bonne bouffe qui a gagné. Et les Mercedes… L’homme n’a plus besoin d’autre chose, il ne faut rien lui proposer de plus, ce n’est pas la peine. Juste du pain et des jeux ! C’est ça, la plus grande découverte du XXème siècle. La réponse à tous les grands humanistes. Et aux rêveurs du Kremlin. (…) Au lieu de la dictature du prolétariat, vous avez la loi de la jungle : dévore les plus faibles que toi, et rampe devant ceux qui sont plus forts.

Regretter la garantie d’une nourriture, d’une santé, d’une éducation et d’un travail assurés, certes… Mais de là à regretter Staline… Peut-être aurait-il fallu un procès de la terreur stalinienne, comme il en fut un de la terreur hitlérienne…

IL AURAIT FALLU UN NUREMBERG DU STALINISME

Qui ne ressentirait de l’effroi en lisant ce témoignage d’un jeune homme de 19 ans :

Je ne m’intéresse pas à la politique. Tout ce cirque ne me concerne pas. Mais j’aime bien Staline.

Imaginez-vous un seul Européen dire ouvertement aujourd’hui : « Mais j’aime bien Hitler » ? Peut-être aurait-il fallu l’équivalent d’un procès de Nuremberg pour les crimes du stalinisme… Pas une seule famille épargnée. Relisez Soljenitsyne. Lisez les témoignages recueillis par Svetlana Alexievitch.

C’est la peur qui m’a poussée à entrer au Parti. Les Bolcheviks de Lénine ont fusillé mon grand-père, et les communistes de Staline ont exterminé mes parents dans les camps de Mordovie (…) Je n’ai jamais aimé Staline. Mon père lui avait pardonné, mais pas moi. (…) Un appartement communautaire banal. Cinq familles qui vivent ensemble, vingt sept personnes. Une seule cuisine et un seul cabinet.  Deux voisines sont amies, l’une a une fille de 5 ans, l’autre est célibataire.  Dans les appartements communautaires, les gens se surveillaient les uns les autres, c’était courant. Ils s’espionnaient. Ceux qui avaient une pièce de 10 m2 enviaient ceux qui en avaient une de 25. C’est la vie, c’est comme ça… Et voilà qu’une nuit arrive un « corbeau noir », un fourgon cellulaire. La mère de la petite fille est arrêtée. Avant d’être emmenée, elle a le temps de crier à son amie : « Si je ne reviens pas, occupe-toi de ma fille. Ne la mets pas dans un orphelinat ! ». Et la voisine prend l’enfant. On lui attribue une seconde pièce. La fillette l’appelle « maman Ania ». Au bout de 17 ans, la vraie maman revient. Elle baise les mains et les pieds de son amie. (…) Sous Gorbatchev, quand on a ouvert les archives, on a proposé à l’ancienne détenue de consulter son dossier. Elle l’a ouvert : sur le dessus, il y avait une dénonciation. D’une écriture familière… Celle de sa voisine. C’était « maman Ania » qui l’avait dénoncée… Cette femme n’a pas compris. Elle est rentrée chez elle et elle s’est pendue…

Bribes de conversations à propos de la culpabilité et de l’injustice :

Il faut passer en jugement uniquement ceux qui exécutaient, ceux qui torturaient (…) et aussi ceux qui dénonçaient (…) ceux qui prenaient les enfants des « ennemis du peuple » et les envoyaient dans des orphelinats (…) les chauffeurs qui transportaient les gens arrêtés (…) le directeur des chemins de fer qui envoyait vers le Nord des wagons à bestiaux remplis de prisonniers politiques (…)

Aujourd'hui, L'Archipel du goulag ne fait plus frémir...
Aujourd’hui, L’Archipel du goulag ne fait plus frémir…

Dans la Russie post soviétique, les victimes côtoient leurs anciens bourreaux, habitent dans les mêmes immeubles, empruntent les mêmes rues… Comment supporter cela ? Pas de procès, pas de justice, pas de compte à rendre. Tout se passe comme si on avait simplement tourné une page… Et la jeunesse d’aujourd’hui se retrouve sans mémoire…

L’ÉCLATEMENT DE L’EMPIRE ET LE DÉCHAÎNEMENT DE LA BÊTE

À l’injustice, à la grande pauvreté, s’est ajouté l’éclatement territorial de l’empire. Et le déchaînement des haines communautaristes. Les Lettons, les Lituaniens, les Estoniens, les Moldaves, les Arméniens,  les Géorgiens, les Azerbaïdjanais, les  Ouzbèkes, les Tadjiks, les Tchétchènes avaient appris à vivre ensemble. Ils se sentaient soviétiques avant tout. Quand l’empire se délite, dans les années 1990, les Russes de ces républiques se retrouvent rejetés comme des  étrangers,  et à Moscou il ne fait plus bon être originaire des provinces lointaines…

1992… Au lieu de la liberté que nous attendions tous, c’est la guerre civile qui a commencé. Les habitants du Kouliab tuaient ceux du Pamir, ceux du Pamir tuaient ceux du Kouliab… (…) Ils prenaient tous leur indépendance.  Il y avait des pancartes sur les maisons : « Les Russes, foutez le camp du Tadjikistan ! » (…) Des foules d’hommes armés de barre de fer et de pierres se promenaient dans les rues de la ville… Des gens tout à fait calmes et paisibles s’étaient transformés en assassins. La veille encore, ils n’étaient pas comme ça, ils prenaient tranquillement le thé dans des salons de thé, et maintenant, ils éventraient des femmes avec des barres de fer. (…) J’ai vu un petit garçon russe se faire tuer dans la cour. Personne n’est sorti, tout le monde avait fermé ses fenêtres. (…) Il était allongé, il ne bougeait plus… Ils sont partis. Mais ils sont revenus tout de suite et ils ont continué à lui taper dessus. Des garçons tout jeunes, comme lui…(…)

La haine est partout, entre communautés. À Moscou, il existe une vie souterraine ; dans les sous sols labyrinthiques de la mégalopole vivent des centaines de Tadjiks et d’ Ouzbecks. Ils sont venus travailler à Moscou. Bien souvent sur les chantiers, pour un salaire de misère. Et il ne fait pas bon s’aventurer seul…

Un garçon qui marche dans la rue, un garçon à nous, un Tadjik… Ils l’appellent, il s’approche, et ils le flanquent par terre. Ils le tabassent à coup de batte de base ball (…) Ils le ligotent et le chargent dans le coffre d’une voiture. Ils l’attachent à un arbre dans les bois. On voit que celui qui filme cherche le bon angle. Et on lui coupe la tête. (…) Aujourd’hui, on égorge les Tadjiks, demain ce sera les riches, ou ceux qui prient un autre dieu. La guerre, c’est un loup. Et il est déjà là…

Cimetière de Grozny, Tchétchénie...
Cimetière de Grozny, Tchétchénie…

Comment conclure ? En invitant à lire et à relire Soljenitsyne bien sûr, mais aussi Svetlana Alexievitch qui se fait l’écho d’une polyphonie russe bouleversante… Que de tragédies dans les mémoires des oubliés de l’empire agonisant ! Quel cynisme de la part des nouvelles classes dirigeantes…!

Un Russe, ça tient sur trois béquilles : « on sait jamais », « on verra bien », et « on s’en sortira toujours ».

L’âme russe, si noble, si pétrie de littérature, se souviendra peut-être de ces mots que Tchékhov fait prononcer à  Trofimov dans La Cerisaie : Le voilà le bonheur, le voilà qui arrive. Il s’approche de plus en plus, j’entends déjà ses pas. Et si nous ne le voyons pas, si nous ne le reconnaissons pas, est-ce un malheur ? D’autres le verront !

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LES REVES D’ANGELE…

Elle a 12 ans, et fait preuve d’une grande maturité, déjà, pour son âge.  Élève de 6ème au Collège La Salle à Coudekerque Branche, c’est l’année dernière, alors qu’elle était l’élève de M. Brygo au CM2 de l’école élémentaire Joseph Courtois, qu’elle a été élue au CMJ. Conseil Municipal des Jeunes. De Coudekerque Branche. Myrtille et Coleen ont aussi été élues. Mais Angèle, elle, a franchi un cap supplémentaire : elle est adjointe. Responsable de la Commission Cadre  de vie et Environnement. Portrait…

Angèle Julien
Angèle Julien

Qui ne tente rien, n’a rien. Voilà l’adage populaire qui a poussé Angèle Julien à se présenter aux élections pour le CMJ, en novembre 2015. Élections organisées dans toutes les écoles élémentaires de Coudekerque Branche. Ce qui a motivé sa candidature ? La conscience aiguë de la notion d’accessibilité. Pourquoi cette préoccupation des problèmes rencontrés par les personnes handicapées pour se déplacer et vivre comme tout le monde dans l’espace urbain ? Un tremblement de terre familial. Et personnel. Son petit frère, Erwann, 7 ans, est lourdement handicapé. À 7 ans, Erwann est « comme un nouveau né ». Il ne sait pas marcher. Il ne sait pas bouger. Il ne sait pas manger. Bref, il est totalement dépendant pour vivre. Alors que les petits garçons de son âge perfectionnent leur apprentissage de la lecture et de l’écriture, jouent au foot dans les cours de récré, Erwann, lui, se bat pour exister. Et Angèle vit le handicap de son petit frère chaque jour que Dieu que fait. Et chaque jour que Dieu fait, elle assiste au combat de sa maman, Laetitia, pour porter à bout de bras cet enfant qui ne peut rien faire d’autre que vivre.

Angèle et Erwann, son petit frère
Angèle et Erwann, son petit frère

Angèle trouve sa maman « bien courageuse de s’occuper de 4 enfants, dont un lourdement handicapé ». On comprend maintenant l’engagement d’Angèle dans la ville de Coudekerque Branche au sein du CMJ. Elle se rend compte que certains établissements ou commerces sont difficilement accessibles pour les personnes en fauteuil. Certains trottoirs même ! Et cette toute jeune fille a à cœur de faciliter l’espace urbain à tous ceux qui ont du mal à se déplacer.

Son regard a d’ailleurs changé. Elle dit elle-même qu’aujourd’hui ses responsabilités, en tant qu’adjointe, lui ouvrent les yeux sur les personnes en difficulté. De l’indifférente petite fille qu’elle était, elle est devenue une adolescente sensible, altruiste et engagée. Et elle regarde aussi d’un autre œil les événements auxquels son mandat lui a permis d’assister. La Journée de la Déportation, le 24 avril dernier. La Commémoration du 8 mai 1945. La Fête Nationale du 14 juillet. Toutes ces manifestations, qu’elle regardait jusque là à la télévision, elle les a vécues en tant qu’élue. Et c’est avec beaucoup de solennité, d’émotion et de respect qu’elle y participe. Se sentant investie, vraiment, de sa mission. Elle tient aussi à participer aux réunions du mercredi après-midi. Maison de quartier du Vieux Coudekerque. Les jeunes élus se rassemblent en commissions. Et sous la houlette et les moustaches bienveillantes de Jean Luc Decreton, responsable de ces Apprentis Citoyens, ils travaillent à un avenir meilleur pour leur ville et ses habitants.

Angèle Julien au centre. Louise Minne, Maire du CMJ à droite. David Bailleul, Maire de Coudekerque Branche à gauche, le 14 juillet 2016.
Angèle Julien au centre. Louise Minne, Maire du CMJ à droite. David Bailleul, Maire de Coudekerque Branche à gauche.
Les rêves d'Angèle...
Les rêves d’Angèle…

Angèle danse, aussi. C’est sa passion depuis deux ans. Et elle a hâte du prochain gala. Angèle regarde la télévision, avec sa maman. Angèle rêve de devenir pâtissière. Elle est imbattable pour les croissants et pour les macarons au bubble gum. Angèle écoute de la musique. Les chanteurs populaires d’aujourd’hui, bien sûr. Mais Renaud aussi. Et ses Mistral gagnant. Comme un goût d’enfance trop vite passée. Comme celle d’Angèle, confrontée aux dures réalités. Comme un goût d’enfance perdue, ou pas vraiment vécue, comme celle de son petit frère…

 

images 1, 2 et 4 : photographies personnelles d’Angèle Julien.

image 3 : photographie Le Mag@zoom

DEUX GRANDS HOMMES, ENCORE

Voici la réponse à la 28ème énigme… Qui est cet homme :  né le 20 juin 1899 à Béziers, d’un père professeur d’histoire géographie. Petit fils d’un instituteur franc maçon, et évoluant dans un univers laïc, qui clame haut les valeurs de la République, on comprend alors mieux son engagement comme préfet d’Eure et Loir. On comprend mieux alors son engagement dans la Résistance et ses responsabilités dans le Conseil National de la Résistance. Il s’agit de Jean Moulin ! En septembre 1941 en effet, il rejoint l’organisation de résistance de  la France libre à Londres. Il est reçu par Charles de Gaulle à qui il fait un compte rendu de l’état de la Résistance en France et de ses besoins, notamment financiers et en armement. Il est alors envoyé à Lyon par Charles de Gaulle pour unifier les mouvements de la Résistance. Il est arrêté à Caluire, dans la banlieue de Lyon, le 21 juin 1943 et conduit au siège de la Gestapo. Là, il est torturé par le chef de la Gestapo : Klaus Barbie. Il meurt dans le train qui le transporte en Allemagne peu avant le passage de la frontière, le 8 juillet 1943. Son décès est enregistré en gare de Metz. Un cénotaphe lui est dédié au Panthéon où se trouvent les tombeaux des grands hommes de la République française. Son corps n’a jamais été identifié avec certitude, et l’urne transférée au Panthéon ne contient que les « cendres présumées de Jean Moulin ».

Pour relire l’article que nous lui avons consacré, c’est par ici.

Jean Moulin
Jean Moulin

Voici la question du jour 29… Qui a prononcé ces mots :

Ecoute aujourd’hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le Chant du Malheur. C’est la marche funèbre des cendres que voici. A côté de celles de Carnot avec les soldats de l’an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu’elles reposent avec leur long cortège d’ombres défigurées. Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France…

Un indice : là.

La réponse … demain ! Amusez-vous, encore un peu…

DEUX GRANDS HOMMES

Voici la réponse à l’énigme 27… Qui a dit :

De même que je ne voudrais pas être un esclave, je ne voudrais pas être un maître. Telle est ma conception de la démocratie.

Il s’agit d’Abraham Lincoln ! 16ème Président des États Unis. Élu pour la première fois en 1860. Le président sortant, le démocrate James Buchanan, encore en fonction à la Maison Blanche jusqu’au début de l’année suivante, est dépassé par les événements, la crise qui oppose le Nord et le Sud sur la question de l’esclavage,  et son manque d’initiative encourage les sécessionnistes du Sud, bientôt imités par dix autres États du Sud. Cette crise débouche sur la Guerre de Sécession. C’est Abraham Lincoln, qui, enfin aux commandes de la fédération, va trouver une issue au conflit. Tout en finesse, en intelligence, en humour et en tolérance. Ce grand président américain est le sujet d’un film de Steven Spielberg sorti en 2013.

Retrouvez notre article à ce sujet : ici.

Statue monumentale d'Abraham Lincoln, West Potomac Park à Washington.
Statue monumentale d’Abraham Lincoln, West Potomac Park à Washington.

28ème énigme… Qui est cet homme :  né le 20 juin 1899 à Béziers, d’un père professeur d’histoire géographie. Petit fils d’un instituteur franc maçon, et évoluant dans un univers laïc, qui clame haut les valeurs de la République, on comprend alors mieux son engagement comme préfet d’Eure et Loir. On comprend mieux alors son engagement dans la Résistance et ses responsabilités dans le Conseil National de la Résistance.

Un indice : ici.

La réponse… demain ! Amusez-vous !

PAROLES DE FRATERNITE

Tout de suite la réponse à l’énigme 26… Qui est l’auteur de La Tragédie du Roi Christophe ?

Il s’agit d’Aimé Césaire 1964. On est à l’époque en pleine décolonisation. Et cette pièce contre les tyrannies, toutes les tyrannies, semble dirigée à la fois contre l’esclavage en Haïti au début du XIXème siècle (elle s’inscrit dans ce contexte historique) et aussi contre l’Europe colonisatrice qui perd peu à peu de son hégémonie dans les années 1960. Cette pièce raconte la lutte du peuple haïtien pour la liberté. Elle raconte aussi l’irrésistible chute de Henri Christophe, ancien esclave, dans la démesure et la mégalomanie. Lui, le héros de la révolte des esclaves, compagnon de lutte de Toussaint Louverture, est nommé Président à vie en 1807, puis roi. C’est ce que Aimé Césaire raconte. À l’esclavage succède un autre esclavage. Le tyran blanc laisse la place à un tyran noir. Comment concilier les lourds héritages de l’esclavage, de la décolonisation et des racines africaines ?

Aimé Césaire
Aimé Césaire

Vous pouvez relire notre article à ce sujet : là.

Voici l’énigme 27… Qui a dit :

De même que je ne voudrais pas être un esclave, je ne voudrais pas être un maître. Telle est ma conception de la démocratie.

Un indice : ici.

La réponse… demain ! Amusez-vous !

LE BIENAIME LEONARD

Et voici  la réponse à l’énigme 25… Qui a écrit :

On ne peut avoir d’empire plus petit, ni d’empire plus grand que celui qu’on a sur soi-même.

C’est Léonard de Vinci. On peut lire ce précepte, et tant d’autres, sur les murs du Clos Lucé, qui fut la dernière demeure de ce sage en France. Pour redécouvrir ce génial inventeur et humaniste plein de sagesse, nous vous invitons à relire notre article : ici.

Etude des proportions du corps humain selon Vitruve, réalisée par Léonard de Vinci vers 1492.
Etude des proportions du corps humain selon Vitruve, réalisée par Léonard de Vinci vers 1492.

Voici maintenant l’énigme 26… Qui est l’auteur de La Tragédie du Roi Christophe ?

Un indice : là.

La réponse… demain ! Amusez-vous !

PRINCIPE ET PRECEPTE

Et voici la réponse à l’énigme 24… Quelle association parisienne lutte depuis quelque temps déjà contre le cancer du sein, en récupérant  de vieux soutifs, entre autres, les recyclant avec originalité et esthétique ?

Il s’agit de Pink Bra Bazaar ! Association qui s’était associée l’année dernière, en 2015, à Coud’Pouce et au Moulin Rose pour l’opération Octobre RoseCette année, l’action continue, avec une nouvelle collecte de soutiens gorges…

Octobre Rose 2016
Octobre Rose 2016

Notre article qui retraçait l’événement : ici.

Pour découvrir et soutenir cette association, la page facebook de Pink Bra Bazaar : ici

Et voici l’énigme 25… Qui a écrit :

On ne peut avoir d’empire plus petit, ni d’empire plus grand que celui qu’on a sur soi-même.

Saint Jean Baptiste, réalisé entre 1513 et 1516.
Saint Jean Baptiste, réalisé entre 1513 et 1516.

Un indice : ici.

La réponse… demain ! Amusez-vous !

DE LA TETE AU SEIN

Et voici la réponse à l’énigme 23… Qui est la réalisatrice de La Tête haute, film sorti en 2015 et réalisé en partie à Dunkerque ?

Il s’agit d’Emmanuelle Bercot. Souvenez-vous, à l’époque, une réplique, hors film, de Catherine Deneuve avait affolé les Dunkerquois et la toile. Et beaucoup avaient boycotté ce film, alors qu’il est d’une vérité et d’une justesse criantes. Sara Forestier et Rod Paradot portent des personnages attachants. Lui, en adolescent rejeté par sa mère, par l’école, par la société. Elle, en mère irresponsable et immature. Notre article sur ce film qui remet en cause les rouages de l’administration face à la détresse humaine : là.

Et voici l’énigme 24… Quelle association parisienne lutte depuis quelque temps déjà contre le cancer du sein, en récupérant  de vieux soutifs, entre autres, les recyclant avec originalité et esthétique ?

soutien gorge recyclés

Un indice : ici.

La réponse… demain ! Amusez-vous !

LANO, LA TETE HAUTE…

Et voici la réponse à l’énigme 22… Quel groupe est composé de trois jeunes voix exceptionnelles, trois sœurs, natives de notre Flandre intérieure ?

Il s’agit de LANO ! Trois voix cristallines. Trois voix enchanteresses. À l’harmonie parfaite. Aux accents folk et blues purs et chauds. Trois toutes jeunes filles au talent prodigieux et prometteur. Si vous ne connaissez pas encore Zoé, Noémie et Luna suivez ce lien : ici.

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Elles seront en concert à l’auditorium de Saint Omer ce vendredi 23 septembre à 20h. Pour en savoir plus, retrouvez l’événement sur Facebook : ici.

Et voici l’énigme 23… Qui est la réalisatrice de La Tête haute, film sorti en 2015 et réalisé en partie à Dunkerque ?

Un indice : là.

La réponse…demain. Amusez-vous!