Le 6 décembre, la plupart des pays du Nord de l’Europe fêteront Saint Nicolas… Alors que dans d’autres régions, on attend plutôt, et avec une impatience non dissimulée, la venue du Père Noël. Beaucoup ne s’embarrassent pas de choix cornéliens et fêtent les deux figures tutélaires de l’enfance, de la famille et de la joie. Et si ces deux figures n’en faisaient qu’une… Portraits croisés…
QUI EST DONC CE NICOLAS SI SAINT ?
Nicolas est né en Lycie, province d’Anatolie. Bout de la Turquie d’aujourd’hui. Il devient évêque de Myre, ville turque, en l’an 300 de notre ère, succédant à son oncle, lui-même évêque. Jusque là, rien d’extraordinaire. Pourquoi est-il donc devenu aussi populaire dans tout le Nord de l’Europe et dans certains pays des Balkans ? Ce qui rend ce personnage extraordinaire, c’est sa personnalité généreuse et déterminée. D’ailleurs, ce sont souvent les personnalités généreuses et déterminées qui entrent dans la légende. Souvenez-vous de l’autre évêque, devenu saint très populaire lui aussi, Martin, fêté le 10 novembre. Nicolas, lui, ne partage pas son manteau avec un indigent. Mais il partage. Et vient en aide à ceux qui sont dans le besoin. L’histoire, puis la légende, retiennent de lui qu’il a donné trois sacs d’or à son voisin, pour qu’il puisse constituer des dots à ses filles, et leur épargner ainsi la prostitution. On dit aussi qu’il sauva de la famine la ville de Myre en persuadant des marins de se délester d’une partie de leur cargaison de grains.
Saint Nicolas sauve 3 condamnés à mort, innocents.
Il sauve aussi trois jeunes gens injustement condamnés à mort. Il sauve des pêcheurs de la noyade. Et dans la légende que tout le monde connaît, il aurait sauvé trois enfants, découpés en morceaux par un méchant boucher et jetés au saloir pendant 7 ans… Ça, c’est la légende que l’on colporte, mais elle symbolise bien les actes de charité accomplis par l’évêque : le sel de la mer, sel de sagesse que diffuse le personnage. Les 3 enfants symbolisent peut-être aussi l’innocence de ces trois condamnés à mort injustement. Il nourrit, il libère, dans tous les sens des termes, ceux qui le côtoient. Et c’est peut-être pour cela qu’il est devenu le patron de beaucoup de corporations (marins et commerçants, entre autres) et des enfants. Des reliques sont conservées. Notamment une phalange, à Saint Nicolas de Port, en Lorraine, où Saint Nicolas est très populaire.
Zwarte Piet, l’alter ego négatif de Sinter Klaas, en Belgique.
Le Père Fouettard qui l’accompagne, et qui punit les bêtises quand lui récompense la sagesse, est une invention plus tardive. Il rappelle le boucher de la légende. On raconte que ce sont les Lorrains qui auraient inventé la figure de son alter ego maléfique, Rubbelz, «Robert à la fourrure», que les Belges appellent Zwarte Piet. Enfin, la monture de l’évêque ajoute encore à l’humilité du personnage : l’âne de Saint Nicolas est aussi célèbre que celui de Jésus ou celui de Saint Martin… Il n’est pas trop tard pour que vos enfants écrivent une lettre à ce saint si populaire : un service de la poste belge leur répondra volontiers… Voici l’adresse : Saint Nicolas, Rue du Paradis no 1, 0612 CIEL…
QUAND SANTA CLAUS DEVIENT PÈRE NOËL
Après la Réforme protestante survenue au XVIe siècle, la fête de Saint Nicolas est abolie dans certains pays européens. Les Hollandais conservent cependant cette ancienne coutume catholique. Au début du XVIIe siècle, des Hollandais émigrent aux États-Unis et fondent une colonie, « Nieuw Amsterdam » qui, en 1664, devient New York. En quelques décennies, cette coutume néerlandaise de fêter la Saint-Nicolas se répand dans ces jeunes États. Pour les Américains, Sinter Klaas devient rapidement Santa Claus. Et on le fête de plus en plus tard, les catholiques du Nouveau Monde associant ce saint préféré des enfants à la fête de Noël. En 1821, un pasteur américain, Clément Clarke Moore écrit un conte de NOËL pour ses enfants. Un personnage sympathique y apparaît, dodu, jovial et souriant… Ainsi naît le Père Noël, dans son traîneau tiré par huit rennes. La mitre de Saint Nicolas devient bonnet, la crosse sucre d’orge. Et l’âne est remplacé par 8 rennes fringants. En 1860, Thomas Nast, illustrateur et caricaturiste au journal new-yorkais Harper’s Illustrated Weekly, revêt Santa-Claus d’un costume rouge, garni de fourrure blanche et rehaussé d’un large ceinturon de cuir. C’est Coca Cola, en 1931, qui popularise la figure du Père Noël, telle que nous la connaissons aujourd’hui, dans une campagne de publicité incitant à consommer sa boisson gazeuse même en hiver…
Coca Cola popularise la figure du Père Noel dans les années 1930…
Saint Nicolas et le Père Noël offrent des cadeaux… Le nôtre ? Cette Cantate pour Saint Nicolas écrite par Benjamin Britten en 1948 pour le centenaire du Lancing College :
Moteur demandé. Ça tourne au son. Ça tourne à l’image. Annonce. Quai du Prélude, séquence 20, plan 1, 1ère. Sileeeennnnce…. Action ! Et ça tourne. Dans tous les sens du terme. Sur le Môle 1. Dans les rues de la Citadelle. Dans les couloirs de l’ULCO – La Piscine. Dans l’espace cabaret aménagé près du bar. Sur la scène. Autour de Félix Létot, le réalisateur, pour poser câbles, combo et autre mandarine. Film noir. Quai de pluie, piano bar et tontons flingueurs. Quai du Prélude… Vous avez raté la projection d’avril. Novembre vous rattrape. Ambiance…
Quai du Prélude, mardi 22 novembre, 20h, La Piscine, Dunkerque.
Régulièrement, l’Atelier culture de l’ULCO, La Piscine, offre la possibilité à des jeunes, et moins jeunes, passionnés de pratiques artistiques de travailler avec des professionnels sur un projet. Danse. Théâtre. Chant. Et cinéma, cette fois, avec Félix Létot, jeune réalisateur, pionnier de XILEF Productions.
Félix Létot, réalisateur.
Félix a réuni une trentaine d’étudiants autour d’un projet de film. QUAI DU PRÉLUDE. Un projet dans sa totalité : écriture du scénario, tournage, montage, mixage. Scénaristes, dialoguistes, décorateurs, accessoiristes, costumiers, preneurs de son, preneurs d’images, intendance… Il en faut, du monde, sur un tournage… On comprend l’importance, et la longueur, du générique. Pierre et JC au son. Pablo, partout où il faut un technicien. Donc partout. Vincent le chef op. Et puis les premiers rôles, tenus par des acteurs professionnels : Maxence Cambron et Christophe Jean. Et tous les autres, amateurs, amoureux, invités dans l’aventure. Conscients de cette chance exceptionnelle d’être dirigés par des pros.
Tournage d’une scène au cabaret, sous la direction de Félix Létot.Pierre, au son.Vincent, le « chef op ».
Amateurs. Des vrais. Des amoureux. De la scène. De la toile. Du jeu. Du voyage devant et derrière la caméra. Entre octobre 2015 et mars 2016, entre écriture du scénario et tournage, ils se sont trouvés et retrouvés pour réaliser ce film : Quai du Prélude. Une production XILEF. Sous la houlette bienveillante, ingénieuse et pédagogue de Félix Létot.
Meurtres, infidélité, trahison, jalousie, fatalisme : voilà pour les ingrédients essentiels au genre. Ajoutez-y un détective privé de second ordre, cynique et blasé, Alan Bogaerd, aliasChristophe Jean, embauché pour une enquête dont les véritables implications lui sont cachées par son commanditaire, Conti, alias Maxence Cambron. Son enquête l’amène à rencontrer une femme fatale qui le manipule et quelques flics dépassés. Le tout dans une ambiance de cabaret, entre piano bar, whisky et numéros à plumes. Et ça donne Quai du Prélude…
Quai du Prélude, Félix Létot, mardi 22 novembre, 20h, La Piscine, Dunkerque.
Le film sera projeté mardi 22 novembre à 20h, à La Piscine, rue du Gouvernement, Dunkerque.
Soleil et ciel bleu. Comme un clin d’œil chaleureux du temps qu’il fait au temps qui passe, pour accomplir le devoir de mémoire. Comme partout en France, la commune de Coudekerque Branche honore, en ce 11 novembre, ses morts. Morts pour la France. Ceux de Douaumont ou Verdun. Morts pour que nous puissions jouir pleinement de notre liberté. Beaucoup d’enfants et de jeunes associés à cette cérémonie. Parce que cent ans après, quand aucun survivant ne peut plus témoigner, transmettre est essentiel.
ADRIAM Charles, AERNOUT Théophile, BASSIMON Georges, BATTEUR Gaston, BECAM Fernand DEMEESTER Auguste, DEMEULEMEESTER Gustave, FONTAINE Maurice, MARTEAU Lucien MERCIER Arsène, VLASSEMAN Albert, WAESELYNCK Lucien, WASTIAUW Gabriel, WATBLED Marcel WEEXSTEEN Robert, WILLAERT Charles …Tous Coudekerquois… Et des dizaines d’autres noms… Voilà ce qui reste de la grande boucherie. Une liste de noms, gravés dans la pierre de nos cimetières.
Monument aux Morts de Coudekerque Branche. Année 1916…
Qui se souvient d’eux ? Leurs descendants savent-ils seulement qu’ils ont existé, qu’ils ont été enfants, qu’ils ont aimé, qu’ils sont partis un jour de grand soleil, la fleur au fusil comme ils disent, et qu’ils ne sont jamais revenus. Jamais. Corps aimés et aimants engloutis par la terre de Verdun ou de Douaumont. Ou d’ailleurs sur l’immense champ de bataille de 14-18, labour des volontés et des enthousiasmes les plus acharnés. Pluie de mitrailles et d’obus. Rats nocturnes effrayants. Jeunesse sacrifiée dans la boue des puissances se partageant un monde en déliquescence. Relisez Dorgelès. Relisez Barbusse. Relisez Céline. Découvrez Au revoir là-haut de Lemaître. Lisez Cris de Gaudé. Ou parcourez simplement les archives de votre commune. Ils prendront alors un peu vie dans votre imagination, ces noms gravés dans la pierre. Elle prendra à nouveau chair, cette chair à canon, peuple d’hommes sacrifiés.
Explosion sur un champ de bataille, 14-18.
Lisez les lettres de ces poilus. À leurs mères. À leurs fiancées. À leurs femmes. À leurs enfants. Comme l’ont fait les filles et les garçons du Conseil Municipal des Jeunes de Coudekerque Branche. Avec le sérieux qui incombait à cette importante tâche.
28 juin 1916. Mon amour. Je t’écris ces lignes, peut-être les dernières, quelques heures avant de monter à l’assaut. Il s’agit de repousser les Allemands, au prix de n’importe quel sacrifice au-delà du village de Fleury (…) Ni ma main, ni mon cœur ne tremble. Tu sais combien je t’aime. Tous les battements de mon cœur sont à toi, ma tendrement chérie, à nos petits, à l’enfant attendu. Je voudrais vivre pour vous tous, mais si je devais tomber, Dieu pourvoirait à votre bonheur. Car je veux qu’ils vivent, mes enfants, pour honorer la mémoire de leur père, pour le continuer, s’il est besoin, à côté de leur petite mère dont ils sècheront les larmes à force de caresses, tous nos petits anges aimés, y compris celui que tu portes en toi, ma douce et tendre enfant. Reçois un baiser ardent, où je fais passer toute mon âme, toute ma puissance d’aimer, de celui qui n’a jamais, auprès de sa chérie, connu que la joie de vivre. Je pars réconforté et confiant (…) Je te confie et je confie nos petits, Jean, Pol, Bernard, celui ou celle qui naîtra demain, au bon Dieu. Et je demande à ma mère, à mes parents, de se souvenir que si ton mari est mort pour la France, celle qui porte son nom a droit à toute la pitié, ou plutôt toute la justice et à tout l’amour des siens. Armand. France.
Les jeunes du CMJ ont lu des textes touchants, lettres et témoignages de 14-18.
Puis le drapeau de la commémoration du 1er conflit mondial fut transmis : d’un jeune du collège La Salle à un jeune du collège du Westhoek. Passation de la flamme. Du souvenir. Et puis les enfants de l’école élémentaire Pagnol ont chanté. La Marseillaise bien sûr. Mais aussi une émouvante chanson qui raconte le quotidien d’un poilu…
Passation du drapeau entre jeunes de deux collèges coudekerquois, sous l’œil attentif de M. David Bailleul.
Ces jeunes-là, engagés dans la vie de leur cité, savent certainement la chance qu’ils ont de vivre dans un pays en paix. Ils savourent leur chance d’aller à l’école, librement, chaque jour. Ils mesurent leur chance de ne pas devoir quitter leur famille, fusil à l’épaule et fleur au fusil, pour aller disparaître corps et âme dans la boue d’un champ de bataille. Ces jeunes-là le savent certainement. Et ils montrent la voie à d’autres. Commémoration, mémoire. Champ mental du souvenir qui, intact, doit aider à envisager l’avenir pour que plus jamais n’existent les champs de bataille.
Ils sont 15 ado. De 11 à 15 ans. Et ils se sont emparés de l’univers de Jacques Tati avec une audace folle. Il faut dire qu’ils sont dirigés par la main expérimentée de Brigitte Mounier, directrice de La Cie des Mers du Nord. Et certains fréquentent l’atelier théâtre de leur professeure, Mme Tricot, depuis leur arrivée en 6ème, au collège. Jules Verne, de Grande Synthe. Pourquoi Jacques Tati ? Parce que la Galerie Robespierre propose jusqu’au 10 novembre une exposition haute en couleurs : Monsieur Hulot s’expose, de David Merveille, illustrateur, qui s’est emparé du petit monde cinématographique de Tati pour réaliser des œuvres uniques. Et c’est dans ce cadre, entre Jour de Fête et Les Vacances de Monsieur Hulot, que les élèves de l’Atelier Scène vont clôturer l’expo. Suivez le guide…
Monsieur Hulot s’expose, David Merveille, Galerie Robespierre, Grande Synthe.
L’EXPO
David Merveille vit à Bruxelles. Il travaille principalement pour l’édition jeunesse, la publicité et la presse. Son univers graphique coloré, emprunt d’insolite et de fantaisie, s’exprime dans de nombreux albums pour enfants édités. Il a commis avec Zidrou, (auteur de l’élève Ducobu), plusieurs titres dont Le Nid (éd. du Rouergue), Sapristi(éd. Mijade) et avec Jean Van Hamme Un si petit Hippopotame(éd. Mijade). Son goût pour le burlesque, l’observation et le souci du détail, le pousse tout naturellement vers l’univers de Jacques Tati, auquel il rend hommage en 2006 en réalisant Le Jacquot de Monsieur Hulot aux éditions du Rouergue, un superbe livre jeunesse sans texte, un petit bijou d’humour et de poésie.
Le Jacquot de M. Hulot, David Merveille.
Ce livre a reçu plusieurs récompenses dont le Prix Québec/Wallonie-Bruxelles 2007. Parallèlement à son travail d’auteur-illustrateur, David Merveille enseigne depuis 1996 à l’Institut St Luc de Bruxelles.Son blog : ici.
Dessins de David Merveille
Ce Bruxellois est un amoureux de l’univers de Tati. De son burlesque. De ces absurdités, entre monde moderne et monde ancien. Entre indifférence froide et chaleur humaine. Tati, qu’on a pu considérer comme le Chaplin ou le Keaton français, a pointé les contradictions de notre monde contemporain. Et a imprimé pour l’éternité la silhouette de ce grand homme au chapeau et à la pipe vissée au coin de la bouche.
Encore Monsieur Hulot…
Monsieur Hulot.
Monsieur Hulot…
Monsieur Hulot, autre profil…
L’univers de Tati est extrêmement sonore. Celui de Merveille est muet : images, traits, couleurs… et pas de mots ! Alors, les élèves de l’Atelier Scène du Collège Jules Verne de Grande Synthe ont décidé de remplir de mots et de bruits, à l’instar du grand Tati, les images de Merveille…
Jacques Tati et « son » Monsieur Hulot…
CECI EST UNE PIPE
Triptyque, cet « objet théâtral » reproduit d’abord la sphère cinématographique de Tati : personnages caricaturaux, chorégraphies gestuelles et sonores, dialogues inspirés de Mon Oncle ou de Jour de fête. La parole se démultiplie ensuite pour rappeler à quel point la bande son des films de Tati est la pierre angulaire de chacun de ses films. Et les apprentis comédiens, bruiteurs et doubleurs le prouvent enfin, dans une démonstration « artisanale » et ludique…
Séance de répétition à la Galerie Robespierre de l’Atelier Scène, octobre 2016.
Pour passer de l’autre côté du miroir, et rencontrer Merveille, Tati et Jules Verne, rendez-vous le jeudi 10 novembre 2016, à 18h30, à La Galerie Robespierre, Place de L’Europe à Grande Synthe.
Les infos…
Entrée libre. Réservation souhaitée au 03 28 28 90 20
Ils sont nés dans de drôles de choux. À la mode de chez eux, on a entre 2 et 25 ans, et on souffre. De toutes sortes de handicaps et des troubles associés. On fréquente un IEM. Ou pas… On est suivi par un service de soins spécialisés. Et on rêve de vivre avec tout le monde. Comme tout le monde. Alors, pour planter là les indifférents ou les cyniques, tous ces jeunes participent à un événement atypique et exceptionnel : un défilé de mode « hors normes », le 21 janvier 2017, à 18h, au Grand Sud, à Lille. Chacun fait as mode. Défilé hors normes. Défilé énorme.
Chacun fait as mode. Un défilé spectacle énorme.
Chacun fait as mode : voyez dans l’inversion du déterminant peut-être un clin d’œil langagier à la touche toute régionale de cet événement… Ce sont en effet des enfants et des jeunes de l’IEM Jules Ferry de Lille et de l’IEM Dabbadie, à Villeneuve d’Ascq ; des enfants et des jeunes des Services d’éducation et de soins spécialisés à domicile, les SESSDJean Grafteaux, Les Près, Marc Sautelet basés à Villeneuve d’Ascq encore ; enfin, des enfants et des jeunes venus de tous les coins des Hauts de France, qui sont sollicités pour créer des costumes et les présenter au public. Être créateur et mannequin d’un jour…
Chacun fait as mode : rendez-vous le 21 janvier…
Pour de rire. Pour jouer. Car le défilé est un prétexte. Pas une handi fashion, comme il en existe déjà, qui présente des vêtements adaptés aux handicaps. Non. Une excuse pour créer un grand spectacle. Et LMAC (Lille Métropole Arts et Culture), avec à sa tête Audrey Boulfroy, et Le Rêve de Norinia, asso présidée par Catherine Faidherbe, organisent cet événement atypique. Bernard Philippe, fondateur de LMAC, est l’homme orchestre du projet. Ils ont fait appel à d’autres partenaires de jeu pour inscrire ce défilé énorme dans un chouette show tout chaud : Michel Picavet, le compagnon acteur de toujours, qui participait déjà dans les années 1980-1990 aux spectacles de cirque montés à l’époque par les jeunes de feu le foyer Jean Grafteaux, initiés par Bernard Santraine. Père fondateur de la culture et des pratiques artistiques comme vecteurs d’intégration et d’épanouissement des personnes en situation de handicap. Autres partenaires de création : La Compagnie théâtrale La Folle Avoine ; Danse qui veut, compagnie de danse handivalide présidée par Cathy Marin ; le Centre Social et Culturel de L’Arbrisseau ; et les Ambassadeurs de la ville de Lille. Et une invitée surprise : Théodora Marais, miss euro région, qui prendra part au défilé…
Etre créateur et mannequin d’un jour…Lille Métropole Arts et Culture, à l’initiative du projet.Le Rêve de Norinia, partenaire du projet.
Et ce projet, chapeauté de main de maître par Bernard Philippe, successeur et disciple de Bernard Santraine, est rendu possible par des mécènes et soutiens qui ont compris l’importance de rendre visibles les différences : les Villes de Lille et de Villeneuve d’Ascq, Don de Soie (association qui recycle les vêtements ; par icile site), la Banque Populaire du Nord, le Crédit Agricole; citons encore les Maisons de Mode (implantées à Lille et à Roubaix autour d’une même ambition : développer la création textile en offrant des services et des lieux dédiés aux jeunes créateurs de mode afin que ceux-ci participent au renouveau textile du Nord ; le site : là) ; et enfin, InformaTif ( École privée de coiffure et d’esthétique ; le site : ici. ).
Etre créateur et mannequin d’un jour…
Et pour vous donner une idée du talent de tous ces jeunes, voici un extrait vidéo qui revient sur les prestations artistiques précédentes :
Chacun as mode. AS, c’est aussi une inversion, comme une traversée du miroir volontaire. Miroir. Qui renvoie une image parfois tellement trompeuse de ce que nous sommes vraiment. Une image qui voudrait coller aux normes imposées par la société. Et c’est justement contre ces normes, dans l’énorme, que ce défilé s’inscrit. Pour faire exploser les canons traditionnels de la mode. Pour que chacun, chacune, non pas « malgré » mais « avec » ses différences, puisse trouver sa place sur le podium. 40 duos, valide-non valide, constitués pour montrer la diversité dans l’harmonie, pour favoriser la mixité sociale et générationnelle, pour répondre aux besoins d’estime de soi et de reconnaissance des personnes en situation de handicap. 40 duos dont s’occupe Annie Fovette, art thérapeute, conceptrice des costumes et associée enthousiaste de Bernard Philippe dans cette aventure. 40 duos dont les images seront immortalisées par des photographes et des vidéastes, dont Virginie Rooses et François Dehaene. 40 duos qui sont la preuve encore, après le succès du précédent spectacle En Piste : les géants tournent de 2015, que l’enthousiasme créatif donnent des ailes à ceux et celles qui ne sont pas nés dans les mêmes choux…
Pourquoi cette popularité de Poutine dans les pays de l’ex Union Soviétique ? Pourquoi même cette nostalgie de Staline ? Les écrits de Soljenitsyne ne font même plus frémir la jeunesse russe d’aujourd’hui… Et les posters de Lénine côtoient ceux du Che dans les chambres des ados du vaste empire déchu… Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de Littérature 2015, outre qu’elle invente un nouveau genre littéraire – la réécriture de témoignages – apporte quelques réponses à cette paradoxale idéologie russe contemporaine…
«Sur les cent millions de personnes qui peuplent la Russie soviétique, nous devons en entraîner derrière nous quatre-vingt-dix millions. Les autres, on ne peut pas discuter avec eux, il faut les anéantir.» Comment la population russe d’aujourd’hui a-t-elle oublié ces paroles de Zinovev, membre du Politburo et Président de l’Internationale communiste dans les années 1920 ? Comment a-t-elle pu oublier le goulag et les monstruosités de près d’un quart de siècle de terreur stalinienne ? La Fin de l’homme rouge, publié en 2013, apporte des réponses… Ou plutôt les hommes et les femmes que l’auteure rencontre et interroge.
La Fin de l’homme rouge, Svetlana Alexievitch (2013)
LA SERVITUDE VOLONTAIRE
La Boétie l’a inventée, l’homme russe l’a expérimentée. Et Svetlana Alexievitch de citer Dostoïevski :
L’homme resté libre n’a pas de réoccupation plus constante ni plus torturante que de trouver au plus vite quelqu’un devant qui s’incliner (…) et à qui remettre ce don de la liberté avec lequel cette malheureuse créature vient au monde. Les Frères Karamazov (1879).
Aujourd’hui, la moitié des jeunes de 19 à 30 ans considèrent Staline comme « un très grand homme politique ». Tout ce qui est soviétique revient à la mode : les cafés soviétiques, le saucisson soviétique, la vodka soviétique. Masochisme ? Voici ce que Svetlana Alexievitch entend dans les cuisines où elle laisse traîner son magnétophone, entre 1991 et 2001 :
Nous parlons tout le temps de la souffrance… C’est notre voie à nous vers la connaissance. Les Occidentaux nous paraissent naïfs parce qu’ils ne souffrent pas comme nous, ils ont des médicaments pour le moindre petit bouton. Alors que nous, nous avons connu les camps, nous avons recouvert la terre de nos cadavres pendant la guerre, nous avons ramassé du combustible à main nue à Tchernobyl. Et maintenant, nous nous retrouvons sur les décombres du socialisme. Comme après la guerre. Nous sommes coriaces, de vrais durs… Et nous avons notre langage à nous… Le langage de la souffrance…
Nostalgie de Staline…
Fatalisme ? Déterminisme de la misère sociale ? Ils se sont retrouvés des milliers, anciens ingénieurs, professeurs d’universités, et autres cerveaux de l’empire soviétique, déclassés avec l’avènement de Gorbatchev et de sa pérestroïka. Avec, à sa suite, Eltsine et la capitalisation des ressources et du marché russe. Avec cette entrée brutale dans le capitalisme sauvage qui marque les années 1990 dans l’ancien monde soviétique. Les témoins qu’interroge Svetlana Alexievitch parlent d’un grand espoir déçu : la foi en un homme nouveau, qui ne connaîtrait plus l’uniformité monotone du communisme et pourrait s’offrir la nourriture et les biens de consommation « exotiques » tant vantés par les fossoyeurs du stalinisme. Il n’en fut rien : les tickets de rationnement et le système D sont le nouveau quotidien de ceux qui se sont pris de plein fouet l’injustice capitaliste. Qui prend le visage soudain d’une mafia toute puissante ou de nouveaux riches à la réussite obscène. Voici un autre témoignage cueilli sur la Place Rouge, en décembre 1997 :
Je suis ouvrier dans le bâtiment. Jusqu’au mois d’août 1991, on a vécu dans un pays, et depuis, on vit dans un autre pays. (…) Qui suis-je ? Un de ces imbéciles qui ont pris la défense d’Eltsine. (…) La Russie, on s’est essuyé les pieds dessus. N’importe qui peut lui taper sur la gueule. On en a fait un dépotoir dans lequel l’Occident se débarrasse de ses vieux vêtements et de ses médicaments périmés. De sa camelote ! Le pouvoir soviétique ? Ce n’était pas idéal, mais c’était mieux que ce qu’on a maintenant. Plus digne. (…) Il n’y avait pas de gens excessivement riches, ni de pauvres, pas de sans abris ni d’enfants des rues… Les vieux pouvaient vivre avec leur retraite, ils ne ramassaient pas les bouteilles vides ni les restes de nourriture dans les poubelles. (…) Bon, qu’est-ce qu’on voulait ? Un socialisme plus doux, plus humain… Et qu’est-ce qu’on a ? Un capitalisme sauvage. Avec des fusillades, des règlements de comptes, pour savoir qui aura un kiosque, qui aura une usine…
Visage de la pauvreté en Russie…
Et encore, cet homme de 87 ans :
Nous avions un grand empire qui allait d’un océan à l’autre, du cercle polaire jusqu’aux tropiques. Où est-il passé ? Il a été vaincu sans bombe. Sans Hiroshima. Il a été vaincu par Sa Majesté le Saucisson ! C’est la bonne bouffe qui a gagné. Et les Mercedes… L’homme n’a plus besoin d’autre chose, il ne faut rien lui proposer de plus, ce n’est pas la peine. Juste du pain et des jeux ! C’est ça, la plus grande découverte du XXème siècle. La réponse à tous les grands humanistes. Et aux rêveurs du Kremlin. (…) Au lieu de la dictature du prolétariat, vous avez la loi de la jungle : dévore les plus faibles que toi, et rampe devant ceux qui sont plus forts.
Regretter la garantie d’une nourriture, d’une santé, d’une éducation et d’un travail assurés, certes… Mais de là à regretter Staline… Peut-être aurait-il fallu un procès de la terreur stalinienne, comme il en fut un de la terreur hitlérienne…
IL AURAIT FALLU UN NUREMBERG DU STALINISME
Qui ne ressentirait de l’effroi en lisant ce témoignage d’un jeune homme de 19 ans :
Je ne m’intéresse pas à la politique. Tout ce cirque ne me concerne pas. Mais j’aime bien Staline.
Imaginez-vous un seul Européen dire ouvertement aujourd’hui : « Mais j’aime bien Hitler » ? Peut-être aurait-il fallu l’équivalent d’un procès de Nuremberg pour les crimes du stalinisme… Pas une seule famille épargnée. Relisez Soljenitsyne. Lisez les témoignages recueillis par Svetlana Alexievitch.
C’est la peur qui m’a poussée à entrer au Parti. Les Bolcheviks de Lénine ont fusillé mon grand-père, et les communistes de Staline ont exterminé mes parents dans les camps de Mordovie (…) Je n’ai jamais aimé Staline. Mon père lui avait pardonné, mais pas moi. (…) Un appartement communautaire banal. Cinq familles qui vivent ensemble, vingt sept personnes. Une seule cuisine et un seul cabinet. Deux voisines sont amies, l’une a une fille de 5 ans, l’autre est célibataire. Dans les appartements communautaires, les gens se surveillaient les uns les autres, c’était courant. Ils s’espionnaient. Ceux qui avaient une pièce de 10 m2 enviaient ceux qui en avaient une de 25. C’est la vie, c’est comme ça… Et voilà qu’une nuit arrive un « corbeau noir », un fourgon cellulaire. La mère de la petite fille est arrêtée. Avant d’être emmenée, elle a le temps de crier à son amie : « Si je ne reviens pas, occupe-toi de ma fille. Ne la mets pas dans un orphelinat ! ». Et la voisine prend l’enfant. On lui attribue une seconde pièce. La fillette l’appelle « maman Ania ». Au bout de 17 ans, la vraie maman revient. Elle baise les mains et les pieds de son amie. (…) Sous Gorbatchev, quand on a ouvert les archives, on a proposé à l’ancienne détenue de consulter son dossier. Elle l’a ouvert : sur le dessus, il y avait une dénonciation. D’une écriture familière… Celle de sa voisine. C’était « maman Ania » qui l’avait dénoncée… Cette femme n’a pas compris. Elle est rentrée chez elle et elle s’est pendue…
Bribes de conversations à propos de la culpabilité et de l’injustice :
Il faut passer en jugement uniquement ceux qui exécutaient, ceux qui torturaient (…) et aussi ceux qui dénonçaient (…) ceux qui prenaient les enfants des « ennemis du peuple » et les envoyaient dans des orphelinats (…) les chauffeurs qui transportaient les gens arrêtés (…) le directeur des chemins de fer qui envoyait vers le Nord des wagons à bestiaux remplis de prisonniers politiques (…)
Aujourd’hui, L’Archipel du goulag ne fait plus frémir…
Dans la Russie post soviétique, les victimes côtoient leurs anciens bourreaux, habitent dans les mêmes immeubles, empruntent les mêmes rues… Comment supporter cela ? Pas de procès, pas de justice, pas de compte à rendre. Tout se passe comme si on avait simplement tourné une page… Et la jeunesse d’aujourd’hui se retrouve sans mémoire…
L’ÉCLATEMENT DE L’EMPIRE ET LE DÉCHAÎNEMENT DE LA BÊTE
À l’injustice, à la grande pauvreté, s’est ajouté l’éclatement territorial de l’empire. Et le déchaînement des haines communautaristes. Les Lettons, les Lituaniens, les Estoniens, les Moldaves, les Arméniens, les Géorgiens, les Azerbaïdjanais, les Ouzbèkes, les Tadjiks, les Tchétchènes avaient appris à vivre ensemble. Ils se sentaient soviétiques avant tout. Quand l’empire se délite, dans les années 1990, les Russes de ces républiques se retrouvent rejetés comme des étrangers, et à Moscou il ne fait plus bon être originaire des provinces lointaines…
1992… Au lieu de la liberté que nous attendions tous, c’est la guerre civile qui a commencé. Les habitants du Kouliab tuaient ceux du Pamir, ceux du Pamir tuaient ceux du Kouliab… (…) Ils prenaient tous leur indépendance. Il y avait des pancartes sur les maisons : « Les Russes, foutez le camp du Tadjikistan ! » (…) Des foules d’hommes armés de barre de fer et de pierres se promenaient dans les rues de la ville… Des gens tout à fait calmes et paisibles s’étaient transformés en assassins. La veille encore, ils n’étaient pas comme ça, ils prenaient tranquillement le thé dans des salons de thé, et maintenant, ils éventraient des femmes avec des barres de fer. (…) J’ai vu un petit garçon russe se faire tuer dans la cour. Personne n’est sorti, tout le monde avait fermé ses fenêtres. (…) Il était allongé, il ne bougeait plus… Ils sont partis. Mais ils sont revenus tout de suite et ils ont continué à lui taper dessus. Des garçons tout jeunes, comme lui…(…)
La haine est partout, entre communautés. À Moscou, il existe une vie souterraine ; dans les sous sols labyrinthiques de la mégalopole vivent des centaines de Tadjiks et d’ Ouzbecks. Ils sont venus travailler à Moscou. Bien souvent sur les chantiers, pour un salaire de misère. Et il ne fait pas bon s’aventurer seul…
Un garçon qui marche dans la rue, un garçon à nous, un Tadjik… Ils l’appellent, il s’approche, et ils le flanquent par terre. Ils le tabassent à coup de batte de base ball (…) Ils le ligotent et le chargent dans le coffre d’une voiture. Ils l’attachent à un arbre dans les bois. On voit que celui qui filme cherche le bon angle. Et on lui coupe la tête. (…) Aujourd’hui, on égorge les Tadjiks, demain ce sera les riches, ou ceux qui prient un autre dieu. La guerre, c’est un loup. Et il est déjà là…
Cimetière de Grozny, Tchétchénie…
Comment conclure ? En invitant à lire et à relire Soljenitsyne bien sûr, mais aussi Svetlana Alexievitch qui se fait l’écho d’une polyphonie russe bouleversante…Que de tragédies dans les mémoires des oubliés de l’empire agonisant ! Quel cynisme de la part des nouvelles classes dirigeantes…!
Un Russe, ça tient sur trois béquilles : « on sait jamais », « on verra bien », et « on s’en sortira toujours ».
L’âme russe, si noble, si pétrie de littérature, se souviendra peut-être de ces mots que Tchékhov fait prononcer à Trofimov dans La Cerisaie: Le voilà le bonheur, le voilà qui arrive. Il s’approche de plus en plus, j’entends déjà ses pas. Et si nous ne le voyons pas, si nous ne le reconnaissons pas, est-ce un malheur ? D’autres le verront !
10 octobre. Journée internationale de lutte contre la peine de mort. L’occasion de nous rappeler quelques figures fondatrices de la lutte. L’occasion de faire un petit tour d’horizon de l’état de cette peine dans la plupart des États.
UN VISIONNAIRE : VICTOR HUGO
C’est sans conteste son combat le plus fervent et le plus long. Toute une vie. Dès l’enfance, il est fortement troublé par le triste spectacle d’un prisonnier conduit à l’échafaud sur une place de Burgos. À l’adolescence, c’est la vision des préparatifs d’un bourreau en place de Grève qui le révolte. Sa lutte d’écrivain commence donc avec la publication d’un premier ouvrage en 1829 : Le denier Jour d’un condamné. Écrit à la première personne, ce récit frappe par l’angoisse qu’il suscite et libère son auteur du sentiment de culpabilité qui l’étreint chaque fois qu’il est confronté à ce douloureux problème. Devant la Chambre des Pairs, où il officie, il s’élève contre « les peines irréparables ».
Claude Gueux et Le dernier Jour d’un condamné, Victor Hugo
Un autre ouvrage important dans la lutte littéraire et politique de Victor Hugo : Claude Gueux, paru en 1834. L’histoire se base sur des faits réels. Claude Gueux, condamné pour avoir volé un pain. Poussé à bout par un surveillant qu’il finit par tuer dans un accès de colère, mû par le sentiment d’injustice. Claude Gueux préfigure le Jean Valjean des Misérables, qui paraîtra presque trente ans plus tard. Et toujours la même certitude qui hante Hugo : c’est la misère qui conduit au crime. La misère sociale. Nous ajouterions aujourd’hui la misère affective, psychologique, culturelle. C’est toujours dans le désert de l’ignorance que pousse le crime. Et l’échafaud.
Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper. Claude Gueux.
BADINTER : UN MINISTRE ÉCLAIRÉ
Est-ce parce que son père est mort déporté au camp de concentration de Sobibor ? Robert Badinter a toujours défendu l’abolition de la peine de mort. Garde des Sceaux de Mitterand de 1981 à 1986, son discours en faveur de l’abolition du 17 septembre 1981, prononcé devant l’Assemblée marque un tournant pour la justice en France.
Il s’agit bien, en définitive, dans l’abolition, d’un choix fondamental, d’une certaine conception de l’homme et de la justice. Ceux qui veulent une justice qui tue, ceux-là sont animés par une double conviction : qu’il existe des hommes totalement coupables, c’est-à-dire des hommes totalement responsables de leurs actes, et qu’il peut y avoir une justice sûre de son infaillibilité au point de dire que celui-là peut vivre et que celui-là doit mourir.
A cet âge de ma vie, l’une et l’autre affirmations me paraissent également erronées. Aussi terribles, aussi odieux que soient leurs actes, il n’est point d’hommes en cette terre dont la culpabilité soit totale et dont il faille pour toujours désespérer totalement. Aussi prudente que soit la justice, aussi mesurés et angoissés que soient les femmes et les hommes qui jugent, la justice demeure humaine, donc faillible. (…)
Parce qu’aucun homme n’est totalement responsable, parce qu’aucune justice ne peut être absolument infaillible, la peine de mort est moralement inacceptable.
Le ministre de la Justice Robert Badinter est assis dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le 17 septembre 1981 à Paris, lors de l’examen de son projet de loi sur l’abolition de la peine de mort. La peine de mort fut définitivement abolie en France le 09 octobre 1981. AFP PHOTO MICHEL CLEMENT
La peine de mort est abolie en France depuis octobre 1981.
TOUR D’HORIZON ENCORE SOMBRE
Lorsqu’Amnesty International a démarré sa campagne mondiale contre la peine de mort il y a 35 ans, le monde comptait une minorité d’États abolitionnistes, au nombre de 16. Aujourd’hui 140 pays sont désormais abolitionnistes en droit ou dans la pratique, et ce sont les États qui s’accrochent à la peine capitale qui sont l’exception. La République Dominicaine vient d’adhérer, le 21 septembre dernier, au traité de l’ONU visant à abolir la peine de mort. Mais combien sont-ils encore à pratiquer cet acte irréversible ?
Affiche de campagne pour l’abolition de la peine de mort d’Amnesty International
Chine. Iran. Irak. Arabie Saoudite. États-Unis d’Amérique. Guinée. Mali. Sierra Leone. 58 pays pratiquent encore actuellement la peine de mort. 23 exécutions aux Étas-Unis en 2015. La dernière en date a eu lieu le 6 octobre dernier au Texas… Et bien d’autres dont vous trouverez la macabre liste sur le site d’Amnesty International et sur celui de La Peine de Mort dans le Monde.
Le 10 octobre est la journée internationale contre la peine de mort.
Peintre, décorateur, auteur, chanteur, musicien. Cet enfant des Huttes de Gravelines est devenu un artiste accompli. Aux multiples talents. Personnage accessible et généreux, il vous raconte son parcours en toute simplicité, lui qui côtoie tant de vedettes du « show biz » ! Gérard Deligny expose quelques unes de ses œuvres à la Médiathèque d’Uxem, du 7 octobre au 26 novembre 2016. Suivez le guide…
LE PEINTRE
Gaufres « La Dunkerquoise », dessin de Gérard Deligny
Je suis sûre que vous connaissez les dessins qui ornent les boîtes de gaufres La Dunkerquoise… Et ce timbre commémoratif figurant le jeune et fringant Belmondo au sommet de son art dans Un Week end à Zuydcoote…
Timbre commémoratif, dessin de Gérard Deligny
Le créateur de ces dessins ? Gérard Deligny. Notre vedette locale. Avec un papa livreur de bière en charrette à cheval et une maman au foyer, le petit Gérard ne semblait pas prédestiné à une carrière d’artiste. Doué pour le dessin. Remarqué par ses institutrices. Exposé sur les murs de la classe ! Aujourd’hui, l’école d’Uxem porte son nom ! Il suit des études d’histoire de l’art à l’université de Lille et cultive ce don du ciel. Ses inspirateurs ? Picasso, Cézanne,Albert Marquet,Bernard Buffet. Après une première exposition dans une galerie du Vieux Lille, le petit étudiant boursier vient côtoyer les géants de l’art à Paris : la galerie de Christiane Vincent, Arches et Toiles à Montmartre, la Galerie Drouant. Rien que ça ! Affilié à la Maison des Artistes, repéré et soutenu par des mécènes de la région, il multiplie alors les expositions. Plus de 80 à travers l’Europe.
Ecole Gérard Deligny à Uxem
L’EXPO
Uxem sous la neige, Gérard Deligny
Tons pastels. Tendresse du regard posé sur les paysages. Tendresse du regard posé sur nos paysages familiers : la plage de Malo, le carnaval, les remparts de Bergues, le Mont Cassel qui prend des airs de Montagne Sainte Victoire… La petite ville d’Uxem, sous la neige ou sous le soleil… Ses douces marines, qui font dire à Annie Cordy, une proche de Gérard, qu’elle retrouve un peu le goût de son enfance…
Elle a 12 ans, et fait preuve d’une grande maturité, déjà, pour son âge. Élève de 6ème au Collège La Salle à Coudekerque Branche, c’est l’année dernière, alors qu’elle était l’élève de M. Brygo au CM2 de l’école élémentaire Joseph Courtois, qu’elle a été élue au CMJ. Conseil Municipal des Jeunes. De Coudekerque Branche. Myrtille et Coleen ont aussi été élues. Mais Angèle, elle, a franchi un cap supplémentaire : elle est adjointe. Responsable de la Commission Cadre de vie et Environnement. Portrait…
Angèle Julien
Qui ne tente rien, n’a rien. Voilà l’adage populaire qui a poussé Angèle Julien à se présenter aux élections pour le CMJ, en novembre 2015. Élections organisées dans toutes les écoles élémentaires de Coudekerque Branche. Ce qui a motivé sa candidature ? La conscience aiguë de la notion d’accessibilité. Pourquoi cette préoccupation des problèmes rencontrés par les personnes handicapées pour se déplacer et vivre comme tout le monde dans l’espace urbain ? Un tremblement de terre familial. Et personnel. Son petit frère, Erwann, 7 ans, est lourdement handicapé. À 7 ans, Erwann est « comme un nouveau né ». Il ne sait pas marcher. Il ne sait pas bouger. Il ne sait pas manger. Bref, il est totalement dépendant pour vivre. Alors que les petits garçons de son âge perfectionnent leur apprentissage de la lecture et de l’écriture, jouent au foot dans les cours de récré, Erwann, lui, se bat pour exister. Et Angèle vit le handicap de son petit frère chaque jour que Dieu que fait. Et chaque jour que Dieu fait, elle assiste au combat de sa maman, Laetitia, pour porter à bout de bras cet enfant qui ne peut rien faire d’autre que vivre.
Angèle et Erwann, son petit frère
Angèle trouve sa maman « bien courageuse de s’occuper de 4 enfants, dont un lourdement handicapé ».On comprend maintenant l’engagement d’Angèle dans la ville de Coudekerque Branche au sein du CMJ. Elle se rend compte que certains établissements ou commerces sont difficilement accessibles pour les personnes en fauteuil. Certains trottoirs même ! Et cette toute jeune fille a à cœur de faciliter l’espace urbain à tous ceux qui ont du mal à se déplacer.
Son regard a d’ailleurs changé. Elle dit elle-même qu’aujourd’hui ses responsabilités, en tant qu’adjointe, lui ouvrent les yeux sur les personnes en difficulté. De l’indifférente petite fille qu’elle était, elle est devenue une adolescente sensible, altruiste et engagée. Et elle regarde aussi d’un autre œil les événements auxquels son mandat lui a permis d’assister. La Journée de la Déportation, le 24 avril dernier. La Commémoration du 8 mai 1945. La Fête Nationale du 14 juillet. Toutes ces manifestations, qu’elle regardait jusque là à la télévision, elle les a vécues en tant qu’élue.Et c’est avec beaucoup de solennité, d’émotion et de respect qu’elle y participe. Se sentant investie, vraiment, de sa mission. Elle tient aussi à participer aux réunions du mercredi après-midi. Maison de quartier du Vieux Coudekerque. Les jeunes élus se rassemblent en commissions. Et sous la houlette et les moustaches bienveillantes de Jean Luc Decreton, responsable de ces Apprentis Citoyens, ils travaillent à un avenir meilleur pour leur ville et ses habitants.
Angèle Julien au centre. Louise Minne, Maire du CMJ à droite. David Bailleul, Maire de Coudekerque Branche à gauche.Les rêves d’Angèle…
Angèle danse, aussi. C’est sa passion depuis deux ans. Et elle a hâte du prochain gala. Angèle regarde la télévision, avec sa maman. Angèle rêve de devenir pâtissière. Elle est imbattable pour les croissants et pour les macarons au bubble gum. Angèle écoute de la musique. Les chanteurs populaires d’aujourd’hui, bien sûr. Mais Renaud aussi. Et ses Mistral gagnant. Comme un goût d’enfance trop vite passée. Comme celle d’Angèle, confrontée aux dures réalités. Comme un goût d’enfance perdue, ou pas vraiment vécue, comme celle de son petit frère…
images 1, 2 et 4 : photographies personnelles d’Angèle Julien.
Voici la réponse à la question 29… Qui a prononcé ces mots :
Ecoute aujourd’hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le Chant du Malheur. C’est la marche funèbre des cendres que voici. A côté de celles de Carnot avec les soldats de l’an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu’elles reposent avec leur long cortège d’ombres défigurées. Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France…
C’est André Malraux qui prononce ces paroles, célèbres pour leur beauté et leur profondeur, le 19 décembre 1964, lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Le document, gardé précieusement par l’INA :
30ème jour… Le mois anniversaire du Mag@zoom se termine. La promenade au cœur des articles s’arrête … mais pas la tâche entreprise : portraits de personnalités qui valent la peine d’être connues, mise en valeur de projets, d’événements, d’associations qui œuvrent pour le bien de l’humanité… La mission du Mag@zoom est loin d’être achevée… Merci pour votre soutien, et à bientôt pour d’autres articles…