60 musiciens, presqu’autant de danseuses, 1 danseur, une cinquantaine de choristes, 10 solistes. Et une petite fille de 6 ans, Emy Allebée, qui tiendra un des rôles principaux : Cosette. Cosette, Jean Valjean, Fantine, les Thénardier, Gavroche, Marius, Éponine… Vous avez deviné de quelle œuvre on parle ? Les Misérables, bien sûr ! Victor Hugo, évidemment. Tout ce petit monde, fréquentant assidûment l’École Municipale de Musique et de Danse de Coudekerque Branche, répète depuis septembre pour présenter la comédie musicale inspirée de ce monument de la littérature française : Misérables ! Et Emy sera Cosette…
Emy, à l’affiche du spectacle Misérables !
Les enfants et leurs professeurs travaillent inlassablement, chaque semaine, pour mettre sur pied une adaptation du spectacle musical digne d’un opéra, créé en 1980 par Robert Hossein et coécrit par Alain Boublil et Claude Michel Schönberg. Depuis sa création, cette comédie musicale a été représentée par 64 compagnies professionnelles dans le monde entier, et jouée à Londres ou à NewYork. Les paroles ont été traduites dans 21 langues et le spectacle représenté dans 38 pays. C’est donc à un morceau de choix que s’est attaquée toute cette petite troupe d’enfants de Coudekerque Branche, sous les houlettes bienveillantes d’adultes enthousiastes. Ludovic Minne, chef d’orchestre, a adapté les prestigieuses partitions. Julie Delvart a imaginé les chorégraphies qui accompagnent les solistes. Sébastien Blanquart dirige la chorale. Marjorie Tricot met en scène, rassemblant toutes les pièces de ce puzzle géant.
Emy et sa maman, Stéphanie, sur la gauche, lors d’une répétition.
Emy, nullement impressionnée par cette foule d’acteurs, de danseurs et de chanteurs en herbe, joue ses partitions au violon dans l’orchestre de jeunes et connaît par chœur ses textes de chansons. Elle au CP, à l’école élémentaire Queneau. Elle aime beaucoup sa maîtresse, Mme Degans. Ce qu’elle préfère à l’école ? Les dictées et le sport. « Il y a des enfants pas sages, nous confie-t-elle. Ils font beaucoup de bêtises et ils disent même des gros mots ». Mais Emy est une enfant sage, attentive, attendrissante, une petite fille émouvante. Un regard malicieux sous une chevelure d’ange. Elle colle parfaitement au rôle de Cosette, personnage emblématique du roman de Victor Hugo, qui incarne à lui-seul l’enfance bafouée. C’est ce qu’a pressenti « Monsieur Minne »,comme elle l’appelle toujours, quand il a repéré ce petit talent l’année dernière lors des examens de violon de l’école de musique.
Emy, un tempérament d’artiste…
Cette année, pour les auditions qui se sont tenues en mars, elle a interprété L’Été, de Vivaldi. Sa professeure, Hélène Jonneskindt, n’était pas peu fière. Et sa maman donc ! Stéphanie, aide à domicile, participe à toutes les répétitions et veille sur les progrès d’Emy. Sébastien, son papa ne peut pas toujours être présent. Il aura une belle surprise les 18 et 19 juin prochains… Surtout que, dans la famille, le grand frère sera aussi sur scène. Paul, élève de la classe de tambours et percussions de Sébastien Courti, et élève de Sébastien Blanquart dans la chorale, participera au spectacle. Quand on interroge la maman, Stéphanie, sur la participations de ses deux enfants à ce beau projet, voilà ce qu’elle dit :
Je suis contente pour tous les deux. Ce que je ressens ? De la fierté, de la joie. Et puis je trouve intéressante cette façon de présenter l’œuvre de Victor Hugo. Les Misérables, tourné autrement. C’est plus accessible, plus vivant.
Quant à Emy, voilà ce qu’elle dit à propos de son rôle, Cosette, et du spectacle :
Cosette, elle est pauvre. Elle aimerait bien avoir une poupée. Fantine, c’est sa maman. Elle est morte et ne peut pas s’occuper d’elle. Alors Cosette vit avec les Thénardier. Et ils sont très méchants… J’aime bien participer à ce spectacle : ça demande de la concentration. Et puis j’aime bien chanter et jouer du violon… Il faut venir voir le spectacle : vous allez vous amuser et vous éclater !
Car il s’agit bien d’un spectacle vivant. Chant, musique, danse. Et les surprises de la mise en scène…
Quand ? Samedi 18 juin, 18h et dimanche 19 juin 16h.
Où ? À l’Espace Jean Vilar de Coudekerque Branche.
Les places sont en vente dès le 9 mai 2016 à l’École Municipale de Musique et de Danse. 2.50 euros.
Réservations : 06 77 07 40 68.
Le Mag@zoom soutient l’événement. Voir notre précédent article sur le sujet : ici.
image 1, l’affiche du spectacle et image 2, photo d’une répétition : prises de vue réalisées par Amandine Plancke, photographe de la ville de Coudekerque Branche.
image 2 : photo personnelle. Merci à Stéphanie Allebée !
24 avril. Journée Nationale du Souvenir des victimes de la Déportation. Ils ont bravé le froid, la pluie, et leur émotion, pour rendre hommage aux déportés et porter la mémoire d’événements qu’ils n’ont pas connus. Entourés de plus anciens, trois jeunes représentants du CMJ de Coudekerque Branche se sont recueillis ce dimanche et ont retracé les grandes lignes du procès de l’horreur, Nuremberg. Retour sur ce moment digne et émouvant.
Stèle à la mémoire des Déportés, Cimetière de Coudekerque Branche.
La Seconde Guerre Mondiale, Goering, les camps de concentration et d’extermination, la cruauté généralisée en empire… Tout ça, ils n’en avaient que vaguement entendu parler. M. Jean Luc Decreton, Coordinateur du Conseil Municipal des Jeunes, les a initiés avec beaucoup de tact et de justesse à ces tristes pages de notre Histoire. Qui ? Les enfants du Conseil Municipal des Jeunes de Coudekerque Branche. De jeunes élus âgés de 8 à 10 ans…
Louise Minne, Maire, au centre. A droite : Angèle Julien, Adjointe. A gauche, Samuel Dumey, 1er Adjoint.
Ils étaient trois ce dimanche. Louise Minne, Maire. Samuel Dumey, Premier Adjoint. Et Angèle Julien, Adjointe. Ils avaient travaillé leur diction, appris à maîtriser leur souffle et leur stress pour lire. Lire une synthèse du déroulement du procès de Nuremberg. Et leurs jeunes voix ont ému l’auditoire présent. Un auditoire concerné. M. Jean-Paul Parent, Adjoint délégué aux affaires scolaires, à la tranquillité publique et aux anciens combattants. Le Capitaine de Vaisseau Gaël Verpiot, Commandant d’Armes de la Marine Nationale de Dunkerque. Les Anciens Combattants. Portant drapeaux et dignité.
Gaël Verpiot, Commandant d’Armes de la Marine Nationale de Dunkerque et Jean Paul Parent, Adjoint aux Anciens Combattants.
Du 20 novembre 1945 au 10 octobre 1946, les plus hauts dignitaires du nazisme comparaissent dans le tribunal de la ville de Nuremberg. Le choix du lieu est lourd de sens : Nuremberg est, dans les années 1930, berceau du nazisme et terreau de la doctrine de l’aryanisme. Le NSDAP ( le parti national socialiste = le parti nazi), la SS (escadron de protection), le SD (service de sécurité) et la Gestapo (police politique) sont reconnus organisations criminelles. 12 condamnés à mort dont Goering, Commandant en chef de la Luftwaffe et ministre de l’Aviation, personnage clé du IIIème Reich. 3 condamnations à la prison à perpétuité dont celle de Rudolf Hess : compagnon influent d’Adolf Hitler dès ses débuts politiques, représentant officiel auprès du parti nazi (chef de la chancellerie du NSDAP) et principal rédacteur des lois de Nuremberg qui fondent le nazisme. D’autres condamnations à des peines de prison longues sont prononcées. Nuremberg invente un chef d’inculpation : le crime contre l’humanité. Voir à ce propos notre précédent article : ici.
C’est ce que nos trois jeunes ont rappelé. Parce qu’il est essentiel de faire savoir qu’il n’ait pas de crime impuni. Parce que la connaissance du passé doit éclairer le présent et orienter l’avenir. Parce que si nous voulons que la paix ne soit plus un mot vide de sens, il faut sans cesse porter haut les valeurs humanistes de respect et de fraternité. Ce message de paix, celui de Gandhi, on le retrouve d’ailleurs sur le parvis de l’Hôtel de Ville :
Si tu veux la paix dans le monde, il faut la paix dans ton pays.
Si tu veux la paix dans ton pays, il faut la paix dans ta région.
Si tu veux la paix dans ta région, il faut la paix dans ta ville.
Si tu veux la paix dans ta ville, il faut la paix dans ta rue.
Si tu veux la paix dans ta rue, il faut la paix dans ta maison.
Si tu veux la paix dans ta maison, il faut la paix dans ton cœur.
Avril. Drôles de printemps. Étranges anniversaires… Génocide arménien : 24 avril 1915. Avril encore, de l’année 1945 : libération de la plupart des camps de concentration. 24 avril : c’est cette date qui est retenue pour honorer la mémoire de ceux qui ne sont jamais revenus. Ou qui en sont revenus, sans jamais vraiment revenir. Les « revenants », comme les appelle Charlotte Delbo, l’une des rares rescapées d’Auschwitz. Avril 1946 : procès de Nuremberg. La notion de « crime contre l’humanité » est inventée. Avril 1961 : procès Eichmann et naissance d’une autre notion : celle de « banalité du mal ». Retour sur ces tragédies que nous lègue l’Histoire…
La une de L’Humanité sur la libération du camp de Lublin en septembre 1944.
Lublin, Dachau, Bergen Belsen, Buchenwald, Auschwitz, Mehlteuer, Matthausen… Triste litanie de noms qui font encore trembler d’effroi aujourd’hui. Triste litanie qu’il faut psalmodier encore et encore, chaque année, dans les classes ou lors des commémorations pour ne pas oublier. Devoir de mémoire. Parce que Charlotte Delbo, Anne Frank, Primo Levi, Etty Hillesum, et tant d’autres doivent être lus. Et connus. Pour sensibiliser les jeunes générations. Leur faire prendre conscience de la « banalité du mal ». Écoutons ces voix d’outre tombe. Etty Hillesum d’abord. De 1941 à 1943, cette jeune hollandaise à peine plus âgé qu’Anne Frank, tient elle aussi un journal. Le 7 septembre 1943, elle est envoyée au camp de transit de Westerbork. Transit. Entre deux. Entre la vie à Amsterdam et une mort certaine à Auschwitz. Elle écrit des lettres bouleversantes depuis ce camp. Voici un passage dans lequel elle raconte comment elle essaie d’apporter son aide aux mamans qui sont programmées avec leurs enfants dans les prochains convois vers la mort. À Westerbork, il y avait une infirmerie, une « nurserie » et un orphelinat… ironie tragique…
Quand je dis : cette nuit j’ai été en enfer, je me demande ce que ce mot exprime pour vous. Je me le suis dit à moi-même au milieu de la nuit, à haute voix, sur le ton d’une constatation objective : Voilà, c’est donc cela l’enfer. Impossible de distinguer entre ceux qui partent et ceux qui restent. Presque tout le monde est levé, les malades s’habillent l’un l’autre. Plusieurs d’entre eux n’ont aucun vêtement, leurs bagages se sont perdus ou ne sont pas encore arrivés. (…) On prépare des biberons de lait à donner aux nourrissons, dont les hurlements lamentables transpercent les murs des baraques. Une jeune mère me dit en s’excusant presque : « D’habitude le petit ne pleure pas, on dirait qu’il sent ce qu’il va se passer. » Elle prend l’enfant, un superbe bébé de 8 mois. (…) La bonne femme au linge mouillé est au bord de la crise de nerf : « Vous ne pourriez pas cacher mon enfant ? Je vous en prie, cachez-le, faites-le pour moi, il a une forte fièvre, comment pourrais-je l’emmener ? Un enfant malade, ils vous l’enlèvent, et on ne le revoit plus jamais. »
Voici un autre texte. De Charlotte Delbo, déportée politique française. Rescapée d’Auschwitz. Elle écrit de nombreux textes sur l’enfer. Celui-ci prend la forme d’une prière. Prière aux vivants :
Vous qui passez bien habillés de tous vos muscles, un vêtement qui vous va bien, qui vous va mal, qui vous va à peu près. Vous qui passez animés d’une vie tumultueuse aux artères et bien collée au squelette, d’un pas alerte sportif lourdaud, rieurs renfrognés, vous êtes beaux, si quelconques, si quelconquement tout le monde, tellement beaux d’être quelconques diversement, avec cette vie qui vous empêche de sentir votre buste qui suit la jambe, votre main au chapeau,votre main sur le cœur,la rotule qui roule doucement au genou… Comment vous pardonner d’être vivants…
Vous qui passez bien habillés de tous vos muscles, comment vous pardonner, ils sont morts tous.
Vous passez et vous buvez aux terrasses, vous êtes heureux, elle vous aime, mauvaise humeur souci d’argent… Comment comment vous pardonner d’être vivants comment comment vous ferez-vous pardonner par ceux-là qui sont morts pour que vous passiez bien habillés de tous vos muscles que vous buviez aux terrasses que vous soyez plus jeunes chaque printemps
Je vous en supplie faites quelque chose, apprenez un pas, une danse, quelque chose qui vous justifie, qui vous donne le droit d’être habillés de votre peau, de votre poil, apprenez à marcher et à rire parce que ce serait trop bête à la fin que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie.
Je reviens d’au-delà de la connaissance il faut maintenant désapprendre je vois bien qu’autrement je ne pourrais plus vivre.
Et puis mieux vaut ne pas y croire à ces histoires de revenants, plus jamais vous ne dormirez si jamais vous les croyez ces spectres revenants, ces revenants qui reviennent sans pouvoir même expliquer comment.
Lisez encore Primo Levi, Si c’est un homme. Lisez, lisez. Regardez aussi, si vous préférez : La Liste de Schindler, Steven Spielberg. La Rafle, Rose Bausch. La Vie est belle, Roberto Benigni. Le Fils de Saül, László Nemes. Elle s’appelait Sarah, Gilles Paquet-Brenner...Et bien d’autres chefs d’œuvre du cinéma qui remplissent leur devoir de mémoire. Et le film de Margarethe von Trotta sur le combat de Hannah Arendt.
Les fours crématoires de Buchenwald.
Banalité du mal. Concept élaboré par Hannah Arendt : ceux qui ont commis ces horreurs ne sont pas des monstres. Ce serait trop facile de penser ainsi. Ce ne sont pas des monstres, ce sont des êtres humains, comme vous et moi, qui ont accompli leur « devoir ». La banalité du mal expliqué ici :
Eichmannest responsable de la logistique de la « solution finale ». Il organise notamment l’identification des victimes de l’extermination raciale, et leur déportation vers les camps de concentration et d’extermination. Eichmann est jugé en Israel à partir d’avril 1961, est condamné à mort et pendu en mai 1962. Il avait échappé à un autre procès presque 20 ans plus tôt. Le procès qui invente le chef d’inculpation de « crime contre l’humanité » : Nuremberg.
Du 20 novembre 1945 au 10 octobre 1946, les plus hauts dignitaires du nazisme comparaissent dans le tribunal de cette ville, qui n’est pas choisie au hasard : berceau du nazisme et terreau de la doctrine de l’aryanisme. Le NSDAP ( le parti national socialiste = le parti nazi), la SS (escadron de protection), le SD (service de sécurité) et la Gestapo (police politique) sont reconnus organisations criminelles. 12 condamnés à mort dont Goering, Commandant en chef de la Luftwaffe et ministre de l’Aviation, personnage clé du IIIème Reich. 3 condamnations à la prison à perpétuité dont celle de Rudolf Hess : compagnon influent d’Adolf Hitler dès ses débuts politiques, représentant officiel auprès du parti nazi (chef de la chancellerie du NSDAP) et principal rédacteur des lois de Nuremberg qui fondent le nazisme. D’autres condamnations à des peines de prison longues sont prononcées. Nuremberg invente un chef d’inculpation : le crime contre l’humanité.
La une du Monde annonce la libération du camp de Bergen Belsen.
Comment le « sens du devoir » peut-il pousser un homme à accomplir les actes les plus cruels à l’encontre de ses semblables ? Un début d’explication avec La Mort est mon métier de Robert Merle : les pseudo-mémoires de Rudolf Höß, rebaptisé Rudolf Lang dans le livre, commandant du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz. Rédigé entre 1950 et 1952, ce récit nous fait comprendre le concept de banalité du mal élaboré pourtant presque 10 plus tard par Hannah Arendt. Voici un extrait de la préface du livre écrite par Robert Merle signée du 27 avril 1972 :
Il y a bien des façons de tourner le dos à la vérité. On peut se refugier dans le racisme et dire : les hommes qui ont fait cela étaient des Allemands. On peut aussi en appeler à la métaphysique et s’écrier avec horreur, comme un prêtre que j’ai connu : « Mais c’est le démon ! Mais c’est le Mal !… ». Je préfère penser, quant à moi, que tout devient possible dans une société dont les actes ne sont plus contrôlés par l’opinion populaire. Dès lors, le meurtre peut bien lui apparaître comme la solution la plus rapide à ses problèmes. Ce qui est affreux et nous donne de l’espèce humaine une opinion désolée, c’est que, pour mener à bien ses desseins, une société de ce type trouve invariablement les instruments zélés de ses crimes. C’est un de ces hommes que j’ai voulu décrire dans La Mort est mon métier. Qu’on ne s’y trompe pas : Rudolf Lang n’était pas un sadique. Le sadisme a fleuri dans les camps de la mort, mais à l’échelon subalterne. Plus haut, il fallait un équipement psychique très différent. Il y eu sous le nazisme des centaines, des milliers, de Rudolf Lang, moraux à l’intérieur de l’immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs « mérites » portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l’impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l’ordre, par respect pour l’Etat. Bref, en homme de devoir : et c’est en cela justement qu’il est monstrueux.
Se méfier du démon de la pureté. Se méfier du sens du devoir qui pousse sur les champs de frustrations, sur les collines de l’orgueil, sur les murs qu’édifie l’individualisme.
Samedi 26 avril 1986. Il y a 30 ans… Le réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl explose, libérant dans l’air un nuage radioactif. Tchernobyl, 100 000 habitants. Ukraine. Voisine de Pripiat. Distante d’une centaine de kilomètres de la capitale Kiev. Samedi 26 avril 1986 : le réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl explose, libérant dans l’air un nuage radioactif. 400 fois plus puissant que la bombe qui a meurtri Hiroshima. Retour sur la catastrophe.
UNE TRAGÉDIE NUCLÉAIRE
La Supplication, Svetlana Alexievitch. Des témoignages poignants…
Ce que nous appelons la centrale de Tchernobyl, est une centrale nucléaire, qui porte le nom de Lénine, installée au bord de la rivière Pripiat, à 15 km environ de la ville de Tchernobyl. Construite entre 1977 et 1983, elle est, à l’époque, l’un des fleurons de l’industrie nucléaire soviétique. Le 26 avril 1986, à 1h23, le réacteur 4 surchauffe et explose. Les pompiers de Pripiat sont appelés en urgence. On leur cache l’origine de l’«incendie» qu’ils sont censés éteindre. Ils ne sont pas protégés contre la radioactivité. Tous mourront dans les 15 jours qui suivront l’intervention. Cette anecdote tragique liée à la catastrophe, c’est Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de Littérature 2015, qui la rapporte, entre autres nombreux récits de témoins, et de survivants, dans un ouvrage bouleversant : La Supplication.
« Ferme les lucarnes et recouche-toi. Il y a un incendie à la centrale. Je serai vite de retour. » Je n’ai pas vu l’explosion… Rien que la flamme. Tout semblait luire… Tout le ciel… Une flamme haute. De la suie. Une horrible chaleur. Et il ne revenait toujours pas. [C’est la femme d’un pompier qui témoigne.] Ils étaient partis comme ils étaient, en chemise, sans leurs tenues en prélart. Personne ne les avait prévenus. On les avait appelés comme pour un incendie ordinaire.
Plusieurs fois dans son récit, recueilli par Svetlana Alexievitch, cette jeune femme répète : « Personne ne parlait de radiation… » Les militaires qui envahissent très vite Pripiat et Tchernobyl, qui encerclent et ferment la zone, portent tous des masques. La population, elle, continue à se promener, à vivre, comme si rien d’anormal ne s’était produit. On se demande comment, et surtout pourquoi, les autorités soviétiques, tardent à évacuer et à informer l’opinion publique. Ce petit film : édifiant, sur les heures qui précèdent et suivent immédiatement la catastrophe …
Il changeait : chaque jour, je rencontrais un être différent… Les brûlures remontaient à la surface… Dans la bouche, sur la langue, les joues… D’abord, ce ne furent que de petits chancres, puis ils s’élargirent… La muqueuse se décollait par couches… (…) « Vous ne devez pas oublier que ce n’est plus votre mari, l’homme aimé, qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination. » (…) La peau des bras et des jambes se fissurait.. Tout le corps se couvrait d’ampoules… Quand il remuait la tête, des touffes de cheveux restaient collées sur l’oreiller.
15 jours. Pour « disparaître ». Par morceaux. Par lambeaux. 4 000 personnes selon l’Organisation Mondiale de la Santé, sont mortes dans les jours qui suivent la catastrophe. Greenpeace estime que 200 000 personnes contracteront ou ont contracté depuis, un cancer…
[Tchernobyl]. Pour la petite Biélorussie de dix millions d’habitants, il s’agissait d’un désastre à l’échelle nationale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, sur la terre biélorusse, les nazis avaient détruit 619 villages et exterminé leur population. A la suite de Tchernobyl, le pays en perdit 485. Soixante-dix d’entre eux sont enterrés pour toujours. La guerre tua un Biélorusse sur quatre ; aujourd’hui, un sur cinq vit dans une région contaminée. Cela concerne 2,1 millions de personnes, dont sept cent mille enfants. Les radiations constituent la principale source de déficit démographique.
UNE TRAGÉDIE SANITAIRE
La Une de Libération : une désinformation évidente…
Et ailleurs ? Dans le reste du monde ? Le nuage ne s’est pas « arrêté à la frontière », comme les journalistes, et certains scientifiques, le martelaient à l’époque. Encore une fois : pourquoi cette désinformation ? Plusieurs semaines plus tard, le président Gorbatchev circonscrit une zone de 30 kms autour de la centrale. La plupart des personnes déplacées avaient déjà été contaminées dans un rayon de 300 kms autour de Tchernobyl… Et le nuage continuait à se déplacer, au gré des vents, dans le monde entier : Biélorussie, Scandinavie, Luxembourg, Belgique, France… Pays Bas, Écosse, Corse, Grèce, Turquie, Tunisie… Finalement, en quelques semaines, le nuage enveloppe tout l’hémisphère Nord. On retrouve des traces de radioactivité à … Hiroshima, située à 7000 kms de Tchernobyl. Cancers de la thyroïde, autres cancers liés à un dysfonctionnement de la thyroïde, malformations congénitales, stérilité… Les conséquences sur la santé sont multiples et ne s’arrêtent pas, elles non plus, « à la frontière ».
Avril 1986 : le voyage du nuage radioactif autour du monde…
Ci-dessous, des extraits d’un document publié en 2006, pour les 20 ans de la catastrophe, par la CRIIRAD(Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité), qui met en lumière l’entreprise de propagande et de désinformation de l’AIEA suite à la catastrophe. La totalité du document est à lire ici.
Dès le mois d’août 1986, l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique) organisait, à son siège de Vienne, une conférence internationale consacrée à l’accident, à ses causes et à ses conséquences. Plus d’une centaine de journalistes étaient présents mais ils n’eurent droit qu’aux conférences de presse : les discussions sensibles eurent lieu à huis-clos. La délégation soviétique avait préparé un rapport détaillé présentant notamment une estimation des conséquences sanitaires de l’accident. Le nombre de cancers mortels radio-induits était évalué à environ 44 000, un chiffre a minima qui ne prenait pas en compte tous les radionucléides et qui se basait sur les facteurs de risque cancérigène de la CIPR 26 qui allait peu après être revus à la hausse (…)La propagande de l’AIEA : Après avoir lu le chapitre “maladies de la thyroïde” dans le rapport OMS, on est plus inquiet que rassuré sur le nombre et le sort des victimes. On est bien loin du bilan vanté et vendu par l’AIEA dans les conférences de presse organisées à Londres, Vienne, Washington et Tokyo. L’objectif de l’Agence n’est pas de fournir au public des informations vérifiées qui lui permettent de réfléchir sur une question difficile mais de le convaincre de tourner la page de Tchernobyl. (…) Des enjeux élevés : Si les incertitudes sur la nature et le niveau des risques sont élevées, il est difficile de demander aux populations de vivre normalement en zone contaminée. Si au contraire, on déclare disposer de réponses définitives, démontrant l’absence de problèmes autres que psychologiques, il n’y a plus aucune raison de ne pas s’engager dans le repeuplement des zones polluées. Le concept de développement durable en zone contaminée, mis au point par le lobby nucléaire français, a un riche avenir devant lui. Ce n’est pas par hasard s’il est au cœur de la stratégie de l’AIEA. Au delà de Tchernobyl, c’est une gestion à moindre coût des prochains accidents qui se met en place. Si le risque radiologique est faible et que les évacuations sont au contraire très traumatisantes, il vaudra mieux laisser surplace les prochaines victimes de pollutions. Ça tombe bien, ça coûte aussi moins cher…
Une exposition avec des photos des « liquidateurs » de Tchernobyl, ces hommes envoyés sur la centrale accidentée pour tenter de contenir la catastrophe, au mépris de la radioactivité.
Depuis, il y a eu Fukushima. Voir notre précédent article à ce sujet : là.Depuis, les gouvernements tergiversent encore sur l’utilité de l’énergie nucléaire. Alors que l’éolien, ou d’autres énergies renouvelables ont montré leur efficacité… À moins que ce ne soit un autre lobby que celui de l’énergie qui entretienne cette « bombe » à retardement : celui de l’armement…
Moteur demandé. Ça tourne au son. Ça tourne à l’image. Annonce. Quai du Prélude, séquence 20, plan 1, 1ère. Sileeeennnnce…. Action ! Et ça tourne. Dans tous les sens du terme. Dans les bureaux. Dans le couloir. Dans l’espace cabaret aménagé près du bar. Sur la scène de La Piscine. Autour de Félix Létot, le réalisateur. Depuis octobre ça tourne. Ça s’active. Ça écrit. Ça prend le son. Ça joue. Ça monte. Et ça sort. Bientôt. Tout bientôt. A vos agendas.
Tournage d’une scène au cabaret, sous la direction de Félix Létot.
POUR L’AMOUR DE L’ART, DU 7ème ART
7 pro du métier. Et presque 40 amateurs.
Bernard et Pascal, deux amateurs amoureux de cinéma.
Des vrais. Des amoureux. De la scène. De la toile. Du jeu. Du voyage devant et derrière la caméra. Entre octobre et mars, entre écriture du scénario et tournage, ils se sont trouvés et retrouvés pour réaliser un film : Quai du Prélude. Une production XILEF. Sous la houlette bienveillante, ingénieuse et pédagogue de Félix Létot, jeune réalisateur lillois.
UN FILM NOIR
Meurtres, infidélité, trahison, jalousie, fatalisme : voilà pour les ingrédients essentiels au genre. Ajoutez-y un détective privé de second ordre, cynique et blasé, Alan Bogaerd, aliasChristophe Jean, embauché pour une enquête dont les véritables implications lui sont cachées par son commanditaire, Conti, alias Maxence Cambron. Son enquête l’amène à rencontrer une femme fatale qui le manipule et quelques flics dépassés. Le tout dans une ambiance de cabaret, entre piano bar, whisky et numéros à plumes. Et ça donne Quai du Prélude…
Maxence Cambron et Christophe Jean.
Le film sera projeté mercredi 27 et jeudi 28 avril à 20h, à La Piscine, rue du Gouvernement, Dunkerque.
Titre d’article qui en dit long sur une colère. Ou une exaspération. Ou un sentiment d’impuissance face à une politique mondiale assujettie aux lois de la finance. Politique occidentale qui ne voit que ses intérêts. Financiers bien évidemment. Au mépris de vies humaines. Au mépris des Droits de l’Homme que ce même Occident veut transmettre de façon universelle aux pays du monde entier. Quel cynisme ! Après les Panama Papers, voici la Brazzaville Terreur. Avec une France à fric complice. On se calme, et on vous explique…
Carte du Congo Brazzaville.Drapeau du Congo Brazzaville.
PRÉSIDENT DIDACTEUR, RETOUR SUR UN COUP D’ÉTAT CONSTITUTIONNEL
Denis Sassou Nguesso, Président du Congo Brazzaville depuis plus de 32 ans maintenant, organise en octobre dernier un référendum pour consulter la population sur une modification de la Constitution du pays. Ceci malgré la mise en garde de la présidente de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, qui avait appelé au respect de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Charte qui interdit les changements constitutionnels à des fins personnelles… La modification est évidemment votée et entérinée, à l’issue de ce suffrage aux allures de mascarade. Et personne ne proteste. Nulle part. Sassou Nguesso fait ainsi sauter les deux verrous lui interdisant de briguer un troisième mandat présidentiel en 2016 : la limite d’âge et celle du nombre des mandats. (relire notre article à ce sujet : ici).
PRÉSIDENT SANGUINAIRE
Les élections présidentielles ont donc eu lieu en mars 2016. Autre mascarade électorale. Sassou est élu, évidemment. Les candidats de l’opposition, comme le Général du peuple, Jean-Marie Michel MOKOKO (originaire du nord comme Sassou-Nguesso), dont la candidature à la présidentielle a rencontré l’adhésion d’une partie importante dans le sud du pays, contestent les résultats. Ils sont nombreux à appeler à des mouvements de «désobéissance civile». Sorte de « Nuit debout » à la congolaise. Sauf que là-bas, Sassou ne plaisante pas. Il fait massacrer toute une partie de la population du sud de Brazzaville. Des scènes de tueries à Pointe Noire aussi. Afin de terroriser la population bien sûr. Afin de créer le chaos dans le pays. Et transformer ces luttes électorales en un véritable conflit Nord Sud au cœur du pays. Voire un conflit ethnique…
Les citadins fuient les quartiers éloignés pour se réfugier dans les campagnes.
Cela ne vous rappelle pas de vieux souvenirs ? Des milices armées jusqu’aux dents, précédées par des hélicoptères (pilotés par des Blancs…) tirent sur tout ce qui bouge. Les populations, hommes femmes, enfants, se réfugient où ils peuvent. Et sont massacrés sur place… Ci-dessous la manifestation de la diaspora congolaise de France à Paris, dimanche 10 avril 2016 :
LA FRANCE À FRIC COMPLICE
Pas d’autoflagellation mal placée. Juste un constat : la République Française a tergiversé longtemps lors du référendum sur la modification de la Constitution. Arguant du « Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », ou quelque chose d’approchant… Quel cynisme… En effet, François Hollande déclarait, félicitant en passant la population du Burkina Faso d’avoir empêché un coup d’État en 2014, qu’il fallait « faire respecter le droit et permettre que l’on empêche de réviser une Constitution, une loi fondamentale pour une convenance personnelle ». Ça, c’était en 2014… Quelques jours avant le référendum d’octobre 2015, en reconnaissant à son homologue congolais « le droit de consulter son peuple », François Hollande s’était attiré les foudres de la presse africaine francophone. Il a rectifié ensuite en disant souhaiter « que les Constitutions soient respectées et que les consultations électorales se tiennent dans des conditions de transparence incontestables ». N’empêche que par son indécision et son manque de courage, la France ne dit rien. Elle ne fait qu’encourager une dictature. Et continue à se servir au passage. Ah si ! elle fait quand même quelque chose : elle met quand même en garde les ressortissants Français du Congo Brazzaville. Voici le communiqué du Quai d’Orsay, daté du 4 avril 2016 :
Après l’incursion cette nuit d’éléments armés au sud de Brazzaville, des opérations sont en cours dans la capitale. A Pointe Noire, des heurts ont actuellement lieu en périphérie de la ville avec la Police. A Brazzaville, il est demandé à tous les ressortissants français de demeurer confinés à leur domicile, en particulier dans les quartiers Sud. Le lycée Saint Exupéry et l’Institut français sont fermés. A Pointe Noire, il est fortement recommandé d’éviter les quartiers périphériques ainsi que les déplacements non indispensables. Il convient de se tenir éloigné des lieux de rassemblement et de garder la plus grande vigilance. Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/congo/
La France a plutôt intérêt à être amie ami avec Sassou. Voici un article, datant de août 2015 publié sur le site de l’Ambassade de France à Brazzaville, sous l’égide du Ministère des Affaires Étrangères :
Les entreprises françaises jouent un rôle de premier plan dans l’économie congolaise. Le groupe pétrolier Total a investi plus de deux milliards d’euros dans les trois dernières années et investira vraisemblablement autant dans les trois prochaines années. Le groupe Bolloré s’est engagé à aménager le terminal conteneurs de Pointe Noire ce qui représente un investissement de 570 millions d’euros. L’ensemble de ces chantiers induisent à leur tour des investissements de fournisseurs et sous-traitants et majorent de 50% les chiffres précédents. (…) la France bénéficie à plein des investissements en cours pour reconstruire le pays et développer ses ressources. Les entreprises françaises disposent de près de 120 implantations dont la moitié sous forme de filiales qui emploient plus d’un millier d’expatriés – dont nombre de double nationaux – en premier lieu à Pointe Noire où réside plus de la moitié d’entre eux. (…) les statistiques internationales (balances des paiements des banques centrales) continuent de placer la France en tête des pays investisseurs (en stock comme en flux). La France demeure également le premier fournisseur du pays. Les exportations françaises ont doublé en quatre ans à 456 millions d’euros en 2009. Elles sont tirées autant par une poignée de grands contrats d’équipement pétroliers ou d’infrastructures, que par de nombreuses petits courants d’affaires. Elles bénéficient de l’antériorité d’une communauté française en croissance, de 5500 personnes. (voir la totalité de l’article ici.)
Le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, et Sassou Nguesso, lors de la COP 21 (en partie financée par le dictateur…)
Et pour achever ce tableau cynique d’une France qui ferme les yeux sur un génocide balbutiant pour continuer son commerce, voici un autre exemple, édifiant aussi, relaté par L’OBS du 30 mars 2016. Anne Gravoin, l’épouse du Premier Ministre Emmanuel Valls, est depuis 2013 à la tête d’un orchestre, l’Alma Chamber Orchestra, qui dit vouloir « diffuser un message de paix et de fraternité« . Il s’est déjà produit au Maghreb, en Afrique du Sud, au Moyen-Orient, et le 8 janvier dernier, à la Philharmonie de Paris. Anne Gravoin en est le premier violon et la directrice artistique. L’OBS révèle les noms de ceux qui ont permis à la presque première dame de se hisser à la tête de cette formation et lui organisent des concerts à travers le monde. On y trouve, entre autres, Jean-Yves Ollivier, figure de la Françafrique, homme de confiance du président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso ; il a aidé à l’organisation de la tournée de l’Alma Chamber Orchestra en Afrique du Sud, en avril 2015. Avec la Fondation Brazzaville, qu’il préside, il a aussi parrainé le concert de l’orchestre à la Philharmonie de Paris. Il a reçu les insignes d’officier de la Légion d’honneur des mains de Manuel Valls en juin 2015, deux mois après la tournée sud-africaine… Un éclairage sur ce personnage, ici.
Jean Yves Ollivier, conseiller de Sassou Nguesso.
On y trouve aussi Ivor Ichikowitz, président de Paramount, le plus important groupe d’armement en Afrique, principal fournisseur d’armes (blindés, avions de combat) de Denis Sassou Nguesso. Sa Fondation Ichikowitz, partenaire de l’Alma Chamber Orchestra, a pris en charge la logistique et la promotion des concerts donnés à Johannesburg, à Durban et à Soweto. Sassou et Mme Valls. Quel étonnant duo… La totalité de l’article publié par L’OBS : là.
Voilà pourquoi tant de colère… Le politique n’est-il donc jamais vertueux ? La complaisance est-elle toujours l’alliée du pouvoir ? Un homme politique peut-il fermer les yeux sur ses intérêts financiers et sur un pouvoir étendu plutôt que de fermer les yeux sur les tragédies dont il se retrouve complice ?
Vous connaissez l’œuvre magistrale de Victor Hugo, Les Misérables. Vous connaissez les personnages qui traversent le roman : Jean Valjean, Cosette, Fantine, Gavroche, les Thénardier…. Vous connaissez tous plus ou moins leur histoire. Mais connaissez-vous le spectacle musical écrit par Claude Michel Schönberg et Alain Boublil en 1980 ? C’est ce spectacle que l’École Municipale de Musique et de Danse de Coudekerque Branche prépare pour juin 2016. Et ça répète, ça répète… Visite du chantier, par ici..
Séance de répétition de Misérables ! à la salle Jean Vilar.
60 musiciens, presqu’autant de danseuses, 1 danseur, une cinquantaine de choristes, 10 solistes. Tout ce petit monde a commencé à répéter dès septembre pour mettre sur pied une adaptation du spectacle musical digne d’un opéra, créé en 1980 par Robert Hossein et coécrit par Alain Boublil et Claude Michel Schönberg. Depuis sa création, cette comédie musicale a été jouée sur les plus belles scènes de Londres ou de New York, a été représentée par 64 compagnies professionnelles dans le monde entier. Les paroles ont été traduites dans 21 langues et le spectacle représenté dans 38 pays. C’est donc à un morceau de choix que s’est attaquée toute cette petite troupe d’enfants de Coudekerque Branche, sous les houlettes bienveillantes d’adultes enthousiastes. Ludovic Minne, chef d’orchestre, a adapté les prestigieuses partitions. Julie Delvart a imaginé les chorégraphies qui accompagnent les solistes. Sébastien Blanquart dirige la chorale. Marjorie Tricot met en scène, rassemblant toutes les pièces de ce puzzle géant. Car les groupes répétaient séparément jusqu’à cette semaine…
Sébastien Blanquart dirige la chorale.
Cette semaine où ils se sont retrouvés sur la scène de ce petit bijou qu’est la salle Jean Vilar. Ils se sont retrouvés pour mettre en place les tableaux les plus complexes. Ceux qui rassemblent le plus. À l’usine de Jean Valjean devenu Monsieur Madeleine. Vous vous souvenez ? Quand Les ouvrières découvrent que Fantine a une enfant qu’elle cache, Cosette, et la renvoient ? Ou dans l’auberge des Thénardier. Vous vous souvenez ? Ces deux tenanciers peu scrupuleux qui exploitent et malmènent la petite Cosette que Fantine leur a confiée ? Ou encore sur les barricades. Vous vous souvenez ? Quand on retrouve tous ces personnages dans le Paris qui gronde de l’année 1832 ? Marius, l’étudiant idéaliste et révolutionnaire en première ligne. Avec le petit Gavroche qui se joue des balles en chantant sa mémorable chanson : « Je suis tombé par terre / C’est la faute à Voltaire… » Avec l’émouvante Éponine qui sacrifie son amour pour Marius et sa vie, pour que Cosette, devenue une belle jeune femme, épouse le bel étudiant. Quelle émotion de retrouver tous ces personnages, incarnés par des enfants, des adolescents et quelques adultes qui prêtent leurs voix à la partition du grand Hugo !
Julie Delvart a imaginé les chorégraphies.Quelques danseuses en répétition.
Et ils chantent la misère des peuples. Car le texte de Victor Hugo, enchanté et réactivé par les textes de Boublil, sonnent avec une étrange actualité.
Pauvreté, chômage, inégalités sociales, sort de la femme, droits de l’enfant, avenir de la jeunesse… Tous ces thèmes nous interpellent encore, plus de 150 ans après la publication du roman.
« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. » Les Misérables, Préface, Victor Hugo, Hauteville-House, 1862.
Dans ce spectacle adapté pour la scène de Jean Vilar, la parole de Victor Hugo et son message humaniste sont portés par les chants, mais aussi par un habillage vidéo projeté. Et on peut saluer le travail d’Amandine Planke, photographe de la ville, qui assemble textes du roman et images pour assurer la cohésion narrative du spectacle.
La chorale en répétition.L’orchestre en répétition.
Vous l’aurez compris : ce projet de l’EMMD de Coudekerque Branche est un véritable défi. Musical. Théâtral. Chorégraphié. Sonore et visuel. Un spectacle complet. Défi pour tous les participants. Défi à notre époque surtout : saura-t-elle entendre le message du visionnaire Hugo porté par toutes ces jeunes et talentueuses voix ? Rendez-vous les 18 et 19 juin…. Et dans d’autres articles pour suivre l’avancement du chantier…
Les photos sont d’Amandine Plancke, photographe de la ville de Coudekerque Branche. Avec son aimable autorisation et son incroyable talent. Qu’elle en soit remerciée !
Vous ne connaissez pas encore Émile ? Émile Liéatoux ? Bienfaiteur de l’humanité…. Ni chef religieux, encore moins politique. Bienfaiteur de l’humanité tout court. Et c’est déjà beaucoup ! Illustre héritier d’une non moins illustre famille d’inventeurs. Après avoir sillonné les rues et les scènes des villes et villages de France, de bas en Hauts et d’est en ouest, Émile pose sa valise, ses inventions, solutions universelles et conseils pour une vie meilleure au Théâtre du Gouvernail, à Paris. La Capitale. Qui frémit déjà d’aise. On vous en dit un peu plus ici…
9 + 7, spectacle d’Emile Liéatoux, bienfaiteur de l’humanité.
INVENTEUR
Vélo rural d’appartement. Ball trap d’intérieur. Grille pain solaire. Kit pour vie trépidante. Dispositif pour randonnées sereines (en deux modèles : luxe et allégé). Téléphérique de table. Et j’en passe. Les inventions d’Émile Liéatoux sont pléthore. Pléthore de rire, bien entendu. Mais trêve de plaisanterie, l’œuvre de ce génial inventeur est destinée à l’humanité tout entière. Et comme le note la préface de l’ouvrage, qui les répertorie et vous présente même les schémas qui vous permettront de construire vous-mêmes ces inventions qui révolutionneront votre existence, le rêve d’Émile Liéatoux est de « faciliter la vie de ses contemporains ».Vie souvent pleine de difficultés, de tracas et de tourments. Et il s’en donne du mal, Émile, pour faciliter le quotidien de ses congénères. Depuis tout petit. Né dans les années 1950 et dans une famille de ferrailleurs, il se passionne pour les inventions de son grand-père, Émile. (Heu… oui, dans la famille Liéatoux, on s’appelle Émile de père en fils, à condition d’avoir l’invention et la générosité dans le sang. Le frère d’Émile, par exemple, ne s’appelle pas Émile car il n’a pas hérité de ce don pour les inventions révolutionnaires et bienfaitrices de l’humanité. Il s’appelle Jacques. Frère Jacques, donc…).
Emile Liéatoux, génial inventeur et bienfaiteur de l’humanité.
CONSEILLEUR
Il perfectionne par exemple une trouvaille géniale de son grand-père : le premier walk man, ou baladeur, de mobylette. Pour écouter la radio en deux roues. Son père suivra les traces du fondateur. Et c’est tout naturellement Émile, troisième génération, qui reprend le flambeau de cette illustre maison. Inventeur. Et conseilleur. Voici quelques uns de ses sages préceptes :
En vacances, essayez de vous ennuyer un maximum : cela vous semblera plus long.
Ne dites jamais « ici » à votre chien tout en marchant.
Ne tondez jamais la pelouse avant de servir des épinards : personne ne croira que c’est une coïncidence.
Émile Liéatoux vous propose des clés pour améliorer votre quotidien et gagner du temps, cette denrée si précieuse. Dans ce recueil. Et sur scène !Un échantillon de sa prestation ici :
ACTEUR
C’est Nicolas Marchand qui se cache derrière Émile Liéatoux. À moins que ce ne soit le contraire…. Formé au théâtre du Prato de Lille, à l’école de mime d’Hervez Luc, à l’école de la vie, des planches et des macadams en tous genres, ce touche à tout a inventé son personnage il y a une bonne dizaine d’années. Personnage né d’une rencontre sur le chemin d’Avignon entre Nicolas Marchand et Patrick Guionnet. Ils coécrivent. Patrick met en scène. Nicolas puise dans sa vie personnelle. Et aussi dans ses modèles : Buster Keaton, Gustave Parking, Grock ou François Rollin. Il se nourrit de jolies rencontres : avec Clara Davoust, philosophe praticienne, qui lui transmet la rigueur du raisonnement et de l’écriture. Avec Karine Lyachenko, comédienne et créatrice de one woman shows « glumour », comparse de Laurent Baffie et de Michèle Bernier. Avec Isabelle Mergault, femme de théâtre et de cinéma qu’on ne présente plus.
Emile Liéatoux, alias Nicolas Marchand. Et vice versa…
Touche à tout. Ou artisan. Membre éminent de la Cie Articho. Nicolas taille, peaufine, lisse autant les tournées d’Émile que ses pensées sur la vie. Elles ont été publiées dans un joli recueil, Toute Vie commence par la faim. Ou les Émois d’Émile, joliment illustré par Adèle Bontoux, plasticienne. Éditions Balivernes de Poulpe. Ces aphorismes ont un temps fleuri sur les murs du métro de Lille. Souvenez-vous :
J’ai planté un nain dans mon jardin. Ça pousse pas vite…
Dès le vendredi je m’habille en dimanche : ça me fait de longs week ends.
L’ascenseur social est en panne. J’ai pris l’escalier, mais c’est plus long…
Toute vie commence par la faim, recueil d’aphorismes illustrés.
Vous l’avez compris : l’univers de Nicolas Marchand est plein de poésie, d’humour, de vérité. Et le grand horloger de cet univers, Émile Liéatoux, vous attend chaque mardi à 19h, du 12 avril au 31 mai au Théâtre du Gouvernail, 5 Passage de Thionville à Paris. 01 48 03 49 92.
Pour aider la petite entreprise d’Émile, cliquezici.
Chaque année au printemps, le Lycée du Noordover de Grande Synthe prend un coup de jeune et s’expose, se projette, se déclame, chante, déambule, titille les fibres artistiques… Bref, c’est le Noordov’Art : la semaine culturelle pendant laquelle les jeunes des options artistiques proposent leurs travaux au public. Visite du chantier ici.
Affiche du Noordov’Art 2016, réalisée par les élèves de l’option arts plastiques.
DES OPTIONS AU TOP !
Ce qui fait la spécificité du lycée du Noordover dans le dunkerquois : ses options artistiques, proposées aux élèves, dès la classe de seconde. C’est 3 heures par semaine. 3 heures de bonheur.
Le théâtre, c’est avec Céline Croquefer. On y apprend la confiance en soi, la maîtrise gestuelle, la maîtrise du souffle et de la parole. Pas besoin d’être fortiche en littérature pour intégrer l’option : être motivé suffit. On y apprend aussi à être spectateur et critique : 6 sorties dans l’année, au Bateau Feu surtout, partenaire du lycée. On fait venir des comédiens aussi, et des spectacles. Cet automne, les lycéens et les ateliers théâtre des collèges environnants ont eu la chance d’applaudir H6 au M2, le « petit format » d’Henry VI de Shakespeare, et de redécouvrir le théâtre de tréteaux.
Représentation de H6M2, par La Piccola Familia.
Le cinéma, c’est avec Sébastien Türk. On regarde des films, on les analyse. On participe à des festivals. Écriture du scénario et des dialogues, tournage, montage, mixage son… Les apprentis réalisateurs s’exercent à ce métier qui s’apparente à un travail de fourmi, où la fantaisie côtoie la plus grande des rigueurs. Ils réalisent des courts métrages. Qui sont projetés parfois au Studio 43, partenaire officiel de l’option. Ils ont par exemple réalisé un clip pour le lancement de la Cô Pinard’s Cup 2016. Évidemment, ils ont réalisé aussi cette petite vidéo de présentation du Noordov’Art 2016 :
Les arts plastiques, c’est Marc Trotignon. Passionné d’arts sous toutes ses formes, il transmet sa passion aux élèves qui expérimentent, photographient, vidéoprojettent, peinturlurent, collent, détournent, réinventent, créent des œuvres ou des espaces d’expo éphémères, et savent argumenter, expliquer le parti pris de leurs créations. Époustouflant ! Là encore, pas besoin de savoir forcément dessiner. On apprend, des techniques. On crée quand on maîtrise ces techniques pour faire exister quelque chose qui plaît, interpelle le regard et la pensée…
Noordov’Art 2015.
La musique, c’est Nicolas Callens. Là aussi on apprend à écouter et à être critique. On apprend aussi à jouer ensemble. Une guitare, un piano, une basse, une flûte traversière, une clarinette, des voix. Et la magie commence. On crée, plus que jamais. Et on part à la rencontre de toutes les musiques. La Philharmonie de Paris. Ou L’ONL, plus près de chez nous.
Nicolas Callens et ses élèves.
DEMANDEZ LE PROGRAMME
Parce que « l’art est simplement la preuve d’une vie pleinement vécue »,Stiv Bators (1990).
mardi 29 mars, à partir de 18h15 : soirée des secondes
mercredi 30 mars, 11h : les lycéens artistes de tous les niveaux présentent un florilège de leurs créations
jeudi 31 mars, à partir de 18h15 : soirée des premières
vendredi 1er avril, à partir de 19h30 : soirée des terminales, et grand spectacle à 20h15 !
Lycée du Noordover, 24 avenue de Suwalski, 59 760 Grande Synthe, 03 28 21 63 60
Mercredi après-midi. À l’heure où certains enfants répètent leurs gammes en école de musique. Ou slaloment entre des cônes de couleur, ballon de foot au pied. Ou s’égayent dans des aires de jeux avec les copains. D’autres, se réunissent et réfléchissent à des solutions pour améliorer la vie de leurs concitoyens. Ils sont élus au Conseil Municipal des Jeunes de Coudekerque Branche. Et sous la houlette bienveillante et la moustache bien gauloise de Jean-Luc Decreton, ils travaillent. Leur 1er Adjoint ? Samuel Dumey. Son portrait, ici…
Samuel Dumey, 1er Adjoint au Conseil Municipal des Jeunes de Coudekerque Branche.
Il a 11 ans depuis peu. Il est élève de CM2 de l’École Brassens. Sa maîtresse, Mme Grumellon, est plutôt gentille me dit-il. Il aime les maths. Le calcul, c’est son point fort. Peut-être un futur adjoint aux Finances de la ville ? Ou à la Culture : il aime la chanson (il ne rate pas The Voice ! ). Il aime la peinture aussi. Surtout celle de Kandinsky. Saint Georges contre le dragon par exemple ? Un peu David contre Goliath. Jeune garçon luttant contre les injustices pour le bien de sa ville. Ça lui ressemble un peu, à Samuel. Avec son regard clair plein de détermination et d’enthousiasme.
Wassily Kandinsky, Saint Georges contre le dragon.
Tient-il cela de ses parents ? Fabrice, commerçant, réparateur, au service des autres… Delphine, éducatrice, au service des enfants…. Peut-être bien une fibre familiale : se rendre utile. L’enthousiasme et l’énergie sont entretenus pas le sport. Le badminton plus précisément. Samuel est un vrai fan. De ses deux frères d’abord, tous les deux champions de bad. Du sport en lui-même : Samuel s’entraîne régulièrement. Et dispute des tournois, au niveau départemental s’il-vous-plaît ! Fan de l’équipe de Badminton de Grande Synthe. Fan de deux icônes aussi : Lee Chong Wei, champion malaisien, et le chinois Dan Lin, champion du monde en titre depuis 2013. Ses yeux pétillent quand il parle de ces deux stars du badminton.
Quand on évoque son engagement pour la ville de Coudekerque Branche, Samuel affirme que cela lui semble naturel. Il s’est présenté aux élections, en novembre 2015, de sa propre initiative. Il a été élu représentant de son école au CMJ, puis 1er adjoint. Notons déjà un certain don tactique et stratégique : J’ai su convaincre les conseillers élus de mon école de voter pour moi. Les élus de son école ? Nicolas Dumetz, adjoint. Et les conseillers : Rose Lutsen, Lucas Boffa, Killian Dequidt, Ilyès Benali. Il dit bien s’entendre avec la Maire du CMJ, Louise Minne. Ils ont des projets et s’investissent dans les 3 commissions : Sports et Loisirs, Solidarité et Citoyenneté, Environnement et Cadre de vie. Comment définit-il la Liberté, l’Égalité, la Fraternité et la Laïcité ?
La Liberté, c’est ce qu’on peut faire, mais dans le respect de la liberté des autres. On ne peut pas faire ce qu’on veut… Tous les gens ont les mêmes droits : c’est ça l’Égalité. La Fraternité, c’est se considérer les uns et les autres comme frères et sœurs. La Laïcité, c’est ne pas se moquer des gens qui sont différents, qui n’ont pas la même couleur, la même religion. Et c’est ne pas mettre en avant une religion.
Samuel, 1er Adjoint, une belle âme d’enfant au CMJ.